Gironde : des associations réclament l'arrêt des pesticides qui pourraient contribuer à la propagation du coronavirus

Dans une lettre adressée ce vendredi à Fabienne Buccio, les associations (CIMP et AAT) demandent à la préfète de la Gironde de "suspendre les pulvérisations de pesticides de synthèse afin de réduire les risques de propagation du Coronavirus". Réponse négative de la préfecture.

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Fabienne Buccio, préfète de Région Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, a réagi ce vendredi midi en marge de sa conférence de presse dans le contexte de l'épidémie de covid-19 en Nouvelle Aquitaine.
C'est "non', elle n'interdira pas les épandages de pesticides menés par les exploitants agricole, dans le respect des nouvelles dispositions notamment concernant les distances  (janvier 2020).

Le Collectif Infos Médoc Pesticides (CIMP) et Alerte Aux Toxiques (AAT) s'appuyaient pour cette demande, sur les observations d'une étude italienne se référant à plusieurs infections dans le monde, dont la grippe aviaire (en 2010 en Asie) dont la propagation a pu être aggravée par la pollution atmosphérique.

Cette étude signée par douze chercheurs des universités de Bologne, Bari, Milan et Trieste (publiée par la Société italienne de médecine environnementale) propose également "une première analyse sur la situation du covid-19 en Italie" qui montrerait l'effet "booster" d'une certaine pollution (des particules fines dites PM10) sur les cas de covid-19 et éventuellement que ces nuages polluants pourraient être porteurs voire vecteurs de la maladies...

Contre les pesticides


Même si, pour Valérie Murat, c'est le même combat qui se poursuit contre l'usage des pesticides, elle explique la démarche actuelle qui consiste à demander une suspension de ces épandanges en temps d'épidémie de covid-19. 

C'est quelque chose qu'on soupçonne depuis longtemps. A chaque période d'épandages, les gens qui ont des problèmes respiratoires, les asthmatiques le vivent très mal ... Et que cela permette en plus une propagation du virus... Regardez, la Lombardie est une région agricole, ce n'est sans doute pas par hasard...

Elle indique également qu'elle suivra tout particulièrement les prélèvements effectués par ATMO depuis le confinement qui montreront, selon elle, (et si les épandanges de pesticides se poursuivent), que les substances toxiques vont bien plus loin que ce qu'on veut croire.

Dans cette lettre, les associations expliquent :

En janvier 2020, ATMO-NA a mis en évidence que les substances actives retrouvées dans des prélèvements réalisés dans le Nord du Médoc à St-Estèphe étaient aussi retrouvées à des taux très élevés dans les prélèvements réalisés au jardin botanique à Bordeaux centre, à plus d’une heure en voiture et plus de 60 km de distance.

La pollution vectrice du virus ou fait aggravant ?

Et de poursuivre dans leur argumentation : "En plus de fragiliser notre système immunitaire et de nous rendre plus sensible aux infections notamment virales, une étude italienne suggère que la pollution de l’air amplifie la diffusion et la transmission des agents pathogènes tels que le Covid-19 . De plus, le 30 mars, un collectif de médecins et de chercheurs a alerté l’Etat sur le caractère aggravant de la propagation du virus par la pollution de l’air. Ce collectif appelle l’Etat à les « limiter drastiquement ». Ces épisodes de pollution amplifient la détresse respiratoire des malades atteints du Covid-19 et compliquent les soins qui leur sont apportés."

Aussi, vu la gravité de la situation sanitaire actuelle et en vertu du principe de précaution, nous vous demandons que les pulvérisations de pesticides de synthèse soient suspendus car considérés comme non essentielles et aggravant la détresse respiratoire des personnes malades du Covid-19.
Lettre adressée à la Préfète par les associations

Alerte d'un collectif de médecins sur les épandages

Les associations font également référence à cet appel lancé, le 21 mars dernier. Le collectif Air-Santé-Climat (composé de médecins, chercheurs, spécialistes de la pollution atmosphérique) interpellait l'État sur « la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles, afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du coronavirus » (Le Monde du 30/03).

Car si le confinement a permis notamment de réduire les concentrations d'oxydes d'azotes en France et en Nouvelle-Aquitaine (moins de circulation routière, aérienne), ce n'est pas le cas des particules fines qui ont même parfois progressé, avec des épisodes ensoleillés, occasionnant des pics de pollution. Des pics imputables, selon eux, notamment, à l'ammoniac issu des épandages.
Le collectif fait aussi référence à cette étude italienne pointant du doigts les effets possibles de cette pollution aux particules fines sur une éventuelle propagation du virus...

Constaté en Italie

Ce que l'étude italienne (publiée le 17 mars dernier) a observé c'est une possible corrélation entre des niveaux élevés de pollution aux particules fines et les multiplications de cas au covid-19. Les chercheurs mettent en évidence la rapidité atypique selon laquelle certaines régions du Nord de l'Italie ont constaté une hausse des cas de covid-19 (durant la période du 10 au 29 février). La pollution, localement, aurait eu un effet de "booster".

Des "effets" aggravants qui n'auraient pas été observés dans d'autres régions (Rome par exemple) moins polluées, les jours étudiés, à ce type de particules.

L'étude italienne, comme une autre britannique, elle aussi publiée le 17 mars dernier, font le lien de causalité entre pollution aux particules fines et propagation du virus.

En attendant, d'après une note diffusée vendredi 27 mars, Atmo France indique:

Une exposition chronique à la pollution de l’air est un facteur aggravant des impacts sanitaires lors de la contagion par le Covid-19.


En Nouvelle-Aquitaine ?

Le médecin limougeaud, Pierre-Michel Périnaud, très impliqué dans la lutte contre l'usage des pesticides avec son association Alerte Médecins Pesticides (AMLP), indique que son association ne s'est pas positionnée sur le sujet:

Je ne suis pas un spécialiste de l'air. Mais je connais quelques-uns des chercheurs de la tribune, qui sont très sérieux. Mais cela ne nous surprend pas. Il y aurait alors là deux phénomènes : le fait d'une fragilisation supplémentaire des muqueuses, mais aussi, le transport éventuel de ces éléments allergènes voire virales...

Baisse de CO², mais hausse des PM10

En attendant et ce, grâce au confinement, les cartes de qualité de l'air voient "vert" en ce moment et c'est plutôt bon signe. Moins d'activité et de CO² mais d'autres sources de pollution aux particules fines (voir ci-dessous).

ATMO Nouvelle-Aquitaine indique :

Le week-end passé (28-29 mars, NDLR) a été marqué par une hausse des concentrations en particules en suspension (PM10) sur l'ensemble de la région. Cette augmentation est due, d'une part, aux conditions météorologiques, et d'autre part, aux émissions de particules liées aux secteurs agricole et résidentiel.

 


Des nuages porteurs du virus?

Des corrélations tout de même troublantes même s'il n'est pas complètement stupide d'imaginer que toute forme de pollution soit dommageable pour notre système respiratoire. On ne doute plus aujourd'hui de l'impact de la fumée sur les poumons des fumeurs...

Reste à suivre cette nouvelle bataille d'experts, sans doute, qui se profile pour savoir si des nuages polluants pourraient être porteurs d'une charge active du virus, capable donc de se propager au grè des vents.
 

 






 

 

 

 

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