Conséquence du Covid-19, opéras, ballets et concerts symphoniques sont annulés jusqu'au 10 juillet. L'Opéra de Bordeaux mise sur la solidarité et sur la saison suivante.
"Annulé", "annulé", "annulé". Aucune représentation prévue sur le calendrier n'y échappe.
Depuis le 13 mars l'Opéra National de Bordeaux (ONB) a suspendu son activité en raison de la pandémie qui a finalement eu raison de la saison 2019-2020 puisque celle-ci ne reprendra pas.
Au total 81 représentations sont suspendues dont des spectacles qui annonçaient complet comme la trilogie des opéras de Mozart. "Il est toujours très difficile de devoir renoncer à une levée de rideau. C’est une décision rarissime dans l’histoire de notre maison, le Grand-Théâtre avait réussi à maintenir son activité quasiment sans interruption depuis 1789", explique Marc Minkowski, le directeur général.
Appel à la solidarité et cri d'alerte des intermittents
Au total, les pertes pourraient s'élever jusqu'à 2,5 millions d'euros pour l'établissement et ce sont 40 000 billets que le guichet devra rembourser à ses spectateurs. L'Opéra de Bordeaux en appelle à la solidarité des amoureux de la culture et propose de convertir la place achetée, en partie ou totalement, en don. Une réduction fiscale de 66% du montant pourra ainsi être effectuée sur l'impôt sur le revenu du donateur, et de son côté l'Opéra pourra amortir le creux financier de cette fin de saison difficile.
Il sera également possible de soutenir l'ONB en réservant les places pour la saison prochaine dont le programme sera dévoilé mi-juin.
Le directeur a rappelé aujourd'hui dans notre édition du 12/13 de Nouvelle Aquitaine, que des solutions doivent également être trouvées pour les intermittents du spectacle dont le Gouvernement étudie encore l'accès au chômage partiel.
Salvatore Caputo, directeur du Choeur de l'ONB, le rappelle, ils représentent une part essentielle du monde du spectacle: "dans le Choeur nous sommes 40 artistes permanents et à chaque représentation nous faisons appel à une douzaine d'intermittents pour assurer le spectacle. Et je ne parle que du Choeur!". En effet, en plus des permanents et toutes professions cumulées, ce sont près de 400 intermittents qui tirent les ficelles devant et derrière les rideaux, soit la moitié du personnel total employé par l'Opéra.
Ne pouvant signer de contrat pour leur permettre l'accès au chômage partiel, les intermittents redoutent les mois qui arrivent. "Les calendriers des salles sont très serrés, on sait que les spectacles annulés auront du mal à être reportés. Et puis tout le monde annule! On peut se retrouver des mois entiers sans cachet", explique Stanislas de Barbeyrac, ténor et intermittent.
Continuer d'exister
Si les représentations s'arrêtent, les artistes, eux continuent. Depuis le début du confinement, l'Opéra de Bordeaux a multiplié les initiatives comme les interventions tout en musique et en danse dans la cour du CHU de Bordeaux et à la Mairie le 10 avril dernier.De leur côté, les couturiers et couturières de l'ONB accompagnés de bénévoles se sont lancés dans la confection de masques homologués pour faire face à la crise sanitaire.
Enfin, en attendant la reprise, des rediffusions sont prévues chaque semaine sur la page Facebook de l'Opéra de Bordeaux. La prochaine aura lieu mercredi 29 avril à 21h: un documentaire retraçant les représentations de jeunes artistes interprétant "Le Messie" de Haendel à l'Auditorium puis au Festival Ré Majeure.