“On a l’impression d’être méprisées" : sage-femme, une profession toujours en crise

Ces derniers mois, les sages-femmes ont fait grève à plusieurs reprises pour réclamer des moyens humains, une revalorisation de leurs salaires et surtout une meilleure reconnaissance de la profession. À l’occasion de la Journée mondiale de la sage-femme ce 5 mai 2022, où en sont-elles ? On fait le point.

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“Se mobiliser pour les sages-femmes, c’est se mobiliser pour toutes les femmes”. C’est le message que souhaite faire passer l’Ordre des sages-femmes ce jeudi 5 mai, à l’occasion de la journée internationale de la sage-femme.

Depuis plus d’un an, la profession n'a cessé de faire entendre sa voix lors de grèves et des manifestations.

"On méprise la santé des femmes"

Car les sages-femmes s’inquiètent de la perte d’attractivité de la profession. Elles se disent “anéanties”, exprime Alexandra Duchesne, sage-femme au CHU de Bordeaux depuis plus de 20 ans. “On a l’impression d’être méprisées et qu’on méprise la santé des femmes”, poursuit-elle.

Car depuis les différents mouvements de grève, “rien n’a changé”, se désole la sage-femme. “Nous avons été très déçues et cela a démoralisé une profession déjà en tension.” Une prime d'exercice médical, reconnaissant la spécificité du métier de sage-femme dans la fonction publique hospitalière, a été instaurée en février dernier. Mais pas suffisant pour retenir les sages-femmes.

Aujourd’hui, on a de moins en mois de sages-femmes face à de plus en plus de naissances : au CHU de Bordeaux, on est passé de 4.200 naissances par an en 2002 à 6.000 aujourd’hui.

Alexandra Duchesne, sage-femme au CHU de Bordeaux

De plus en plus de reconversions

Nombreuses sont celles à rendre leurs blouses pour se tourner vers d’autres secteurs. “Beaucoup de mes collègues font des bilans de compétences pour se réorienter complètement", témoigne Alexandra Duchesne, qui fait partie de celles qui aiment encore profondément leur métier. “J’ai encore suffisamment d’amour à donner au milieu hospitalier et à mes patientes pour ne pas envisager de partir.”

D’autres, se tournent vers le secteur libéral, pour fuir les contraintes de l’hôpital. “Les plus jeunes n’ont plus le sens du sacrifice comme nous, et elles ont bien raison”, analyse Alexandra Duchesne.

Sage-femme libérale ou hospitalière, même galère

C’est le cas d’Amandine Geoffroy, après une expérience de stage à l’hôpital en 2019, qui “l’a complètement dégoûtée”. Depuis deux ans, la jeune femme fait des remplacements dans un cabinet de Parempuyre, au nord de Bordeaux.

Mais difficile de gagner convenablement sa vie en début de carrière, même “en bossant non-stop”“Je vais miser sur des formations à côté, comme le massage bébé”, explique la jeune femme.

Aujourd’hui, on peut aller plus loin dans les actes gynécologiques en traitant le conjoint ou en prescrivant des anti-inflammatoires contre les règles. C’est très bien. Mais ce que l’on veut, c’est que les tarifs de nos actes soient revus à la hausse !

Amandine Geoffroy, sage-femme libérale à Parempuyre

Comme toute profession libérale, cette liberté a un prix : les sages-femmes en cabinet ne bénéficient pas de congés payés. En février, Amandine Geoffroy s’est accordée des vacances : “J’ai gagné 800 euros dans le mois, donc c’était un peu galère derrière…”

Et au même titre qu'en milieu hospitalier, les sages-femmes en cabinet font face à des pénuries, "surtout au moment des vacances scolaires où il est très difficile de trouver des remplaçantes", se désole Amandine Geoffroy.

Le combat n'est pas fini. Pour aller plus loin, l'Ordre des sages-femmes a décidé d'interpeller les candidats aux élections législatives, en leur proposant de signer un engagement pour défendre la profession.

“Si ces professionnelles sont enfin reconnues dans leur rôle médical et dans leurs nombreux champs de compétences, leur contribution essentielle à l’amélioration de la santé de nos concitoyennes gagnera en puissance”, espère le conseil national de l'Ordre des sages-femmes dans un communiqué.

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