Pourquoi les dockers en grève veulent bloquer le port de Bordeaux en juin

Quatre jours de "ports morts" sont annoncés par les dockers, auxquels s'ajoutent six jours de débrayages de quelques heures. L'ensemble de l'activité du port de Bordeaux sera perturbé pendant le mois de juin. Certaines entreprises bordelaises sont inquiètes pour leur activité.

Ce jeudi 6 juin, l'activité du port de Bordeaux sera bloquée entre 11 heures et 16 heures. Une action de revendication des dockers, la première d'une série annoncée pour tout le mois de juin.
Les 7, 13, 21 et 25 juin, la fédération CGT des dockers appelle à une grève complète, et à l'arrêt de l’activité du port de Bordeaux. Et pendant six autres journées, des débrayages entre 10 et 16 heures sont annoncés.

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La CGT Docks et ports de Bordeaux annonce un jour d’arrêt de travail par semaine et des heures perlées, ainsi qu’un blocage de la zone portuaire ©France 3 Aquitaine

Réforme des retraites

Parmi les revendications, la réforme des retraites. Avant la réforme, les dockers pouvaient partir à la retraite à partir de 58 ans. Aujourd'hui, ils ne peuvent le faire qu'à 60 ans.

Selon la Fédération nationale des ports et docks (CGT), le président de la République, lors d'une visite sur le port du Havre en avril 2021, avait pourtant indiqué que la réforme des retraites ne s'appliquerait pas aux ouvriers dockers et travailleurs portuaires. Depuis, plusieurs phases de négociations ont eu lieu entre septembre 2023 et avril 2024, mais aucun accord ne s'est dégagé de ces réunions de négociation. "On a su patienter, mais de réunion en réunion, on s'aperçoit qu'il n'y a rien qui en ressort", déplore Jérémy Barbedette.

Si c'est juste pour gagner du temps, au delà de n'avoir aucune solution à proposer, c'est irrespectueux

Jérémy Barbedette

Fédération nationale de ports et docks (CGT)

Présence d'amiante

La CGT revendique la reconnaissance d'une 5ᵉ année de pénibilité ainsi qu'une étude claire et sérieuse, pour évaluer les risques liés à la présence d'amiante dans les installations portuaires, et leurs conséquences pour les salariés. Encore trop de flou sur cette problématique de santé selon Jérémy Barbedette.

L'heure est donc au rapport de force, inévitable selon le préavis de grève envoyé à Patrice Vergriete, le Ministre délégué chargé des Transports du gouvernement français.

Nous estimons ne pas être respectés dans la négociation. Nous ferons la démonstration de notre capacité à mener des combats de haut niveau.

Tony Hautbois, Secrétaire général de la fédération ports de docks (CGT)

Préavis de grève

Aucune réunion n'est, à ce jour, prévue entre la CGT et le gouvernement sur ce conflit qui débute.

Containers en souffrance

À Bordeaux, plusieurs entreprises s'inquiètent de cette série de jours de grève qui s'annonce. AGS est spécialiste des déménagements internationaux. Les familles qui partent de France vers l'étranger, ou vers les outre-mer, utilisent les transports en conteneurs pour acheminer leurs affaires personnelles.

Des camions bloqués, ou des containers qui ne peuvent pas embarquer sur le bateau prévu, ce sont des frais qui s’accumulent et qui ne sont pas prévus sur nos devis.

Laurent Rioual

Directeur de la société AGS Bordeaux

Le directeur déplore des mouvements sociaux qui pénalisent trop régulièrement l'activité. Difficile pour lui aujourd’hui de faire partir ou de réceptionner les conteneurs avec des délais sécurisés. "On craint que certaines compagnies décident de ne plus déposer les conteneurs sur les ports français, et choisissent de décharger sur des ports belges, hollandais ou anglais", poursuit Laurent Rioual.

Et là, c'est au frais du client d’acheminer le container au point d’arrivée final.

Laurent Rioual

Directeur de la société AGS Bordeaux

Même constat pour la gérante de l'entreprise DS Globe. Son entreprise fait du transport routier de conteneurs. Un embarquement raté, ce sont des frais de détention de conteneur supplémentaires, des camions bloqués plusieurs heures, ou qui roulent à vide. Grèves et débrayages l'obligent à se réorganiser en permanence. "Le planning est chamboulé, le soir à 20 heures je suis encore en train de refaire le planning pour le lendemain ou le surlendemain. C’est prise de tête", confie-t-elle.

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