CES de Las Vegas : l'édition 2020, entièrement virtuelle, reste-t-elle intéressante pour les entreprises ?

Complètement dématérialisée du fait de la crise sanitaire, la grand-messe de la technologie de Las Vegas s'est tenue du 11 au 14 janvier. Deux entreprises du Poitou-Charentes ont participé à cette formule 100% virtuelle.

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La grand-messe de la Tech' s'est tenue, du 11 au 14 janvier, comme toujours à Las Vegas. Mais pour cette année, le CES, le Consumer Electronic Show, le plus grand salon mondial de la technologie grand public  s'est déroulé à distance.

C’est au CES que depuis 50 ans sont présentées les innovations technologiques les plus marquantes qui envahiront sans tarder votre salon (cette année, les écrans transparents), votre voiture (électrique, forcément) et les objets connectées qui se glisseront dans votre poche (5G oblige).

La précédente édition avait réuni 4500 exposants pour 200 000 visiteurs, mais le 54eme CES se retrouve bouleversé par la crise sanitaire. Et si les solutions innovantes pour le télétravail constituent logiquement la grosse tendance de cette année, l’innovation la plus évidente, ce sont les stands devenus virtuels.

Le salon s’est en effet dématérialisé, contraint de se plier aux contingences sanitaires, et les organisateurs ont dû, en quelques mois, improviser une version virtuelle du salon. La voilure s’en est retrouvée réduite pour l’occasion, passant à 1000 exposants, pas toujours satisfaits de la transposition en ligne.

Le CES est tellement rodé en mode présentiel, qu’on s’attendait à quelque chose de vraiment au point techniquement. Surtout, l’absence de contact humain direct et spontané s'est fait cruellement sentir. On n’aura pas eu la chance, comme par le passé, de pouvoir tomber au coin d’un ascenseur sur LA personne qu’on rêvait de rencontrer, ou de faire ces rencontres complètement fortuites qui pouvaient se révéler hyper intéressantes pour les deux sociétés, pouvant déboucher sur de futurs partenariats. On se retrouve dépendants de la technique. Est-ce que les gens vont répondre sur Linkedin ? Est-ce que la plateforme mise en place par le salon va fonctionner ? C’est frustrant. »  

Aurélie Colin-Thévenet, co-fondatrice de Lux-Lingua

 

Lux-Lingua fait partie de la délégation de la région Nouvelle-Aquitaine, pardon la #TeamNA. Outre les critères traditionnellement retenus de pertinence du produit et de développement à l’international de leur entreprises, leur  capacité à être visibles lors d’un salon dématérialisé a imposé des arbitrages drastiques, ramenant le nombres d’heureux élus à treize, au lieu des 38 que comptait la #TeamNA 2020. Parmi elles, deux entreprises du Poitou-Charentes. Lux-Lingua donc, à Jarnac (16) et Domalys, basée à Fontaine-le-Comte (86), qui présente notamment une lampe "magique" connectée, Aladin, "avec un petit génie à l’intérieur". L'outil se propose de sécuriser le quotidien des personnes fragiles en détectant les signes avant-coureurs de perte d’autonomie, donnant l’alerte en cas de chute.

On s’est préparé vraiment différemment, le souci cette année étant de réussir à se démarquer. Nous on a choisi d’agir en amont du salon pour proposer aux personnes qu’on souhaitait rencontrer de nous retrouver pendant les CES à l’occasion d’un meeting ou pour une présentation. On a beaucoup travaillé sur nos outils de communication, qu’on a adaptés avec de petites vidéos très courtes pour présenter notre produit de manière succincte, mais pertinente. Et puisque le gros de l’activité est de répondre en live sur un chat, on avait aussi préparé toute une série de questions-réponses. 

Arnaud Brillaud, président fondateur de Domalys

Dans le cas de Lux-Lingua, la problématique était un peu différente puisque le lancement de leur produit, Xemplar, une plateforme d’expériences préconçues en réalité augmentée, destinée à mettre en valeur les bouteilles de vins et autres spiritueux, remonte juste au mois de décembre dernier. La crise sanitaire les ayant privés de la soirée de lancement espérée, ils ont opté pour une web-série, dévoilant chaque vendredi une partie du produit et de ses fonctionnalités.

Du coup on avait déjà un stock énorme de vidéos, et tout avait déjà été prévu en anglais de toute façon. On a donc dit oui très vite. Pour nous le timing est juste parfait, puisque le CES nous permet de lancer Xemplar encore un peu plus fort qu’on avait pu le faire en décembre. Pour nous démarquer, on a capitalisé sur les réseaux sociaux car pour moi, le terrain de bataille est en ligne. Ca impose de proposer du contenu intéressant et créatif, suivre les tendances, trouver les bons hashtags, les bons mots-clefs. C’est vraiment un travail linguistique de fond. 

Aurélie Colin-Thévenet, co-fondatrice de Lux-Lingua

Si les chefs d’entreprises s’accordent à déplorer que la légendaire "magie du CES" opère mal en mode virtuel, ils concèdent quand même quelques avantages à ne pas avoir dû traverser l’Atlantique.

Même si on a eu le décalage horaire, puisqu’on a travaillé à l’heure américaine [de 13h à 2h du matin], on n’a pas eu le jet-lag, les hotels hors de prix, le vacarme de la vie à Vegas, et on a échappé à la nourriture pizza-hamburgers. On est bien. Accessoirement ça coûte beaucoup moins cher [environ trois fois moins], et ça nous permet de rester auprès de nos équipes, parce que le CES c’est une chose, mais on a quand même nos boites à faire tourner en période de crise ! 

Aurélie Colin-Thévenet, co-fondatrice de Lux-Lingua

Quoi qu’il en soit, pour perfectible qu’elle soit, la formule distancielle fera date et sera amenée à se pérenniser, sous une forme qui reste à déterminer.

On peut imaginer une formule hybride pour les prochaines éditions du CES, avec des gens en présentiel et d’autres en background qui restent à la maison. Ou alors un deuxième salon en version virtuelle, à un autre moment de l’année. Quoi qu’il en soit il va falloir nous adapter pour maîtriser ce type d’évènements. A charge aussi aux organisateurs de s’organiser pour avoir des outils qui vont bien. Mais la formule est intéressante. Je vois ça comme une première marche. On fera le point,  mais le maitre mot c’est : qu’est-ce-qu’on a appris et comment ça va nous faire grandir pour demain. 

Arnaud Brillaud, président fondateur de Domalys

Aurélie Colin-Thévenet se veut pragmatique.

De toute façon, il faut être réaliste. Pour les deux ans qui viennent, il va falloir renoncer à réunir des foules comme on le faisait jusqu’à présent. Et même si la manière est différente, ça nous permet de continuer à travailler. Donc la plongée dans le bain est certes un peu brutale, mais comme il faut de toute façon apprendre à nager … c’est très bien. Moi j’espère juste qu’on va pouvoir s’amuser en virtuel. Je passe un peu ma commande mais j’aimerais qu’ils nous fassent des avatars, qu’on puisse les personnaliser …

Aurélie Colin-Thévenet, co-fondatrice de Lux-Lingua

A Paris, Virtuality, un salon dédié à la réalité virtuelle et augmentée, a proposé une édition entièrement virtuelle en décembre dernier, pour s’affranchir des règles de distanciation.

Dans l’esprit du jeu Second Life, chaque participant y était modélisé sous forme d’un avatar pouvant évoluer au milieu des différents stands, dans les allées et interagir avec les avatars des autres participants.

Ça ne donne probablement pas plus de résultats, mais ça permettrait qu’on retrouve les codes qu’on a en salon traditionnel. Il y a plein de petits trucs qui marchent en réel qu’on pourrait transposer en virtuel. 

Aurélie Colin-Thévenet, co-fondatrice de Lux-Lingua

 

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