Il ne cesse de revenir. Le projet de métro bordelais a de nouveau été déterré. Trois maires de la métropole, ainsi que l’association Métro de Bordeaux ont décidé de remettre le sujet sur la table, pour faire face aux flux croissants de voyageurs dans la métropole bordelaise.
Creuser une ligne de métro, de Talence à Cenon, le projet est loin d’être nouveau. Dès les années 90, la métropole réfléchissait à créer une ligne, pour desservir l’agglomération bordelaise.
Sorti des cartons en 2019, il y retournera finalement quelques semaines plus tard, les élus de Bordeaux Métropole refusant de réaliser de nouvelles études.
Mais mardi 24 mai dernier, nouveau rebondissement. Une réunion publique se tenait à Talence pour relancer le projet. Trois maires étaient présents, en soutien du projet : Michel Labardin, maire de Gradignan, Franck Raynal, maire de Pessac et Emmanuel Sallaberry, maire de Talence. " Nous demandons aujourd'hui de faire une étude sérieuse sur le sujet pour savoir si on peut l'envisager ou non. Aujourd'hui, on fait face à un dogme, qui ont des arguments dépassés", précise Emmanuel Sallaberry (DVD), maire de Talence.
26 minutes contre une heure
Dans son tracé, le métro bordelais partirait de Talence Thouars. Il passerait par les facs situées à Pessac avant de rejoindre le centre-ville et la gare de Bordeaux. Terminus fixé à la Morlette, à Cenon, en passant par le pont de Pierre.
“Nous voulions apporter une solution au quadrant sud-ouest de l’agglomération où aucun transport lourd n’existe, mais aussi desservir les axes de Bordeaux qui ont des flux massifs avec notamment la gare et enfin proposer une alternative au tram A, sur la rive droite”, explique Mickaël Baubonne, vice-président de l’association Métro de Bordeaux.
Au total, la ligne parcourait 19 km, ponctués de 18 stations. Un projet colossal qui pourrait coûter deux milliards d’euros à la métropole.
Aujourd’hui pour relier La Morlette à Thouars, il faut compter une heure. En métro, vous ne mettriez que 26 minutes.
Mickaël Baubonne, vice-président de Métro de Bordeaux
Réticences bordelaises
Trop cher, inutile, le métro de Bordeaux a du mal à séduire les Bordelais. Des idées reçues pour l’association, qui regrette ce manque d’engouement. “Ce métro propose d’autres boucles pour soulager le réseau de tramway qui frôle régulièrement la saturation”, explique Mickaël Baubonne. Selon les estimations, le réseau pourrait accueillir 260 000 voyageurs supplémentaires à l’aube de 2030.
Autre spécificité de ce projet, les sous-sols bordelais, tout proche de la Garonne. "Saint-Pétersbourg a un métro à 150 mètres de profondeur", avance Emmanuel Sallaberry comme preuve de la faisabilité du projet qu'il soutient.
Si plusieurs études ont statué sur la faisabilité de creuser ces sols, les craintes restent présentes.
“On sait aujourd’hui qu’on pourrait creuser au niveau des marnes, à vingt mètres sous nos pieds. C’est là que les tunneliers sont passés pour creuser le réseau de collecteurs, ce serait donc possible de faire de même pour le métro”, souligne le vice-président de Métro de Bordeaux.
Couper la vie locale
Les Bordelais s’en souviennent : les travaux du tramway ont bloqué, souvent pendant de longs mois, des axes passants de la métropole bordelais. La situation avait réduit considérablement la fréquentation de ces lieux, bloquant les riverains, mais aussi les commerçants.
Reprendre des travaux devient donc difficile à accepter pour de nombreux métropolitains. Pourtant, selon l’association, les nuisances ne seraient pas comparables.
Nos travaux se concentreraient au niveau des stations, généralement situées sous des grandes places. Cela permet de maintenir une vie en surface, sans bloquer les rues.
Mickaël Baubonne, vice-président de Bordeaux Métropole
S’il refait surface, le métro de Bordeaux est loin d’être lancé. Reste encore à convaincre Bordeaux Métropole, qui planche déjà sur d’autres projets, comme le RER métropolitain.