Alors que les bilans mensuels sur les précipitations en 2022 sont en déficit pour le quatrième mois consécutif en France, la Nouvelle-Aquitaine limite pour le moment les dégâts au niveau de sa situation hydrologique. Des restrictions en eau sont toutefois en cours sur le nord de la région avant d'aborder la période estivale.
Après un hiver et un printemps relativement doux et sans période pluvieuse significative, la sécheresse des sols commence à devenir une source d'inquiétude dans certains endroits de la région. À quelques semaines de l'entrée en pleine période estivale, les prévisionnistes prévoient un asséchement progressif des nappes phréatiques et une situation potentiellement "inquiétante".
Des déficits en eau relativement importants sont à relever notamment sur la partie nord, comme dans le Poitou et le Limousin. Deux exemples qui avec les tendances climatiques d'un été chaud et sec à l'échelle de l'Europe du sud - basée sur des prévisions probabilistes à trois mois de Météo-France - pourraient causer des difficultés criantes en termes d'approvisionnement en eau pour les cultures agricoles et autres activités touristiques.
Un "stress hydrique" présent sur la partie nord de la région
SI la sécheresse commence à faire ses premiers effets, la raison principale se trouve surtout sur une saison de recharge plutôt "basse".
"Les aquifères ou les nappes phréatiques sont normalement réalimentées en eau de pluie principalement entre septembre et mars. Ce qui fait que la végétation ne puise pas dans ces ressources, analyse Olivier Cabanne, prévisionniste à Météo-France. Mais sur la période entre septembre 2021 et mars 2022, les zones du Poitou (Deux-Sèvres et Vienne), de la Charente-Maritime et à moindre mesure celles de la Haute-Vienne, de la Charente sont déficitaires par rapport aux normales avec un déficit allant de 30 à 40 %".
Une absence de pluviométrie sur la période hivernale qui provoque une situation hydrologique tendue, particulièrement sur le nord de la région Nouvelle-Aquitaine. Au contraire, les parties centre et sud restent quant à elle proches de l'équilibre comme sur la Corrèze et le Lot-et-Garonne, même si des déficits de 10 à 15% sur la Gironde, les Landes, la Dordogne et la Creuse sont à relever. Seul le département des Pyrénées-Atlantiques, en raison de sa situation géographique "montagneuse" et hydrologique "avantageuse", reste légèrement excédentaire.
Une vidange des nappes accélérée et des restrictions d'eau déjà en cours dans plusieurs départements
Une tendance particulièrement "exceptionnelle" pour cette année 2022, "alors que les deux saisons précédentes étaient plutôt satisfaisantes avec des recharges excédentaires", précise Olivier Cabanne.
"Les mois à venir vont donc devenir cruciaux dans l'utilisation de l'eau pour certains de ces départements. Si les températures deviennent élevées dès à présent et à partir du moment où la végétation commence à piocher dans ses ressources, il y a aura mécaniquement des besoins accrus et cela risque d'être problématique pour certaines cultures."
La période de vidange des nappes phréatiques, c’est-à-dire la baisse des niveaux d’eau, a débuté dès février avec deux à trois mois d’avance selon le BRGM. "On arrive maintenant en fin de période de recharge des nappes, ce qui limite les précipitations qui vont pouvoir les alimenter. Et même s'il pleut cet été, on a toujours une partie importante qui s'évapore , décrypte Olivier Douez, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Le seul élément intéressant dans les pluies estivales est que l'on va avoir tendance à moins prélever dans les nappes pour les cultures agricoles et la consommation d'eau potable qu'en période de sécheresse active."
? État des nappes d’eau souterraine au 1er avril 2022
— BRGM (@BRGM_fr) April 13, 2022
La situation s’est rapidement dégradée !
⚠️La période de vidange a débuté dès février avec 2 à 3 mois d’avance.
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Le début d'année 2022 est par ailleurs le plus sec enregistré en France depuis 2011. Les nappes phréatiques et les sols superficiels sont par conséquent particulièrement sollicités et certaines collectivités ont préféré prendre les devants en anticipant le risque de manque d'eau. Des restrictions sont même déjà appliquées dans les Deux-Sèvres depuis le lundi 4 avril, en ce qui concerne l'irrigation, l'arrosage, le lavage de voiture ou le remplissage de piscine. Des alertes également renforcées sur les bassins et cours d'eau de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime.