Face à la menace représentée par la mise en service de la Ligne à grande vitesse Bordeaux/Toulouse d'ici à l'année prochaine, les viticulteurs dénoncent l'emprise des lignes sur leurs terres. Pour eux, c'est tout un écosystème et une économie qui sont menacés.
En fond de parcelle, sur cette vieille propriété familiale depuis le XVIIIᵉ siècle, il faut imaginer le TGV nouvelle génération passer.
Charles Savigneux, gérant de la SCEA du château d’Eyran montre en pointant un horizon, juste agrémenté de quelques poteaux électriques, mais qui devrait être bientôt totalement bouché." Au-dessus de ces lignes, à une hauteur de six mètres au-dessus, ce qui fait qu’on va avoir un mur avec une largeur de voies qui est encore aujourd’hui inconnue".
Un horizon bouché
Car bientôt à une centaine de mètres, le train à venir et son chantier devraient anéantir deux à trois hectares de vignes sur les 25 ha que compte le domaine.
"On est très en colère", dit le jeune homme, indiquant cette balafre à venir dans ce paysage de vignes et de marais, "on va avoir en plus des nuisances sonores monstrueuses."
« C’est lamentable, on s’attaque à la biodiversité, au milieu agricole, viticole, forestier » finit le Michel Lopez, président de la LGVEA, association d'opposants au projet, avant d’évoquer également le cadre de vie des habitants.
Un domaine coupé en deux
Dans le très fameux secteur des Graves, au sud de Bordeaux, le château du grand Bos compte 12 hectares de vignes et 15 ha de forêt.
« Qu’est-ce qui restera de la vigne après les travaux ? À mon avis, il ne restera rien » s'alarme Serge Rochet, propriétaire des lieux et ancien vigneron. Une inquiétude légitimée par le tracé définitif annoncé en octobre dernier, car la propriété devrait être coupée en deux.
Le tracé détaillé de la ligne est désormais accessible par tous. Dominique Larrue, un voisin ancien vigneron très inquiet de l’arrivée de la ligne ferroviaire, nous le montre sur son téléphone. " Théoriquement la ligne rouge va représenter 100 m d’emprise".
Sa fille, Lou Rochet ne sait plus comment imaginer son avenir. Elle qui a repris la propriété il y a 5 ans a beaucoup investi avec notamment la conception de chambres d’hôtes et un passage de la production au bio.
On avait l’impression qu’on avait une propriété très belle et qui avait un potentiel assez magnifique, et finalement cette LGV, elle va peut-être tout remettre en question.
Lou Rochet - viticultrice dans les GravesFrance 3
Face à cette menace, ces deux gérants de domaine viticole et leurs alliés n'arrêteront pas de lancer des recours devant le tribunal administratif.