Accusé d'avoir tué son ex-femme de 9 coups de couteau, Merzouk Oudjdi comparaissait depuis ce lundi devant la cour d'Assises de la Gironde. Il a été condamné ce vendredi à vingt-cinq ans de prison.
La cour d'Assises de la Gironde n'a pas suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé à ce que Merzouk Oudjdi soit condamné à trente ans de prison. Mais la sentence reste lourde : le meurtrier de Safia Mohamedi, son ex-compagne et mère de ses quatre enfants, a écopé de vingt-cinq ans de prison.
La victime s'appelait Safia Mohammedi et elle avait 32 ans. Ce jeudi, elle avait aussi un visage pour les personnes qui assistent au procès de son ex-compagnon, Merzouk Oudjdi à la cour d'assises de la Gironde.
Ce mercredi 14 septembre, deux photos ont été extraites par les enquêteurs des tablettes et des téléphones, et affichées durant l'audience. Jusqu'à présent, ces images étaient sous scellés, dans son appartement de Grand Parc, là où elle a été tuée.
Dans le box, Merzouk Oudjdi n'a pas cillé, bien qu'il ait reconnu déjà les faits en début de semaine et demandé pardon à sa femme et à ses enfants. Il est accusé d'avoir porté neuf coups de couteau au visage et sur le corps de son ex-compagne dans un énième accès de violence, le 21 octobre 2019. Cette dernière a succombé à ses blessures devant la porte de son appartement.
Ce jeudi 15 septembre, l'audience était consacrée au réquisitoire du Ministère public ainsi qu'aux plaidoiries des parties civiles et de la défense.
"On touche du doigt l'abominable"
"Il vous sert ses regrets parce que c'est ce que vous attendez", a expliqué d'emblée aux jurés Maître Isabelle Desmoulins, l'avocate des quatre enfants, dont seule l'aînée est présente à l'audience. Et de rappeler que leur père a "une absence radicale d'empathie". "Il est amputé de la pensée et de l'affect", assène-t-elle, avant de pointer l'enfance effacée de ses jeunes clients.
Ilan, le petit dernier, qui a longtemps refusé de parler. Mayles, 7 ans, qui voit sa mère en sang dans ses cauchemars. Idir, 12 ans, qui ne veut plus porter le nom de son père parce qu'il a peur de lui ressembler. Lyna, 13 ans, qui culpabilise de ne pas avoir pu sauver sa mère. "On touche du doigt l'abominable, l'intolérable", réagit ensuite Eric Legrand, avocat général. Et de s'adresser à Lyna, assise au premier rang : "Ce que vous avez vécu est inadmissible, inhumain, mais vous n'y êtes pour rien. Vous vous devez à la vie".
Le réquisitoire s'achève. Le Ministère public le veut exemplaire : il demande 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sureté de vingt ans à l'encontre de Merzouk Oudjdi. Il requiert également l'obligation de quitter le territoire français à l'issue de la peine, l'accusé étant de nationalité algérienne, ainsi que la déchéance de son autorité parentale.
"Je vous demande de comprendre"
C'est au tour de la défense de prendre la parole. L'une des deux avocates, Maud Sécheresse, est longuement revenue sur l'enfance de Merzouk Oudjdi. Ce dernier est issu d'une fratrie de six enfants que son père abandonne, alors qu'il est âgé d'à peine 10 ans. "Cet abandon est à l'origine de sa peur de voir sa famille lui échapper", déclare l'avocate.
Sa consœur, Manon Grimaud, avance que l'accusé "n'a pas pris le ticket du train express de l'intégration". "Alors que Safia devient toujours plus belle et plus indépendante, lui reste sur la touche, poursuit l'autre avocate de la défense. Avec cette séparation, il perd sa famille et son toit. Et il continue de s'accrocher à cet idéal de famille."
Puis, elle s'adresse aux jurés en ces mots : "Je vous demande de comprendre. Ca a été l'acte d'un homme descendu aux enfers, l'aboutissement de frustrations, de ruptures et d'abandon". Enfin, elle se tourne vers les magistrats de la cour, et rappelant la condamnation de Jonathann Daval à 25 ans de réclusion criminelle en 2020 : "Je vous demande une peine juste".
Le délibéré est attendu dans la soirée de ce jeudi 15 septembre.