Ouverture des écoles le 11 mai : des maires de Gironde disent être dans le flou, quelques-uns pourraient la refuser

"Le flou", c'est le sentiment partagé par de nombreux maires, ils attendent des précisions sur les modalités d'ouverture et des précisions sur le nombre d'élèves à accueillir. Daniel Fenelon à Belvès-de-Castillon va prendre un arrêté de fermeture de l'école, de la cantine et de la garderie.

 

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"Je trouve que c'est une aberration de remettre les enfants dans les écoles, rien n'est fini, le virus est toujours là et il faut protéger les personnels et les enfants..." Par ces mots très forts, Daniel Fenelon, le maire de la petite commune de Belvès-de-Castillon en Gironde ( un peu plus de 300 habitants ) débute son commentaire. Il ne voit pas l'utilité de "remettre les enfants confinés dans des écoles, comment voulez-vous que des enfants respectent des gestes barrières, les conditions ne sont pas réunies pour retourner dans les écoles, cela ne s'est pas amélioré quand on voit 435 morts encore en 24 heures...

L'épidémie gagne du terrain, on apprend hier que les enfants sont atteints par une maladie un peu bizarre et on veut les remettre dans les écoles ! C'est complétement de la folie, c'est de la folie, c'est de la folie.
Daniel Fenelon maire de Belvès-de-Castillon


Et le maire de Belvès de continuer : " On a peut-être atteint le pic et on est sur la vague descendante, mais dès que l'on va libérer les gens, on va se retrouver avec des cas un peu partout. Le problème se pose avec les transports scolaires, les tout petits n'auront pas de masque, on ne sait pas qui le bus aura transporté avant et si on transporte nos enfants dans un bus désinfecté. 
Les responsabilités, c'est quand même le maire qui les prend, s'il y a quoi que ce soit, on ira chercher le maire. Les instituteurs ne sont pas trop favaorables aussi qaund on les écoute bien. On attend le 4 pour avoir des informations, les masques il n'y en a pas, l'Académie doit fournir des masques pour les tout petits au cas où, mais on ne sait pas grand chose. Là, je vais prendre un arrêté de fermeture, il n'y aura pas école, pas de cantine et de garderie."

Des maires naviguent à vue


Le maire de Belvès-de-Castillon a d'autres collègues ailleurs en France qui ont la même position. D'autres maires estiment: " On navigue tellement à vue au niveau du gouvernement que nous c'est exactement pareil" par voie de conséquence comme le souligne le maire d'Andernos-les-Bains, sur le Bassin d'Arcachon.

Jean-Yves Rosazza, sans étiquette, pose le problème: "la situation est très claire ou bien j'estime avoir des réponses au niveau organisationnel avec les parents, les enseignants et les personnels, et cela pourra fonctionner le 11 mai, ou bien si je n'ai pas toutes les réponses, en absence de certitudes, je n'ouvrirais pas dans le flou".

"On a trop d'interrogations. Quand le Président a parlé, on n'a pas bien saisi l'objet de l'ouverture : pour stopper la déscolarisation de certains jeunes, j'y adhère... Mais après, on nous dit que ce sera sur la base du volontariat, est-ce que ce seront des cours ou une garderie pour permettre au parents de reprendre le travail, car le monde économique va mal. Je n'ai pas les réponses. Mais je n'ai pas d'a priori, ni pour ni contre, on est juste en situation de devoir réorganiser et je ne sais absolument pas dans quel sens on va. Est-ce que les instituteurs vont être testés ? Je suis dans le flou par rapport au nombre d'agents possibles. Je souhaite avoir ces réponses-là. Sinon, il y aura une sorte de blocage."

Bernard Guiraud, maire sans étiquette divers gauche de Lesparre y va de son analyse:  " Ce que l'on sait, c'est qu'on ne sait pas... Ce que j'ai appris du Premier Ministre, c'est qu'on ne pourra pas dépasser le nombre de 15 dans les classes, après on est complétement dans le flou. On a appelé l'inspecteur de l'éductation nationale du Médoc, il y a une réunion aujourd'hui. On a demandé au directeur d'école de faire un sondage sur qui allait mettre ses enfants à l'école. Si j'ai 50% des élèves qui viennent en classe, comment je vais faire, on a en général des classes de 24 élèves, lundi-mardi on en prendrait la moitié et jeudi-vendredi l'autre, on pense aux parenst d'élèves qui travaillent, cela ne règlera pas leur problème.

Si j'ai plus d'un tiers des élèves présents, je n'ouvrirai pas car je ne pourrai pas assurer la sécurité sanitaire.
Bernard Guiraud maire de Lesparre

Et de poursuivre : " Je prendrai la décison en début de semaine prochaine, on se prépare techniquement, on n'est pas contre, mais par exemple on a 4 écoles maternelles, pour la cantine on a des tables traditionnellement à 8, de 8 elles vont passer à 3 et des tables de 6 qui devraient passer à 2 ".

Ce matin, Fabienne Buccio, la Préfète de la Gironde, lors de son point presse régulier sur la crise liée au coronavirus a tenu à préciser ce point à l'égard des maires qui ont fait savoir qu'ils ne voulaient pas ouvrir leur école communale le 11 mai : "il faut qu'ils reviennent à la raison..."

J'espère les ramener à la raison et je leur demande de défendre l'intérêt général et celui de leurs concitoyens. Retrouver l'école, c'est retrouver la vie sociale, retrouver une équipe, ses copains, l'instruction. 
Fabienne Buccio, Préfete de la Gironde.

Et de préciser que les sous-préfets étaient en contact avec les maires concernés pour un travail sur mesure, quitte à aller voir les maires et discuter avec eux des difficultés rencontrées dans les établissements. "Si on n'est pas capable d'ouvrir en zone rurale avec la moitié des élèves... quand on sait l'effet du confinement, d'un point de vue social, surtout dans ces zones rurales, d'un point de vue psychologique pour les gens et les enfants...  Concernant la position plutôt ferme de maire qui ne voudrait pas ouvrir, la Préfète reste pour l'heure mesurée et va continuer à convaincre : "pour l'instant on en est à l'étape de la discussion, de la négociation, on a un peu de temps devant nous."


A Langon, le maire Philippe Plagnol précise: "la rentrée, ce sera le 12 mai car le 11 cette journée sera consacrée à la rentrée des professeurs. Nous, on est en train de préparer une rentrée quasi-normale, elle concernera 150 élèves en maternelle et en primaire. Un bureau par élève et une table à la cantine par élève, avec des repas gratuits pour les enfants de gens en difficulté. Le problème numéro un est de savoir combien d'enfants vont venir, on ne va pas accueillir 10 enfants et préparer 150 repas ou inversement. On estime que 50% des parents vont emmener leurs enfants. Sur notre territoire, sur le Sauternais, on a beaucoup d'employés à l'hôpital, ou de force de l'ordre ou encore de gens en grande difficulté sociale. Je crois que les gens vont mettre leurs enfants à l'école, les enfants sont peu atteints ou peu infectants. L'Education Nationale protégéra ses enseignants et nous nos agents municipaux, avec lavage des mains et distances à respecter entre les personnes."

Du côté du rectorat, Anne Bisagni-Faure, Rectrice de l'Académie de Bordeaux estime que ces arrêtés des maires sont de "rares prises de position, je repère des inquiétudes mais nous allons y apporter des réponses avec le protocole sanitaire à partir de demain. J'ai des retours  des 5 inspecteurs académiques que le travail a déjà largement démarré au plus près des maires et de communes sur la façon de préparer cette reprise progressive.

Le principe même de ce protocole de reprise, c'est de s'adapter à chaque situation localement, il y a un cadrage national mais une adaptation à chaque  situation locale.
Anne Bisagni-Faure Rectrice de l'Académie de Bordeaux


" Il n'y aura pas qu'une seule réponse, elle sera adaptée au plus près, cela va se faire dans le dialogue, je veux rassurer les élèves, les parents et les professeurs. L'Etat sera au rendez-vous et l'Education Nationale au plus prêt, des réponses vont se construire, la semaine du 4 mai va être la semaine utile pour préparer chacune de ces écoles."

Le gouvernement va présenter son protocole sanitaire qui devrait prévoir une prise de température des élèves par les parents chaque matin, une distance d'un mètre à respecter, des gestes barrière obligatoires avec notamment un lavage de mains régulier, aération de salles de classe et désinfection aussi de manière régulière, des jeux de ballon ou de contact seront interdits.

De son côté Jack Allais, maire d'une commune de 2600 habitants, Saint-Quentin-de-Baron (Les Républicains), peut témoigner de son expérience et des mesures déjà prises sur le territoire de sa commune car"on a déjà une école de regroupement qui est restée ouverte depuis le 16 mars, on s'était porté volontaire pour accueillir des enfants de soignants. On a ainsi pris la mesure de certaines difficultés, notamment à la récréation, c'était déjà commpliqué à gérer avec 3-4 élèves, et alors à 15-20 je n'imagine pas".

"J'ai décidé avec la liste qui a été élue, et notamment mon adjointe aux écoles qui était tête de liste (car Jack Allais ne se représentait pas),  que à 15 par classe cela ne sera pas possible  (nous avions des classes de CM2 à 30 élèves), on ne pourra fonctionner qu'à 10 ou 12 car la superficie des classes n'est pas suffisante. Concernant la cantine, on est d'accord pour ouvrir progessivement, avec les recommandations sanitaires, sachant qu'il parrait difficile d'aller dans la rigueur à nettoyer 3 fois par jour certains matériels. On a lancé un questionnaire à destination des parents, pour nous donner des indications sur le nombre. Je ne prendrai aucun risque pour les enfants, pour le personnel Atsem et personnel de nettoyage dont il faut saluer le travail. En maternelle, nous avons 10 toilettes, il va falloir réserver 5 toilettes pour les gamins et pas plus, pour les dortoirs nous auront 10 gamins répartis sur 2 dortoirs". 

"Si tout le monde fait preuve de bon sens, avec 10-12 élèves par classes les conditions peuvent être réunies. Mais on peut comprendre le côté anxiogène, aussi un psychologue va être associé. Il va y avoir des failles, mais on va responsabiliser un maximum tout le monde, avec notamment pour les parents une prise de température des enfants tous les matins. Mais là encore, il faudra faire attention à la stigmatisation. Le risque zéro n'existe pas. En tout cas on est dans l'optique d'y aller."
 

 
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