Le maire écologiste de Bègles, dans la métropole bordelaise, a dévoilé son plan pour tester la légalisation du cannabis. Clément Rossignol-Puech, qui espère mieux encadrer sa consommation, souhaite présenter son projet au président de la République d’ici l’été.
Il travaille sur le sujet depuis un an avec des habitants et des scientifiques. Clément Rossignol-Puech, le maire écologiste de cette commune de 30 000 résidents de l’agglomération de Bordeaux en est persuadé : encadrer la légalisation du cannabis permettra de diminuer la consommation.
L’édile vient de dévoiler son plan à ses administrés alors qu’en Allemagne, les fumeurs adultes peuvent, depuis le 1er avril, cultiver et allumer leurs joints en toute légalité.
Notre objectif n’est pas de faire de Bègles l’Amsterdam à la française
Clément Rossignol-PuechMaire de Bègles
L’expérimentation girondine, si elle doit voir le jour, prévoit de faire appel à 100 volontaires, uniquement des Bèglais. Les personnes devront être majeures et consommatrices de cannabis.
Un prix inférieur à celui du marché
Toutes auront la possibilité de s’approvisionner dans un lieu de vente à l’abri des regards, à un prix inférieur à celui du marché. Ils pourront le consommer chez eux ou sur place, mais pas dans l’espace public. "On ne pourra pas conduire. On délivrera des tests salivaires ", ajoute Clément Rossignol Puech
Les consommateurs seront suivis et accompagnés pendant cinq ans par des équipes médicales et scientifiques. Un projet qui séduit Gildas venu assister à la réunion publique. "Je ne ressens pas spécialement de besoin d’être accompagné dans ma pratique, mais je trouve intéressant de pouvoir me procurer du cannabis, y avoir recours légalement plutôt qu’au marché noir.
Ce natif de Bègles ne serait pas contre l’idée de faire partie du panel. "C'est bien de faire avancer la société sur ce genre de sujet. On voit bien que toutes les politiques de répression qui ont été menées depuis des années ne fonctionnent pas !"
Savoir que je peux le consommer sans être inquiété et me demander si je ne vais pas être arrêté par la maréchaussée est important !
GildasConsommateur de cannabis
Françoise est plus âgée. Elle n’est pas consommatrice. C'est la deuxième fois qu'elle vient à la réunion proposée par la commune. Elle partage le même avis que son voisin. "On voit bien que les lignes bougent sur toute l’Europe et que notre système ne fonctionne pas". Elle aussi habite la ville. Si elle n’est pas confrontée aux réseaux et aux point de deals, elle estime qu’il est temps de trouver une solution.
"Tous les Béglais savent où cela se passe et surtout à chaque fois qu’il y a un démantèlement, ça recommence après. Je ne vis pas au cœur de cela, je ne suis pas impactée, mais c’est un vrai problème !"
Production en circuit court
Pour le maire, la mise à disposition de produits contrôlés pourrait permettre de réduire les risques. Pour cela, il a imaginé un lieu de culture de 600 mètres carrés.
Cette production en circuit court est primordiale pour la sociologue Sarah Perrin, alors que l’on trouve sur les marchés noirs des dosages en THC de plus en plus élevés. La spécialiste, qui a participé a l’élaboration du projet, fait un parallèle avec le Canada ou la légalisation est en place depuis 2018. "Aujourd’hui, seulement 3 % du cannabis consommé viendrait du trafic".
Clément Rossignol-Puech, estime qu'il s’agit avant tout d’un enjeu de santé publique. Selon lui, cette expérimentation à petite échelle "n’aura pas d'impact significatif sur le trafic de cannabis, mais une légalisation nationale pourrait, elle, avoir des effets importants".
D'après l'Observatoire français des drogues, le marché français du cannabis est un des plus importants en Europe, en termes de consommation comme de chiffre d'affaires. On compte 5 millions d'usagers dans l'année en France, sur 22 millions dans l'Union européenne.
Le maire de Bègles espère convaincre le président de la République et le gouvernement d'ici à l'été. En cas de feu vert, l’expérimentation pourrait voir le jour en 2026.