Dix-huit entreprises aquitaines participent jusqu’au 8 janvier 2023 au CES de Las Vegas, le salon annuel des technologies de grande consommation avec des produits ou des logiciels innovants. Les patrons qui ont déjà tenté l'expérience ne regrettent pas l'investissement du déplacement pour leur développement.
C’est la grand-messe mondiale de l'innovation technologique en électronique : le CES (consumer electronics show) a ouvert ses portes jeudi 5 janvier à Las Vegas et doit accueillir plus de 100 000 visiteurs après la période Covid.
Cette année encore, 24 PME et start up de Nouvelle-Aquitaine y participent sous la bannière de la Région dont 18 basées en Aquitaine. La Nouvelle-Aquitaine se présente d’ailleurs comme la deuxième région en termes d’innovations. Si quelques sociétés ont multiplié les déplacements dans le Nevada ces dernières années, les deux-tiers y vont pour la première fois et financent la plupart du voyage. Prix du stand, billets d'avions, hébergement, le montant approche rapidement les 15 000 euros pour une délégation voire jusqu'à 40 000 euros pour une présence autonome sur le "market place".
Cette année, on trouve neuf entreprises de Gironde, trois des Pyrénées-Atlantiques, une des Landes et une Dordogne parmi les exposants.
Déploiement aux Etats-Unis
C'est le cas de Flovea, une entreprise de plomberie pour les professionnels, basée à Saint-Paul-lès-Dax, bien entrée dans la "green tech", la technologie verte et écologique. La société participe pour la sixième fois déjà au salon américain.
Il y a huit ans, son fondateur, Thierry Mignot a développé la "predictive flowbox", une solution connectée permettant une gestion et une surveillance en temps réel d’un réseau d’eau d'un bâtiment via une application dédiée. "On peut ainsi fermer l'eau à distance en cas de fuite, voire essayer de prédire la fuite grâce à l'intelligence artificielle" explique le dirigeant, ancien plombier qui a envoyé trois salariés au CES ce mois-ci.
Car la société de 50 personnes est en plein développement avec le lancement d'une filiale à Dubaï, une région où la gestion de l'eau est regardée de près. "On veut désormais se déployer aux Etats-Unis" ajoute Thierry Mignot. "Notre solution se vend bien en France et intéresse les Américains. C'est un marché difficile et exigeant, mais nous intéressons des distributeurs. On avait gagné un prix en 2019 déjà au CES. Cela nous donnera encore l'occasion d'être vus et de prendre la température mondiale."
Si le patron avoue n'avoir obtenu que "peu de retours" lors de la première participation, la ténacité et le travail ont payé. "Nous avons eu des encouragements de nos pairs à continuer dans nos projets".
Rencontrer les fournisseurs
Sept sociétés y vont également uniquement comme visiteurs. C’est le cas de Goupil, en Lot-et-Garonne, spécialisée dans la construction de véhicules utilitaires électriques pour la collecte de corbeilles ou de conteneurs, pour l’entretien des parcs et jardins. Ils avaient tenu un stand en 2022. Jeudi 5 janvier, à Las Vegas, les voitures électriques de demain ont d'ailleurs fait l'attraction.
"Nous avions pu découvrir et rencontrer des fournisseurs à haute valeur ajoutée (batterie, écrans, système de sécurité active) car ce salon est l’opportunité idéale pour observer les grandes tendances de l’industrie de la mobilité (choix technologiques, design, ergonomie)", explique depuis Las Vegas, Philippe Hugue, directeur commercial.
"Hier nous avons pu écouter un discours de Carlos Tavarès, PDG de Stellantis (ex PSA). C'est très instructif sur les attentes des clients", dit le directeur qui travaille déjà sur les futurs modèles qui sortiront en 2026. 75% des 3 000 véhicules produits chaque année sont vendus à l’export, essentiellement en Europe.
Repenser la mobilité pour les déplacements, c'est aussi l'objectif de VUF BIKES (33) ou Buttairfly (33) pour la ville, parcourir les mers proprement avec Aqualines (64), ou encore révolutionner le transport de charges de chantier avec Flying Whales (33) qui sont au CES.
D'autres sociétés travaillent sur l’usine du futur avec la fabrication des pièces dans l’industrie (Lynxter -64-), la ville intelligente de demain ou favoriser la technologie au service de l'humain (Orthonose ou Satelia -33-).
Nouveaux clients
D'après Jérôme Leleu, ancien participant bordelais au salon en 2017, ex directeur de la French Tech de Bordeaux, le CES est une belle opportunité.
Il y a beaucoup de préparation en amont. Et c'est très bénéfique d'y aller pour un lancement de produit. C'est à vivre au moins une fois !
Jérôme Leleu, dirigeant de Simforhealthrédaction web france 3 Aquitaine
Lui-même a eu de belles retombées avec son entreprise. "SimforHealth avait été reconnue au CES comme une des 4 innovations e-santé avec des géants comme Phillips. Cela nous a valu pas mal de reportages. Ça a tout changé!", se rappelle le patron d'Interaction Healthcare et Simforhealth, deux entreprises dans l'e-santé, plus précisément la formation de professionnels de santé.
Pour autant, le directeur apprécie depuis de faire d'autres salons plus spécialisés car le CES reste généraliste. Début 2021, une enquête a été lancée auprès des 92 entreprises ayant participé au moins une fois au CES avec la délégation néo-aquitaine depuis 2017. La moitié avaient répondu et le constat était sans appel : 75% d’entre eux estimaient leur retour sur investissement positif, voire très positif.
D’après la Région encore, 104 sociétés innovantes ont pu décrocher ensemble 275 nouveaux clients et générer 4 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis six ans. Le CES, créé en 1967, semble donc rester une opération gagnante.