Le projet de métro étant enterré, que nous reste-t-il ? Rocade engorgée, réseau TBM bondé, la mobilité est une problématique d’urgence pour Bordeaux Métropole. Et pour se déplacer demain, plusieurs options sont sur la table.
En 2018, le réseau TBM a réalisé plus de 500 000 voyages par jour. Une augmentation de 9 % pour les trams et 12 % pour les bus. Et ça ne risque pas de s’arrêter : le réseau de transport s’attend à plus de 350 000 trajets supplémentaires d’ici 15 ans.
Avec 80 % des trajets en voiture, la rocade et son encombrement aux heures de pointe sont redoutés par les Girondins. Ce sont au total 233 heures passées dans les embouteillages, par an.
Le problème, c’est l’étalement urbain. Il faut choisir entre déplacer les emplois dans toute la métropole ou créer des réseaux de transports efficients.
Gérard Chausset, conseiller communautaire de Bordeaux-Métropole.
Du TER au RER
Le projet de métro étant désormais enterré, celui du RER reçoit désormais toute la lumière. Ce-dernier se base sur les lignes ferroviaires existantes autour de Bordeaux, qui permettent de relier les communes de l’agglomération. Au total, huit communes, réparties en deux lignes seront desservies, avec une augmentation de nombre de TER.
On n’invente rien, on reprend les mêmes tracés que le tramway sous Chaban-Delmas. Quand on a fermé la gare de Ravezies, le TER a perdu 40 % de sa fréquentation. Il a vocation à réaliser ces trajets de proximité.
Christian Broucaret, président de la Fédération des usagers, la Fnaut Nouvelle Aquitaine.
Son coût, d’1,2 milliards d’euros n’a pas encore été partagé entre la région, l’état, qui grâce à la loi des mobilités aide les régions dans leurs réseaux de trains de proximité, et Bordeaux Métropole.
Il y a 145 millions d’euros à réaliser, plus 90 millions d’acquisitions. Rien que pour la mise en route, ces prix ne permettent pas de lancer le projet sur un coup de tête.
Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des infrastructures, des mobilités et des transports.
Billetterie unique
Dès 2019, sera expérimenté sur la ligne du médoc, la billetterie unique. Son but ? Permettre aux usagers de valider son trajet en RER, avec sa carte TBM ou son ticket. La première ligne diamétrale sera opérationnelle en 2020.Son tarif en revanche n’est toujours pas établi. Il faut en effet qu'SNCF Réseau, en charge du dossier, trouve le juste équilibre entre les finances de Bordeaux Métropole, et la région.
À l’horizon 2028, les voyageurs traverseront la métropole, sans changer de train à Bordeaux. La première ligne de ce genre est prévue entre Libourne et Cestas-Gazinet. En parallèle, la gare de Talence-Médoquine devrait rouvrir en 2023, tandis que celle du Bouscat sera opérationnelle dès 2021. En 2025, des liaisons directes seront instaurées entre Libourne et Arcachon, puis, en 2028, entre Langon et Saint-Mariens.Cette solution a un avantage, c’est qu’elle permet d’être remboursé, en abonnement, à 50 %, par les employeurs.
Christian Broucaret.
Créon-Bordeaux en 50 min
En parallèle de ce projet plutôt métropolitain, des cars « express » se développent sur le territoire. Le premier, le 407, relie Créon à place de la République, à Bordeaux. Il fait office de test depuis le 2 septembre 2019.
En desservant 12 arrêts, le trajet total ne s’élève qu’à 50 minutes. Les cars express roulent donc de 6 h à 22 h avec un passage tous les quart d’heure de 6 h à 9 h, et de 16 h à 19 h et toutes les heures, le reste du temps.
Ces cars devraient, dans un futur proche utiliser les bandes d’arrêt d’urgence des voies rapides, pour ne pas être tributaires de la circulation.C’est le seul bus qui circule en journée dans nos communes. Et c’est également le seule à nous emmener au cœur de Bordeaux.
Catherine Veyssy, maire de Cénac
Quatre autres lignes attendent en effet le verdict. Elles partiraient de Lesparre, Saint-André de Cubzac, Cadillac et Belin-Béliet, dès 2020, si le projet était concluant.Les demandes ont été envoyées aux services de l’Etat. Cette solution est dans l’attente de la création de voies dédiées à ces cars, si l’expérience était positive.
Renaud Lagrave.
Découvrez ces lignes et les autres projets en animant la carte. Un volet gauche permet de sélectionner le projet que vous souhaitez regarder.
Franchir la Garonne
Moins abouti, ce dernier projet touche directement les conducteurs. Initiée par Jean Touzeau, et membre de la commission mobilités de la Gironde, l’idée serait de construire deux ponts extra-rocade.
La rocade complètement engorgée est une énorme préoccupation en matière de nuisances sonores et de santé. Il faut développer, comme les derniers présidents de Bordeaux Métropole l’ont fait, les franchissements.
Jean Touzeau.
Deux ponts seraient donc proposés, l’un reliant Berges de la garonne à Lormont, et le second, Bègles à Latresne.
Il faut créer des ponts extra-rocade, afin que les automobilistes ne soient plus tributaires de la rocade. Les réseaux routiers existent, les terrains ne posent pas d’obstacles. Cette solution permettrait de relier les bassins d’emplois aux lieux d’habitations en proposant des itinéraires alternatifs.
Jean Touzeau
Comptant 200 millions d’euros par pont levant, le projet pourrait être mis en place d’ici cinq ans. Mais pour l’instant, Jean Touzeau demande à ce que des études soient lancées.
Ces ponts viendraient en compléments du RER ou des cars. C’est une autre alternative, qui cible directement ceux qui n’habitent pas dans la métropole ou sa banlieue proche.
Jean Touzeau