Infirmiers, aide-soignants, administratifs ont manifesté ce mardi 29 octobre à Bayonne et à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Les agents des hôpitaux publics disent "non" à toute nouvelle restriction budgétaire que risquerait d'imposer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce projet de loi est examiné depuis lundi à l'Assemblée nationale.
"Nous sommes très inquiets" confie Sandrine Barradat. Cette aide-soignante employée depuis plus de vingt ans au centre hospitalier de Pau, déléguée CGT, redoute "un vote qui risque encore de faire baisser nos moyens pour l'année à venir".
Faire pression sur les députés
Les députés examinent depuis lundi 28 octobre et jusqu'à fin décembre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 20 25). Malgré le contexte de crise budgétaire, les syndicats refusent de voir le budget alloué à l'hôpital public diminuer. D'où cet appel à la mobilisation, ce mardi, dans l'espoir de faire pression sur les élus.
"Le Ségur de la santé n'a pas suffisamment porté ses fruits" explique Gilbert Mouden, infirmier anesthésiste au CHU de Bordeaux et représentant du syndicat Sud-Santé. "Le personnel est toujours aussi épuisé, il travaille en sous-effectif et l'hôpital ne tient que grâce aux heures supplémentaires. La crise est toujours là.
On parle beaucoup des problèmes aux urgences, mais tous les services sont impactés.
Gilbert Mouden,représentant sud-Santé CHU Pellegrin Bordeaux
Des économies déjà mises en œuvre
"On va bientôt devoir tester le "mode dégradé" à l'hôpital de Pau", se désole Sandrine Barradat. "La direction a fait passer une note à l'ensemble du personnel pour expliquer comment se passerait désormais la gestion d'un absent dans un service".
La déléguée CGT explique que le remplacement des agents ne sera plus systématique. "Ce sera en fonction de la charge de soins. Mais la charge est déjà extrêmement forte, même avec un personnel au complet ! " dénonce-t-elle.
C'est dramatique, on va dégrader les soins et potentiellement mettre en danger les patients.
Sandrine Barradat,déléguée syndicale CGT hôpital de Pau (Pyrénées-Atlantiques)
Même colère à Bordeaux où les agents craignent des externalisations de services en masse dans un objectif d'économies. "Le bio-nettoyage est déjà externalisé chez nous, on pense que nos ateliers, nos services techniques le seront aussi bientôt" affirme Gilbert Mouden qui se dit inquiet pour l'entretien des bâtiments d'un des "hôpitaux les plus vétustes de France".
Venir travailler malade ?
Autre point sensible : l'annonce de l'augmentation des jours de carence en cas d'arrêt maladie. Le ministre du Budget veut aligner les agents du public sur les salariés du secteur privé. Ils n'auraient plus une seule, mais trois journées de carence, non rémunérées. Une économie évaluée à 289 millions d'euros pour l'État qui compte aussi diminuer l'indemnisation des congés maladie à 90% au lieu des 100% actuels (économie estimée : 900 millions).
"Que vont faire les agents à votre avis ? Ils vont venir travailler malades. Ils le font déjà avec un seul jour de carence. Ils vont retarder la prise en charge de leur maladie et risquer de contaminer les patients" fulmine le délégué Sud-santé bordelais. "Et imaginez, avec la retraite à 64 ans, ça va être compliqué de tenir la barre".
"Nos agents vont craquer" prévient Sandrine Barradat qui rappelle qu'ils sont déjà nombreux à quitter le secteur public.
La grogne pourrait bien monter en puissance ces prochaines semaines avec le dépôt d'un préavis de grève reconductible à partir du 4 novembre. Il court jusqu'au 21 décembre, le temps de l'examen du PLFSS à l'Assemblée Nationale.