L'alerte est lancée en ce début de saison qui commence mal : 314 noyades accidentelles ont eu lieu en France entre le 1 er juin et le 5 juillet, dont 22 en Nouvelle Aquitaine.
Ces chiffres particulièrement élevés sont communiqués par Santé publique France qui appelle à la vigilance (enquête Noyades 2021, en France métropolitaine et dans l’ensemble des outremers).
L'enquête de l'agence sanitaire a répertorié 314 "noyades accidentelles documentées" ayant entraîné 79 décès, selon des résultats préliminaires. Une hausse de 22% pour les noyades accidentelles, et de 58% des décès, si l'on compare ces chiffres à cette même période, en 2018.
21% concerne les enfants en bas âge (0-5 ans) et 25 % les plus de 65 ans. Mais comme l'explique Aymeric Ung, épidémiologiste et responsable de cette enquête, "il n'y a pas de public protégé de la noyade : tous les âges et tous les lieux sont concernés". De quoi nous rendre humbles et vigilants pour que chacun profite de la baignade sans danger cet été. Il indique que cette hausse est inquiétante car cela représente près de 30 vies (de 50 à 79 décès). "Et le beau temps n'explique pas tout "car "les 15 premiers jours de juin ont été beaux, mais après..." Il explique également qu'il s'agit d'alerter chacun sur le fait que beaucoup d'entre nous ont manqué d'exercices ces derniers temps et qu'il convient de se remettre à la nage sans sur estimer ses capacités ou sous-estimer les risques.
En Nouvelle Aquitaine
On compte près de 1000 décès par noyades en France chaque année et la moitié se produit bien évidemment à la saison estivale. Ces enquêtes de Santé publique France sont effectuées tous les 3 ans du 1er juin au 30 septembre mais déjà début juillet, les chiffres sont alarmants.
On déplore 22 noyades sur cette période (1er juin au 5 juillet 2021) en Nouvelle-Aquitaine dont 8 décès. L'épidémiologiste précise que "plus de 80 % des noyades ont lieu sur des sites naturels". Nous avons une large façade littorale où les risques doivent être identifiés par les baigneurs (marées, baïnes et autres courants d'arrachement). D'autres sites naturels valent le détour, mais il n'est pas toujours possible de s'y baigner. Etangs, rivières, gouffres ,... à chacun ses particularités, ses dangers éventuels pas forcément évidents pour le visiteur.
Et beaucoup de ces accidents traumatisants (voir l'article de SpF) pourraient être évités. Il détaille que certains se produisent sur des sites interdits à la baignade ou non surveillés, que ces noyades peuvent être également liées à une consommation d'alcool ou de stupéfiants,... Par ailleurs, les sites interdits peuvent être "moins accessibles pour les secours" qui mettront peut-être plus de temps à intervenir.
Manque d'exercice
En 2020, les accidents de noyade recensés entre début juin et début août (donc deux mois pleins) avaient baissé d'environ 20% par rapport aux années précédentes, une diminution que Santé publique France attribuait à la
fermeture de piscines en raison du Covid-19 et la moindre fréquentation des lieux de baignade.
Ces accidents sont survenus en 2021 "dans le contexte de levée des mesures de restrictions déployées pour la gestion de l'épidémie de Covid", relève SpF. Des mesures qui "se sont traduites notamment par une réduction importante de l'activité physique et une prise de poids entraînant une probable altération de la condition physique de la population".
La hausse des noyades "pourrait donc être partiellement liée à une mauvaise appréhension des capacités physiques ou à une dégradation de l'état de santé au sortir d'une longue période de moindre activité", analyse SpF.
Elle appelle à "renforcer la prévention sur le risque de noyades à tous les âges, en insistant sur la reprise progressive de l'activité physique, dont la baignade".
21% concerne les moins de 5 ans
C'est en mer que ces accidents ont été le plus nombreux (près de la moitié ). Suivent les piscines privées familiales (19%), les fleuves et rivières (14%), et les plans d'eau comme les lacs (10%).
Près de 50 % en bord de mer
Parmi les 314 noyades accidentelles enregistrées en France (et O.M) selon le lieu de survenue :
- 49 % sont survenues en mer dont 36 % (55 dont 16 décès) concernaient des personnes de 65 ans ou plus
- 25 % sont survenues dans un cours d’eau et plan d’eau, noyades qui concernaient toutes les classes d’âge
- 23 % sont survenues en piscine dont 65 % (49 dont 4 décès) concernaient des enfants de moins de 6 ans
- 3 % (8) sont survenues dans d’autres lieux (baignoire, bassin, etc.).
Santé Publique France pointe le fait que "les noyades accidentelles suivies de décès concernaient tous les âges et tous les lieux de noyade (...) Les décès en cours d’eau et plans d’eau ont représenté 44 % du total et contrairement à 2018, ces décès n’ont pas seulement concerné les adultes, mais également des enfants et des adolescents".
Des accidents évitables
Face à ces accidents trop nombreux, Santé Publique France appelle à la vigilance de chacun. La baignade doit se faire en sécurité et si possible jamais en solitaire.
- Tenez compte de votre état de forme
- Ne vous baignez pas si vous ressentez un trouble physique (fatigue, problèmes de santé, frissons, courbatures…)
- Adaptez l’intensité de votre nage à vos capacités et ne surestimez pas votre niveau de natation. Lors de la reprise dela natation après une interruption privilégiez les distances courtes. Souvenez-vous qu’il est plus difficile et fatiguant de nager en milieu naturel (mer, lac, rivière) qu’en piscine
Pour les plus petits :
- Apprendre aux enfants à nager le plus tôt possible et les familiariser à l’aisance aquatique dès le plus jeune âge
- Surveiller les enfants en permanence
- Chaque enfant doit être surveillé par un seul adulte qui en prend la responsabilité. Le moment de baignade "doit avoir un début et une fin" permettant une surveillance active, et ensuite, "on remet le dispositif de sécurité" quand il s'agit d'une piscine familiale...
Pour les adultes :
- Il n’est jamais trop tard pour commencer à apprendre à nager
- S’informer sur les conditions météorologiques et, de manière générale, respecter les consignes de sécurité, les interdictions de baignade et choisir les zones de baignade surveillées signalées par les drapeaux de baignade, où l’intervention des équipes de secours est plus rapide
- Prévenir un proche avant de se baigner
- Rentrer dans l’eau progressivement surtout après une longue exposition au soleil
- Eviter la consommation d’alcool avant de se baigner
Source : Santé Publique France