Le procès de cinq rugbymen s'est ouvert ce lundi 2 décembre devant la cour d'Assises de Bordeaux. Ils sont accusés de viol en réunion et de non-empêchement de crime. À la demande de la victime, un huis clos total a été accordé.
Denis Coulon est arrivé ce 2 décembre devant les assises de Bordeaux, s'appuyant sur une béquille. Il y a six mois, son absence devant cette même cour avait entraîné le report du procès, initialement prévu le 17 juin. Cinq jours plus tôt, en cette fin de printemps, l'ex-rugbyman irlandais, s'était grièvement blessé dans un accident de voiture. Denis Coulson étant l'un des principaux accusés, le procès pour un viol en réunion et non-empêchement de crime avait été ajourné.
Accusation de viol en réunion
Ce 2 décembre, le trentenaire se retrouve à la barre, sept ans après le dépôt d'une plainte pour viol en réunion. Il répond à la présidente Marie-Noëlle Billaud, se présentant comme manager d'un site de construction. Ses coaccusés, le Néo-Zélandais Rory Grice, 34 ans, et le Français Loïck Jammes, 30 ans, expliquent évoluer toujours dans le rugby : le premier à Oyonnax, le second à Aix-en-Provence.
A leurs côtés, l'Irlandais Chris Farrell et le Néo-Zélandais Dylan Hayes, âgés respectivement de 31 et 40 ans, répondent, eux, de non-empêchement de crime. Quatre des cinq accusés étant anglophones, quatre traductrices sont présentes pour les débats. Seul Farrel, qui joue lui aussi à Oyonnax, fera l'effort de se présenter en français. Dylan Hayes, explique, quant à lui, être sans emploi.
La victime, une étudiante de 21 ans au moment de faits, avait rencontré les joueurs au cours d'une soirée très arrosée dans une discothèque bordelaise le 12 mars 2017. Elle se réveillera au petit matin, nue, entourée de deux hommes nus, et d'autres portant leurs vêtements. L'enquête révèlera qu'elle a suivi Denis Coulson en sortant de boîte de nuit jusqu'à un hôtel de Mérignac, dans un état d'ébriété très avancé.
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"Ma cliente n'était pas en état de consentir"
L'alcool et la question du consentement seront au cœur des débats. "Il semblerait que ce qui va être plaidé, c'est le fait qu'ils ne pouvaient pas savoir qu'elle n'était pas consentante", relève Me Gaessy Gros, un des autres avocats de la plaignante. Il y a des vidéos de l'arrivée de l'hôtel où on voit que ma cliente n'était pas en état de consentir. Ces messieurs-là étaient avec elle, ils l'ont portée, et le savaient pertinemment."
Quand on nous parle du consentement, je pense qu'en réalité, on cherche un moyen pour se déresponsabiliser. Le silence ne vaut pas un consentement.
Me Gaessy GrosAvocat de la partie civile
Huis clos total
Quelques instants avant l'ouverture du procès, Me Gaessy Gros décrivait une cliente "en proie à des sentiments contradictoires", "déterminée", et qui subit "la crainte de faire face à ses agresseurs, de voir sa vie dévoilée et de revivre une nouvelle fois ce qu'elle a déjà vécu".
La demande de huis clos total, formulée par la victime, a été accordée. Une nécessité "pour la sérénité des débats", estime Me Gros. Ma cliente n'est pas capable de supporter les dérives que peuvent engendrer des débats ouverts. C'est un choix qui est tout à fait honorable, qui doit se respecter".
Pour la défense, ce choix du huis clos total manque de cohérence, "sachant que la défense a médiatisé l'affaire", note Me Jean-Philippe Luciani, avocat de Loïck Jammes.
"Pour eux, elle était parfaitement consentante, elle était active et a participé activement à toutes les relations sexuelles, ajoute Me Corinne Dreyfus Schmitt, avocate de la défense. Ils ont filmé et ce film est très évocateur et je pense que c'est pour ça que ça dérange un peu la partie civile".
Vous verrez que le comportement de cette jeune femme est pour le moins ambigu.
Me Corinne Dreyfus SchmittAvocate de la défense
Le verdict est attendu vendredi 13 décembre. Les trois principaux accusés encourent jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.