Sur le littoral atlantique, les autorités appellent les vacanciers à la plus grande vigilance face aux risques de formation de baïnes. En première ligne, les équipes de nageurs sauveteurs tentent de prévenir le danger en sensibilisant les baigneurs, pas toujours conscients du danger encouru.
Sur la plage du Porge, située à une heure de Bordeaux, les nageurs sauveteurs peinent à se faire entendre. "Merci de retourner dans la zone de baignade, cette zone va être de plus en plus dangereuse." Les coups de sifflet retentissent à plusieurs reprises, s'entremêlant au bruit des vagues qui s'éclatent sur les bancs de sable. "On rabâche souvent les mêmes choses, mais on ne peut pas leur en vouloir, c'est de l'insouciance", lâche, d'un ton las, Florian Adnet, nageur sauveteur sur la commune.
Ce lundi 29 juillet, les forts courants marins entraînent la création de baïnes aux abords du bassin surveillé, délimité par l'équipe de secouristes. Un phénomène dangereux, qui peut surprendre les baigneurs non avertis.
Cuvettes d'eau et risque d'être emporté
En saison estivale, les plages de la côte atlantique sont régulièrement visées par des appels à la vigilance de la part des préfectures en raison de la formation de baïnes. Signifiant "petit bassin" en gascon, ces cuvettes d'eau, semblables à des piscines naturelles, se forment sur les plages et entraînent d'intenses courants d'extraction vers le large.
L'agitation du pan d'eau est dû au courant qui s'est amassé dans la baïne et qui s'extrait à ce niveau-là. Ce sont vraiment deux forces qui se rencontrent.
Florian Adnetnageur sauveteur de la commune du Porge
Depuis le poste de secours, niché au-dessus de la plage du Porche, les baïnes s'observent dès 15 heures ce jour-là. "Vous voyez là-bas les vagues qui déferlent sur le banc de sable ?, montre Florian Adnet. Elles se vident ensuite dans le trou d'eau, qui est le début de la baïne. L'eau stockée suit la forme de la baïne et s'extrait vers le large. C'est ce phénomène d'extraction qui peut potentiellement emporter les baigneurs."
Voir cette publication sur Instagram
Plus bas, à même le sable, il est plus difficile de percevoir les zones dangereuses. "Ce qui est très sournois ici, c'est que c'est un endroit calme et les gens ont pied à 50 mètres du bord, signale Florian Adnet. Lorsqu'ils reviennent, ils perdent pied dans cette zone, et peuvent se faire emporter ou du moins stagner vers un endroit où il est difficile de rester à la surface."
Calme trompeur
Pour informer les vacanciers, la zone de 600 mètres de surveillance des sauveteurs est balisée par des panneaux de signalisation sur lesquels flotte un drapeau rouge. Pourtant, et malgré les réprimandes régulières de l'équipe de secouristes, les baigneurs persistent à nager hors de l'espace de baignade surveillé. "C'est un peu étroit comme zone de bain, souffle une vacancière, les bras croisés. On est tous entassés."
"On est conscients que ça fait beaucoup de monde au mètre carré, on essaie d'adapter notre dispositif", réagit Florian Adnet. Pour autant, le sauveteur regrette le manque de compréhension de la part des usagers.
En semaine, l'équipe compte seulement huit sauveteurs, répartis entre le poste de secours et les chaises hautes de surveillance positionnées près du bord. "Nous, on déploie des moyens alors qu'on aimerait les concentrer sur les gens qui font l'effort de se baigner dans la zone surveillée", regrette le secouriste.
En ayant ce comportement, on incite à se baigner dans cet endroit et à les mettre en danger.
Florian Adnetnageur sauveteur sur la plage du Porge
Ne pas paniquer et patienter
En 2023, quatorze personnes sont mortes noyées en raison des baïnes. "L'épuisement crée la potentielle noyade", pointe Florian Adnet, insistant sur le caractère "particulier" de chaque baïne. Pour éviter un tel scénario, les sauveteurs insistent sur la nécessité de rester calme et de "ne pas paniquer". "La meilleure solution serait de se laisser déporter et de chercher à sortir du courant vers le sud en rejoignant les vagues qui portent vers le bord." Mais "chaque baïne a sa configuration, son courant et son comportement associé pour s'en sortir".
La règle d'or est celle de la patience. "C'est inutile de chercher à revenir vers le bord. Nous-mêmes, on s'entraîne deux fois par jour et on n'est pas en capacité de sortir du courant. Le meilleur comportement à adopter c'est de ne pas paniquer et de se manifester en faisant des gestes, en se maintenant à la surface, en tapant dans l'eau pour créer du visuel" et ainsi alerter les sauveteurs.
Autre règle d'or : se baigner dans la zone surveillée par les secouristes, qui seront plus à même d'intervenir rapidement en cas d'accident. Sur la plage du Porge, près de 25 personnes ont déjà été secourues depuis le début de la saison.