Depuis 5h30 ce 13 mai, une cinquantaine d'agents de sûreté nucléaire, en grève, bloque les accès à la centrale de Blaye en Gironde. Un barrage filtrant pour réclamer une revalorisation salariale qu'ils réclament depuis un an et demi, argumentant de leurs missions sensibles.
À 8h30, "on était déjà à 12 kilomètres de bouchons jusque dans le centre de Braud-et-saint-Louis". D'après Cédric Joré, délégué CGT de la société SERIS Security, ils sont 62 agents ce matin devant les portes de la centrale sur la centaine d'agents de sûreté nucléaire que compte le site.
Ils annoncent une grève illimitée, "perlée" car ils sont nombreux à s'être mobilisés ce premier jour. "Les agents vont faire 3-4 heures de grève, puis ils reprennent le service. D'autres agents vont faire 3-4 heures de grève à leur tour etc... afin de maintenir le mouvement".
"À peine au-dessus du SMIC"
Le délégué syndical explique que leurs revendications ne sont pas nouvelles et avaient fait l'objet d'une grève précédente, 18 mois plus tôt. "Notre direction devait revenir vers nous... Depuis un an et demi il n'y a rien eu !"
Ils réclament une revalorisation du coefficient salarial. Le salaire d'un agent est "8 centimes au-dessus du SMIC. En général, on est payé 1400 euros par mois". Les revendications portent également sur la prime panier. "Nous n'avons que 4 euros de prime panier par jour (repas, ndlr). Ce qui est très peu contrairement au BTP où ils sont à 20 euros par jour, par exemple..."
Une revalorisation permettrait de remettre en perspective leur "savoir-faire spécifique", mais aussi une certaine "mise en danger de notre santé".
Les agents grévistes estiment que leurs missions, leur formation spécifique, font d'eux des agents spécialisés qui devraient être distingués par rapport aux agents de sécurité classiques. "Nous avons des habilitations en radiologie, pour tout ce qui est radioactivité. Nous effectuons des missions en zone contrôlée. Contrairement à un agent de sécurité "de base", en magasin notamment, on met, entre guillemets, un peu notre santé au service de la prestation. Pour le même prix..."
Une distinction qui n'a plus cours selon le syndicaliste. "Dans la sécurité privée, un agent de sécurité est au coefficient 130. Un agent de sécurité nucléaire à 150 : donc deux crans au-dessus". Mais face au manque d'agent de sécurité, notamment dans le contexte des jeux olympiques, ces derniers ont obtenu une revalorisation à 150. Ce qui fait que l'agent de sûreté nucléaire n'a aucun bénéfice financier.
En milieu de matinée, une bonne partie des 2000 salariés de la centrale n'avait pas encore pu accéder à leur lieu de travail. L'occasion pour les grévistes d'échanger sur leurs conditions de travail.
Comme ont pu le constater Vivien Roussel et Dominique Mazères.
Des compétences atypiques
Cédric Joré et ses collègues racontent également des missions difficiles : "On peut rester douze heures au soleil sur un poste fixe, comme huit heures en zone contrôlée où on est en combinaison blanche, on ne peut ni sortir, ni boire, ni manger..." Il décrit aussi des équipements spécifiques et des contraintes, "pas d'objets personnels, des protocoles, etc..."
Depuis 5h30 ce lundi 13 mai, les agents ont instauré le blocage filtrant des accès. Ils espèrent une réaction de leur direction pour une véritable négociation.