"On ne pensait pas qu'il y en aurait autant derrière." Il y a un an, le CHU Bordeaux soignait le premier cas de Covid-19

Il a été le tout premier patient positif de la Covid-19 en Europe. Un an après son admission au CHU de Bordeaux, Laurent Chu est revenu rencontrer le personnel soignant. L'occasion pour l'équipe médicale de revenir sur ces douze mois passés à côtoyer la maladie.

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Dès son arrivée sur le parking, le sourire de Laurent Chu se devine derrière son masque. Celui qui fut le patient numéro 1, le tout premier à être diagnostiqué positif au Covid-19 en Europe, était ce jeudi de retour au CHU Pellegrin. "ça me fait remonter des souvenirs, quand même", reconnaît le quadragénaire. 

Trois semaines d'hospitalisation

Il y a un an, Laurent Chu, conseiller de la chambre d'agriculture de Gironde rentrait de Chine. Il avait fait escale à Wuhan, avant de revenir sur Bordeaux. "J'avais de la fièvre et de la toux. J'avais fait ma valise au cas où, j'étais prêt à être isolé", se souvient-il.
SOS médecin, qui suspecte un premier cas de Covid-19, l'oriente vers l'hôpital Pellegrin. Il allait y rester 22 jours.

C'est avant tout pour retrouver l'équipe soignante qui l'a accompagné pendant tout son séjour que Laurent Chu a tenu à revenir. Avec une crainte : celle de ne pas les reconnaître. "Ils portaient des masques, des blousons, des charlottes et de lunettes. Je ne connaissais pas leurs visages". 

J'ai été très bien pris en charge et soigné. A l'époque, il n'y avait pas beaucoup de solutions médicales adaptées, mais ils ont fait beaucoup d'efforts. J'ai été très bien entouré et je les en remercie.

Laurent Chu, premier patient français positif au Covid-19



Dans l'équipe qui prend en charge Laurent Chu se trouvent notamment les infectiologues Denis Malvy et Arnaud Desclaux. Ce dernier se souvient du moment où le diagnostic est tombé. "La première chose que nous avons faite, c'était de savoir dans quel état de santé il se trouvait. La deuxième, ça a été de contacter nos collègues de l'hôpital Bichat [deux autres cas positifs étaient simultanément confirmés dans cet hôpital parisien, ndlr].


Ensuite, on se plonge dans l'embryon de littérature qui existe sur la prise en charge des patients en Chine pour mettre au point notre stratégie", poursuit le médecin.

Un contexte anxiogène

Bien qu'habitué à isoler les malades souffrant de maladies respiratoires, comme la tuberculose, le médecin garde en souvenir le contexte des premières arrivées de cas suspect. "Il y avait une mécanique qui nous faisait parfois nous déplacer la nuit pour organiser le transport des prélèvements… Des choses qui sont aujourd'hui impensables". 
 

A cette époque-là, tous les patients qui arrivaient de Chine avec de la fièvre ou des signes respiratoires étaient amenés directement par le Samu, qui portait des combinaisons intégrales. 
Les patients allaient directement dans les chambres à isolement respiratoire. 

Arnaud Desclaux, Médecin pathologies infectieuses et tropicales, CHU Bordeaux 

Au centre de l'attention médiatique

Au moment de l'admission de Laurent Chu à l'hôpital, la nouvelle d'un premier patient positif au coronavirus sur le territoire français est extrêmement médiatisée. 
Une étape de plus à surmonter. "Laurent Chu est resté très longtemps, il savait que l'attention était portée sur lui, même s'il était à l'écart des caméras, se souvient le docteur Arnaud Desclaux.
C'était particulier à gérer. Notre équipe de psychologues a énormément travaillé avec lui, et ça a été difficile, pour les patients et les familles".

Cadre supérieure de santé dans le service maladies infectieuses et tropicales, Brigitte Bonpunt se souvient, elle aussi, de ce patient pas comme les autres. "On se disait que nous devions le soigner le mieux possible, et en même temps nous devions faire attention à ne pas nous contaminer. Nous étions très concentrés". 

Quand on l'a vu arriver, on ne pensait pas qu'il y en aurait autant derrière. Ni qu'un an après on serait encore dans le Covid. 

Brigitte Bonput, cadre de santé au CHU Pellegrin


Capacité de réorganisation, d'adaptation à la situation, développement de la recherche médicale... La résilience dont ont été capables les soignants ces derniers mois a particulièrement marqué la cadre de santé. "En un an, quand je vois tout le chemin parcouru...C'est incroyable. Je ne dirai pas que c'est positif, mais il y a eu beaucoup de choses extraordinaires quand même. J'en suis très fière".

Voir le reportage de France 3 Aquitaine

Laurent Chu serait aujourd'hui soigné "en ambulatoire"

Les connaissances médicales sur le sujet n'ont en effet pas cessé de croître. Hospitalisé pendant trois semaines, Laurent Chu serait, s'il avait déclaré la maladie aujourd'hui, "soigné en ambulatoire", a reconnu le professeur Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et invité de France 3 Aquitaine

"La maladie du Covid est désormais mieux prise en charge(…) Nous sommes dans un tunnel dont on voit l'issue, mais il y a encore une partie du chemin à réaliser. Nous allons devoir gérer d'autres risques, comme les variants qui émergent aux Etats-Unis ou en Afrique du sud", a poursuivi le professeur, avant de rappeler l'importance des vaccins.

Voir l'interview de Denis Malvy invité du 19/20 de France 3 Aquitaine

 

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