La centrale nucléaire du Blayais en Gironde se porte candidate pour accueillir des réacteurs nouvelle génération. Le site de Golfech en Lot-et-Garonne aussi. On vous explique les atouts et les inconvénients de cette installation, qui fournit 65 % des besoins en électricité de la région mais qui vient d'être épinglée par l'Autorité de sûreté nucléaire pour plusieurs défauts.
C'est un site industriel emblématique, plébiscité localement d'un côté, vivement décrié par les antinucléaires de l'autre. La centrale du Blayais trône au bord du fleuve, à l'embouchure de la Gironde. Un site doté de quatre réacteurs de 900 mégawatts, dont la durée de vie ne doit pas dépasser les 60 à 70 ans pour chacun d'entre eux.
Bien placée et proche de l'eau
Quel avenir pour le site girondin ? Ce pourrait être l'implantation de deux réacteurs nouvelle génération, les réacteurs pressurisés européens ou EPR, comme ceux de Flamanville en Normandie. Les habitants y croient, comme ce monsieur de Braud-et-Saint-Louis, la commune dans laquelle est implantée la centrale. "Cela fera du bien à la commune, ça embauchera, au niveau des entreprises, ça va s'imposer un peu plus, c'est beaucoup mieux !". Une autre habitante rajoute : "Bien sûr qu'il faut, ça ne va pas alimenter que la commune, c’est plus qu'important."
La coiffeuse du village abonde. "Ce serait une continuité ! Cela fait déjà quelques années que l'on a une centrale, donc cela ne changera pas grand-chose, je crois, à part faire développer encore le coin."
La centrale de Golfech en Lot-et-Garonne est également candidate pour accueillir de nouveaux réacteurs.Celle du Blayais a pour atout sa proximité avec l'embouchure de l'estuaire de la Gironde pour y pomper de l'eau afin de refroidir ses puissants réacteurs.
"Le principal avantage de la commune de Braud-et-Saint-Louis, c'est qu'elle a une source d'eau à proximité. À Golfech, ils ont des tours réfrigérantes et ils ont la Garonne. Mais ce n'est pas pareil. Avec le marnage d'eau de cinq mètres chez nous, on peut refroidir un tel équipement", assure Jean-Michel Rigal le maire.
EDF dispose par ailleurs du foncier et de la main-d’œuvre locale, formée dans un lycée dédié. Autant d'atouts qui fédèrent derrière la candidature l'ensemble des acteurs politiques et économiques du secteur.
La région Nouvelle-Aquitaine soutient et mobilise largement autour de cette candidature." il faut à la fois développer les énergies renouvelables, moderniser et faire des sauts technologiques sur le nucléaire afin d'assurer notre autonomie énergétique et un prix de l'énergie qui ne pèse pas sur le pouvoir d'achat des ménages", explique Alain Rousset, le président de région qui a réuni vendredi 6 septembre plusieurs acteurs régionaux autour de cette candidature.
Des défauts et des lacunes
Un point négatif tout de même vient un peu assombrir les chances et les perspectives du site du Blayais. Dans son dernier rapport qui vient d'être publié, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a effectué une quarantaine d'inspections de la centrale du Blayais en 2023, souligne de nombreux défauts de qualité et de maintenance sur les quatre réacteurs vieillissants, et des lacunes dans la formation et les compétences.
L’exploitant de la centrale du Blayais, EDF, "n’a pas réussi à enrayer en 2023 la dégradation des performances en matière de sûreté déjà constatée l’année précédente", a regretté Vincent Jechoux, délégué territorial de la division de Bordeaux de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Avec huit incidents de niveau 1 sur 7 qui ont été déclarés en 2023, contre six en 2022, la centrale girondine est "en retrait" des performances des autres sites gérés par EDF.
De quoi doucher l'espoir de la candidature des Girondins ? La décision d'implanter, ou non, deux nouveaux réacteurs EPR à Braud-et-Saint-Louis sera rendue fin 2026.