LGV Toulouse-Bordeaux : levée de bouclier des politiques du Sud-ouest face au refus de Pierre Hurmic

Suite à la déclaration du maire de Bordeaux dénonçant le "projet insensé" que représentait la Ligne à Grande vitesse au sud de sa ville, les responsables politiques se rebiffent. Parmi eux, le président PS de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, mais aussi la présidente PS d'Occitanie, Carole Delga.

L'écologiste Pierre Hurmic a recommandé jeudi de "tout mettre en oeuvre pour arrêter ce projet insensé", après le lancement sur internet d'un appel à l'examen de solutions alternatives, notamment l'amélioration des voies existantes. 

Il parle de "projet insensé" et "anachronique" de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) au sud de sa ville, vers Toulouse et Dax, dossier relancé par l'État et défendu par les présidents PS des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et de la métropole bordelaise. "On essaie de nous piéger en disant que c'est la LGV ou rien"."On a déjà englouti des milliards d'euros dans les LGV. On a vu que ça a asséché nos territoires, que ça s'est fait au détriment d'un maillage de notre réseau ferroviaire régional (TER)..." a expliqué Pierre Hurmic.

Au niveau de la métropole bordelaise (majorité PS/EELV), M. Hurmic, premier vice-président, et Alain Anziani (PS), président, sont en désaccord sur la destination de 320 millions d'euros devant financer les "aménagement ferroviaires du sud de Bordeaux" (environ 10 km). L'écologiste refuse catégoriquement qu'ils servent à la LGV.
"Les écologistes ne veulent pas d'avion. Maintenant ils ne veulent pas de train. Qu'est-ce qu'ils veulent? De la voiture? Est-ce que c'est ça le rêve d'un écologiste? Plus de voitures et du fret sur des camions plutôt que sur des trains?", ironisait récemment M. Anziani.
 

"Les mêmes arguments", selon Alain Rousset

Selon Alain Rousset, Président PS de la Région Nouvelle-Aquitaine, les opposants avancent "les mêmes arguments que ceux qui critiquaient la LGV Paris-Bordeaux".  Pierre Hurmic semble incarner aujourd'hui la fronde anti LGV. "Ça me fait mal venant du maire de Bordeaux", réagit Alain Rousset démontant les arguments avancés "ce n'est pas un gain de temps d'un quart d'heure mais d'une heure (entre Bordeaux et Toulouse) et 55 minutes avec Bayonne". 

"Est-ce que le choix, surtout sur le plan écologique, c'est pas le bilan carbone global ? Il y a une logique écologique à faire cette deuxième ligne ferroviaire  (...) et permettre de faire baisser cette ligne de pollution (si situant au niveau de l'ex N10), la partie la plus polluée en micro particules..."

Est-ce qu'on peut à la fois être contre la voiture, contre les camions, contre l'avion et contre le train? Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez les écologistes...

Alain Rousset, Président de la région Nouvelle Aquitaine

Quant au financement, même si le président de la région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset (PS) se disait début octobre "optimiste" quant au bouclage du tour de table entre collectivités néo-aquitaines, le scénario est aujourd'hui moins clair. Des quatre départements concernés, Gironde, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques
et Landes, seul ce dernier y est clairement favorable. Il assure pourtant ce 29 octobre : "je suis sûr qu'on va y arriver c'est un projet qui nous dépasse", "on investit pour 100 ou 150 ans..."

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sylvie Tuscq-Mounet.

A Toulouse, on pointe l'égoïsme du maire de Bordeaux

La présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, a critiqué vendredi les "petits égoïsmes" du maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui a dénoncé le "projet insensé" de la ligne ferroviaire à grande vitesse entre sa ville, Toulouse et Dax.

Carole Delga, président de la Région Occitanie

« Je rappelle que je représente 60% de la population française qui est à plus de 4h de Paris. Alors je dis clairement, stop aux petits égoïsmes locaux. Je m’érige contre cette posture quand on est soi-même à 2h de Paris. Nous, nous en sommes actuellement à 4h et demi. C’est une vraie difficulté pour la région Occitanie, pour ses habitants, pour ses entreprises, pour pouvoir être attractives et créer de l’emploi.

Surtout, nous avons donné 300 millions d’euros sur Tours-Bordeaux. Alors, aujourd’hui, nous devons être en responsabilité. La France, elle doit être solidaire. Les autres collectivités locales doivent être solidaires des autres habitants de l’Occitanie. C’est indispensable pour créer de l’emploi.

C’est indispensable aussi pour les trains du quotidien. Parce qu’il faut arrêter avec le mythe comme quoi, lorsque l’on construit une LGV, on n’agit pas pour les transports du quotidien.

Si on veut avoir un RER autour de Toulouse, on a besoin d’une a deuxième ligne. Aujourd’hui, la ligne entre Toulouse et Montauban, elle est saturée.

Je me suis entretenue avec le président de la Métropole de Bordeaux, il est favorable à la LGV. C’est donc la position d’un maire qui est minoritaire".

"On a besoin d'une LGV pour être reliés à Paris et à l'international. Et on a aussi besoin d'une LGV pour développer les trains du quotidien", a insisté Mme Delga, élue en juin pour un deuxième mandat à la tête de la région.
  

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s’est dit scandalisé par les propos du maire de Bordeaux, rappelant que Toulouse a payé en 2017 pour le tronçon Bordeaux-Tours. Il aimerait un peu plus de solidarité de la part de la ville de Bordeaux en retour.

Les propos du maire de Bordeaux tiennent d’un combat d’arrière-garde, estime Jean-Luc Moudenc. Pour le maire de Toulouse, la position de Pierre Hurmic est minoritaire en Aquitaine et une majorité d’élus sont favorables à la LGV.

Un financement difficile

Fin septembre, le Conseil d'État a levé le dernier obstacle juridique à ce Grand projet du Sud-Ouest (GPSO), prévu entre Bordeaux et Toulouse d'un côté, et Dax dans les Landes d'un autre. 
L'État s'est engagé à verser 4,1 milliards d'euros, soit environ 40% du coût total.


Les collectivités (régions, départements et agglomérations d'Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) devraient se partager le financement de 40%, et les 20% restants seraient complétés par des fonds européens. 

L'Occitanie a annoncé fin septembre qu'un accord avait été trouvé à son niveau entre collectivités pour ce projet visant à relier Paris et Toulouse en un peu plus de 3 heures, contre au moins 4h20 aujourd'hui.

Le scénario semble moins clair du côté des collectivités néo-aquitaines. Des quatre départements concernés, Gironde, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques et Landes, seul ce dernier y est clairement favorable.  

Pour l'agglomération d'Agen, il faut revoir ce financement car Jean Dionis du Séjour (maire MoDem) estime qu'Agen a déjà beaucoup donné sur ce projet. 40 milliards seraient trop, il pencherait sur un financement entre 10 et 20 millions.

Quant aux Pyrénées-Atlantiques, les plus réticents, d'après Jean-Jacques Lassere,Président du Conseil départemental 64 (MoDem), il faudrait revoir également ce financement, avec une contribution et une répartition acceptable.

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