Quelle surprise ! Jeudi dernier Fredéric Beigbeder remettait le Prix de Flore à Raphaël Rupert pour "L'anatomie de l'amant de ma femme". Derrière ce roman se cache une petite maison d'édition bordelaise nommée l'Arbre Vengeur.
La maison d'édition est confortée dans son choix d'avoir choisi d'éditer Raphaël Rupert. A l'époque elle avait aimé son style, sa réflexion sur la littérature et le sexe. Aujourd'hui la voilà primée pour son audace. Oui mais pour quelles retombées économiques ?
Le rude condition de lauréat du Prix de Flore : le moment DJ en compagnie du président Beigbeder. Raphaël Rupert y a fait entendre sa petite mélodie... photo @Trames_xyz pic.twitter.com/1f2Mlocx1P
— L'arbre vengeur (@ArbreVengeur) November 9, 2018
Évidemment, à première vue on s'imagine un boom des ventes et des conséquences forcément positives à cette marque de reconnaissance. C'est moins simple que cela en réalité.
David Vincent, responsable éditorial de l'Arbre Vengeur, est heureux mais prudent. Recevoir le Prix de Flore peut en effet être à double tranchant :
Tout d'un coup, il faut qu'on réimprime 8000 livres, donc ça a un prix. Il faut qu'on fasse mettre des bandeaux et qu'on le remette en place. Tout ça, ça a un coup presque industriel, avec le risque qu'il puisse ne pas se vendre.
Alors, pour faire face à cette incertitude, la maison d'édition ne va tout simplement rien changer à son fonctionnement. Jusqu'ici, elle a toujours privilégié la trésorerie. Soit pour pouvoir être libre de ses choix mais aussi pour faire face à la crise. Et pour avoir de la trésorerie la recette est simple : deux employés seulement, et qui ne sont pas rémunérés.
En effet David Vincent et son collègue Nicolas Etienne (Directeur artistique de l'Arbre Vengeur) sont tous les deux amateurs. C'est à dire qu'ils ont un métier à côté. La journée l'un travail au Festin, l'autre au Conseil départemental de la Gironde.
On est partis sur un modèle qui était celui de développer l'activité en parallèle de nos métiers respectifs et ca s'est pérennisé. Avec la crise aidant, le fait que les livres se vendent peut-être un peu moins bien, on a pas eu l'occasion de changer de modèle...
explique Nicolas Etienne.
Une autre petite maison d'édition bordelaise avait elle aussi connu un grand succès il y a deux ans. Il s'agit de Finitude avec le roman "En attendant Bojangles" d'Olivier Bourdeaut. Mais le roman avait connu le succès commercial avant de remporter plusieurs prix. Autre différence, les employés de Finitude ne sont pas des amateurs, ils sont salariés.
Le prix du succès de " l'arbre vengeur ", c'est à découvrir ici ! ►