Après avoir indiqué que les rats étaient "indispensables" et que leur éradication serait "contre-productive", la municipalité écologiste de Bordeaux, attaquée par l'opposition sur la prolifération des rats, affirme que la population des rongeurs est constante et qu'elle traite le problème.
C'est une petite phrase dans la presse d'un élu bordelais qui a surpris bon nombre de Bordelais jeudi 1er décembre.
Interrogé par le Figaro sur la présence des rats dans le centre de Bordeaux, Jean-Baptiste Thony, conseiller municipal délégué à la propreté répond que "les rats sont indispensables dans les villes" et que sans eux, "les égouts se boucheraient quasi instantanément."
L'élu ajoute "qu'exterminer les rats serait contre-productif pour la salubrité en ville" car cela pourrait causer "des difficultés sanitaires par la suite".
Le conseiller municipal précise cependant que les rongeurs posent problème lorsqu'ils remontent à la surface. Dans ce même article, l'opposition municipale dénonce une "inaction en la matière" de la municipalité écologiste.
Il est clair que les rats ne se sont pas développés dans la ville portuaire avec l'arrivée du nouveau maire Pierre Hurmic en juillet 2020. Mais leur population a-t-elle augmenté depuis lors ?
Prolifération
Le 11 novembre dernier, un Bordelais a ainsi posté une courte vidéo sur un réseau social populaire où l'on voit une dizaine de rats dévorer des aliments dans un sac d'ordures ménagères éventré à même le sol, rue Leupold, à deux pas de la place de la Bourse, dans le centre historique du port de la Lune.
Ce vendredi 2 décembre, pas de présence de rongeurs dans la petite rue étroite et on constate que des riverains prennent quelques libertés à poser des sacs d'ordures sur le trottoir, car les poubelles sont pleines.
"C'est infernal ici !" s'écrit cette riveraine croisée dans la rue. "Je vis là depuis 10 ans et il y a toujours des rats. Dans la rue, ils nous regardent et n'ont pas peur !".
"Ils ont toujours été là" ajoute ce voisin. "Il y a beaucoup de restaurants ici et ils sont attirés par la nourriture".
Population de rats
Contactée ce vendredi 2 décembre, la ville de Bordeaux, par la voix de Sophie Lescure, cheffe du service santé et environnement, explique que "la population des rats est relativement constante depuis plusieurs années et elle est importante et non négligeable. On la quantifie à 1,5 rats par habitant". Ce qui ferait plus de 375 000 rongeurs dans la cité.
Les humains et les rats doivent vivre ensemble. Cela dit, il n'est pas admissible que la population soit trop nombreuse et intègre des logements. Donc on traite. Le service anti-nuisible de la ville intervient un millier de fois par an déjà.
Sophie Lescure - cheffe du service santé et environnement, ville de Bordeauxfrance 3 Aquitaine
Les sociétés privées de dératisation se frottent les mains à Bordeaux depuis plusieurs années. Arnaud Tajouri a créé sa société "eradiktou" il y a quatre ans.
"Les demandes d'intervention sont en hausse, entre 10 et 15 par jour. Mais il faut dire qu'il y a de plus en plus d'habitants à Bordeaux et donc aussi de déchets. Tout le monde doit faire des efforts pour ne pas laisser de déchets sur les trottoirs" dit-il en ajoutant "que les rats sont aussi bien utiles pour nettoyer les égouts".
Ils prolifèrent bien dans la ville et il faut savoir qu'ils font des portées toutes les trois semaines à un mois et demi.
Arnaud Tajouri, dératiseurFrance 3 Aquitaine
Hamid, patron de "sérénité nuisibles" multiplie les interventions depuis septembre. "Quand il fait un peu plus frais, ils cherchent de quoi se réchauffer et vont dans les bâtiments".
Le centre-ville de Bordeaux n'a pas le monopole des rats dans la rue. Les sociétés de dératisation interviennent aussi bien dans l'hyper-centre qu'à Caudéran, au Bouscat, à Talence ou à Bègles.
Contacté ce vendredi, Guillaume Chaban-Delmas, conseiller municipal d'opposition demande à la métropole de revoir le ramassage des déchets : "la pose de poubelles hermétiques et de conteneurs permettrait aux riverains d'arrêter de déposer leurs sacs par terre. Et il faudrait que le ramassage soit fait dans le centre plutôt en fin de journée que le matin".
La ville de Bordeaux, pour sa part, explique avoir mené trois "opérations chocs" de dératisation cette année avec des pièges mécaniques ou chimiques aux Aubiers, au Grand-Parc et à la Benauge. D'autres sont bientôt prévues dans le centre-ville.