De nombreuses grandes enseignes sont implantées dans la commune qui manque en revanche de commerces de proximité. Une taxe sur les friches commerciales vient donc d’être votée.
C’est un phénomène observé dans de nombreuses villes françaises. Les commerces du centre-ville ferment leurs portes face à la présence toujours plus forte de la grande distribution. Des locaux commerciaux de centre-ville se retrouvent ainsi vacants durant plusieurs années parfois. « Pour faire des courses on est obligés de se déplacer en prenant la voiture ou le tram pour aller à 6 km et faire ses courses à carrefour , c’est pas normal », râle un habitant de Lormont.
« Pas de fromager, pas de poissonnier »
« Il y a des grandes enseignes mais peu de petits commerçants de proximité », explique Grégoric Faucon adjoint à l’économie et aux solidarités à la mairie de Lormont. « C’est toujours la ville centre, Bordeaux, qui attire. Et on a un peu de mal à Lormont effectivement à développer ce tissu commercial de proximité. On a pas de fromager, on n’a pas de poissonnier. Dans certains quartiers il manque des petits cafés. On n’a pas de pressing etc".
Il y a des services qui pour une ville de 25 000 habitants manquent réellement ».
Lors du conseil municipal du 1er octobre dernier, Grégoric Faucon, avait expliqué que cette mesure permettrait de « lutter contre le phénomène de rétention foncière délibérée », « permettre la remise sur le marché de locaux vacants », et « maitriser les loyers devenus trop élevés dans certaines zones commerciales ». Pour Gregory Faucon, il fallait donc agir. « D’un côté nous avons de nombreux logements vacants et d’une autre côté nous avons de nombreux porteurs de projet, des artisans, des entrepreneurs, des commerçants qui nous disent chercher des locaux commerciaux et ne pas en trouver du mois pas à des prix abordables ».
Indexée sur la valeur locative
La ville de Lormont a donc décidé de s’attaquer au porte-monnaie des propriétaires et gestionnaires de ces locaux. Seront concernés les locaux vacants depuis plus de deux ans. Cette taxe sera calculée sur la valeur locative du local servant de base à la taxe foncière sur les propriétés bâties.
Lors de la délibération en conseil municipal, les détails de cette taxe ont été précisés. « Le taux légal est fixé à 10% la première année d’imposition, 15% la deuxième, 20% la troisième ; il peut être majoré du double selon la volonté de la commune. Il est proposé d’appliquer cette majoration, conduisant ainsi aux taux de 20% la première année, 30% la deuxième, 40% la troisième ».
« Il faut inciter les propriétaires à faire les démarches nécessaires pour trouver les porteurs de projet qui souhaitent intégrer ces espaces, et amener de la vie et des services à nos habitants », explique Grégoric Faucon.
Travail de recensement
« On n’a pas encore quantifié ni même défini très précisément la liste de ces locaux éligibles que l’administration fiscale va nous donner et qui nous paraissent important de cibler compte tenu de la situation », explique Grégoric Faucon. La mise en place de cette taxe n’est donc pas pour tout de suite. Un travail de recensement doit être réalisé au préalable. D’autant que le problème est assez diffus. « Il y en a dans tous les quartiers de Lormont », explique l’adjoint au maire. « On ne peut pas dire qu’on ait une poche à un endroit plus problématique qu’à d’autres. Mais il est vrai qu’on a de la vacance dans le bas du vieux bourg à l’arrivée du Batcub pour des raisons à définir. On a aussi de la vacance parfois à proximité des grands centres commerciaux (…), parfois dans des pieds d’immeubles que ce soit des bailleurs sociaux ou des investisseurs privés ».
Rendre les abords plus agréables
Sophie Boréave tient un espace de co-working avec salon de thé dans le bas Lormont. De chaque côté de son établissement se tiennent deux locaux commerciaux vacants. Cela dure « depuis deux ou trois ans » dit-elle. « Quand les gens arrivent ils disent que c’est malheureusement un peu triste de voir ça. Cela pénalise les commerces qui sont à côté mais aussi les habitants qui n’ont pas les services et les commerces adaptés à la vie quotidienne. Donc ils sont obligés d’aller dans Bordeaux ou de faire 20 km. On attend que cela bouge un petit peu. C’est dans l’air du temps donc on a espoir ». Et quand Grégoric Faucon passe devant son commerce Sophie Boréave n’hésite pas à l’interpeller. « Pour l’entretien des lieux il y a des choses à faire », lui dit-elle. « Au niveau des tours des arbres, pour faire en sorte que ce soir plus convivial et plus joli pour les gens qui découvrent le bourg. Donc on attend un petit peu une action de la mairie, de la Métropole, des habitants pourquoi pas ».