Mamans solos, Marine et Christiane sont dites "à risques" rescapées d’un accident vasculaire cérébral ou diabétique. Pour elles, le déconfinement n’a pas allégé leur quotidien. Pas d’école ni de vacances, et une vigilance accrue, entre charge mentale et stress lié à la maladie.
La dernière grosse frayeur de Marine remonte à quelques semaines : une crise d’hypoglycémie doublée d’un malaise, au milieu des rayons d’une grande surface. Devant elle, des clients en étaient venus aux mains pour un produit. Un moment de panique et un premier avertissement de son organisme. Etre diabétique, c’est faire partie des personnes les plus vulnérables. Une fragilité exacerbée par le virus.
Une course de fond sans aucun relais
Marine, 28 ans et Christiane, 47 ans, ont en commun d’élever seules leurs enfants au Bouscat et au Grand parc, à Bordeaux, entre deux piqures d’insuline. Le confinement aura été une première épreuve. Le déconfinement, une seconde. Sans pause pour souffler.
Alors que la France entière s’est déconfinée, les personnes à risque se sentent un peu plus seules et abandonnées.
Toutes deux le savent, dans cette épreuve, elles ne pourront compter sur personne et tomber malade serait pour elles une véritable catastrophe. Marine, maman d’un garçon de 5 ans et d’une fille de 3 ans, n’y va pas par quatre chemins. "Je ne peux pas me permettre d’être malade. Si j’attrape le virus, mon diabète m’obligera à être hospitalisée. Pendant ce temps là, qui s’occupera de mes enfants ? Sans doute seront-ils placés…", anticipe la jeune maman.Pour moi, rien n’a changé. Le confinement est devenu le déconfinement mais la peur est toujours là, encore plus grande, car nous sommes plus exposés.
Christiane, mère de quatre enfants
Même angoisse du coté de Christiane, mère de deux filles et deux garçons. "Je n’ai pas de famille ici à Bordeaux. Si je suis à l’hôpital, où iront mes enfants et avec qui ?", questionne la bordelaise. À côté de sa famille, d'autres questions la hante. "Est-ce que je m’en sortirai ? Avec du diabète et après avoir fait un AVC, pourra-t-on me sauver ?"
Confinées tout l’été
Car plus de gens dans la rue, c’est davantage de risque de contracter le virus. Alors, les deux familles ont choisi de rester confinées tout l’été. Impossible, tout d’abord, de prendre le risque de renvoyer ses enfants à l’école. Une décision comprise par leur progéniture, inquiète pour leur maman. "Ils savent que je suis à risque et comprennent. Mes enfants ont déjà été très affectés par mon AVC et vivent dans la peur qu’il m’arrive quelque chose, ils sont très protecteurs", raconte Christiane.
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Et même si le message est entendu, cette décision est une pression supplémentaire pour la famille, et pour la maman, en particulier. "Ma fille me disait ce matin qu’elle aimerait bien aller à l’école mais qu’elle n’avait pas envie que je tombe malade. Ce n’est pas simple pour moi. Les personnes comme nous ont deux fois plus la pression que les autres."
Mais à la pression, s’ajoute la fatigue. "On ne se repose jamais !", avoue la jeune femme. Si d'ordinaire, être un parent isolé n'est pas facile, à l'heure du Covid-19, cela s'apprente parfois à une double peine. "Personnellement, je n’ai aucun soutien, déplore Christiane. Malgré mon AVC et mon diabète, même mon propre médecin n’a pas voulu me recevoir. Il m’a seulement proposé de me faxer une ordonnance."
En filigrane, le besoin de se confier et d’échanger entre mamans solos se fait sentir, pour exorciser l’angoisse toutes ensemble. Chacune craint plus que tout une seconde vague. En attendant, les deux mamans tentent de contenir leur stress et leur peur. "Aucun parent n’était préparé pour affronter le virus , notent-elles. Plus que jamais, Marine et Christiane se tiennent prêtes au combat.