Des habitants de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, sont en colère contre l'implantation d'un pylône de téléphonie 5G. Ils ont lancé une action en justice pour faire enlever l'antenne. De son côté, le maire aimerait faire évoluer la règlementation.
C'est un pylône métallique de 38 mètres de haut qui ne passe pas inaperçu, route de Feydit, à Saint-Médard-en-Jalles. Au sommet, une antenne 5G, pour le très haut débit du réseau Bouygues Telecom y trône.
Une vision qui ne plaît pas aux habitants. De nombreux riverains sont dépités de voir le pylône depuis leur jardin. "Si je veux prendre le petit déjeuner sur ma terrasse, voilà ce que j’ai. On aurait pu le mettre ailleurs, c’est une aberration", regrette Claude Tourenne, un riverain.
Tout près de là, Emmanuel Burguete est l'un des plus proches du grand mat. Sa maison est située à 110 mètres de l'antenne. Il commence à regretter de s'être installé là. "Aujourd’hui, si je devais acheter ma maison, je ne l'achèterais pas", lâche-t-il.
C'est dommage d'avoir une belle propriété juste en face de la nature avec une antenne qui vient polluer le paysage.
Emmanuel BurgueteHabitant de St-Médard-en-Jalles
Un groupe d'habitants du quartier de Corbiac, où se situe le pylône, s'est mobilisé contre le projet dès le début d'année dernière. Une pétition avait été signée. Mais l'antenne a été finalement déployée en décembre, à proximité d'un bois classé, font remarquer des riverains.
Terrain privé
Le projet, initié depuis 2021, prévoyait initialement de l'installer plus à l'intérieur du quartier de Corbiac. Mais le maire, Stéphane Delpeyrat, avait notifié son refus, en janvier 2023, à cause de la proximité des écoles. L'opérateur était allé en justice et la commune avait perdu. Bouygues, l'opérateur du projet, a cependant continué ses recherches plus loin et trouvé un terrain agricole à louer.
Face à la colère des riverains, aujourd'hui, le maire de la commune reconnait que "ce n'est pas très agréable d'avoir l'antenne qui peut gâcher la vue". Il a depuis reçu les opposants, expliquant qu'il n'avait pas voulu s'opposer une deuxième fois à l'installation de l'antenne. "Quand on s'oppose à ce type de projet, les tribunaux donnent raison aux opérateurs à 99 %", dit-il. "Il y a un deal entre l'État et les opérateurs pour éviter les zones blanches et faire face à la demande des gens qui consomment davantage internet par le téléphone et de vidéos", ajoute-t-il.
On n’a pas à autoriser ou pas une antenne, juste dire si c'est conforme ou pas en terme d'occupation des sols. La loi est du côté des opérateurs.
Stéphane DelpeyratMaire de Saint-Médard-en-Jalles
Impuissant dans la situation actuelle, le maire aimerait que le cadre réglementaire évolue. "Les maires n'ont pas beaucoup de pouvoir. C'est peut-être au législateur d'y réfléchir. Il faudrait revoir les aspects de négociation avec les opérateurs pour que les maires puissent avoir un rôle."
Les habitants, eux, ne s'avouent pas vaincus. Il y a deux mois, dix d’entre eux ont lancé une action en justice, au tribunal administratif, contre la municipalité. Emmanuel Burguete en fait partie. “Il y avait d’autres alternatives. Et on aimerait être écouté par le juge pour qu'il dise aux opérateurs d'essayez de mieux intégrer ces antennes."
Fin des zones blanches, augmentation de la consommation des données, face à la demande croissante, les différents opérateurs poursuivent rapidement leur déploiement massif de la 5G, une technologie pourtant controversée. En septembre 2023, 40 000 antennes étaient déjà installées en France.