Réactions à la mise en examen de deux propriétaires de Saint-Emilion pour "prise illégale d'intérêt"

Deux personnalités de la viticulture bordelaise ont été mis en examen pour "prise illégale d'intérêts", soupçonnées d'avoir été à la fois juge et partie dans le classement de grands crus. Une bataille judiciaire entre châteaux de St-Emilion. Ils s'expliquent dans ce reportage. 

L'affaire remonte déjà loin.  En 2013, trois vignerons, contestant le classement  2012 où ils étaient évincés ou rétrogradés. Ils avaient alors porté plainte. 
Elle vise les règles et le processus de ce classement décennal créé en 1955, véritable enjeu commercial et financier pour les propriétés viticoles, est révisé tous les dix ans par l'INAO dépendant du ministère de l'Agriculture. 
Pierre Carle, Associé gérant du château Croque Michotte, est l'un de ces trois plaignants avait alors été très surpris par le changement des règles du jeu. 

"Les paramètres qui gênaient certains candidats et leurs conseillers ont été neutralisé dans la grille de classement. Et on s'est aperçu qu'il avait été entre temps et  après le dépôt des dossiers, e nouveaux paramètres comme une chambre d'hôte, une salle de séminaire, un hôtesse pou accueillir les gens. Mais quelqu'un qui déguste ces vins à Buenos Aires ou à Moscou s'en moque. Ce qu'il veut c'est que le vin soit bon. "


Cinq ans de procédure 

Une longue procédure qui aboutit maintenant à la mise en examen de deux figures du Bordelais. L'information judiciaire avait été ouverte dans cette affaire par le parquet le 29 novembre 2013.

Hubert de Boüard, copropriétaire du Château Angelus, l'un des quatre premiers grands crus classés A de Saint-Emilion, et Philippe Castéja, propriétaire du château Trottevieille, ont été mis en  examen pour "prise illégale d'intérêts par charge de mission de service public dans une affaire dont il assure l'administration ou la surveillance", a indiqué le parquet.
Ils siégeaient tous deux à l'INAO à l'époque de l'élaboration du classement 2012.  Les deux hommes, mis en examen respectivement les 18 et 19 septembre, sont soupçonnés d'avoir participé à l'élaboration d'un nouveau règlement relatif au classement 2012 des Saint-Emilion grand cru. Ils sont également soupçonnés d'avoir participé au processus de classement lui-même, alors qu'ils avaient des "intérêts directs ou indirects" dans ce classement.  
Hubert de Boüard, rencontré ce mardi, conteste :

"C'est fort prise illégale d'intérêts. Soixante-deux ans, je pense avoir beaucoup travaillé pour la profession, plus que beaucoup d'autres pendant plus de 40 ans. Donc c'est quand même bien sûr un peu amer... mais je conteste formellement cette prise illégale d'intérêts. Je fais mon travail. Je n'ai participé ni de près ni de loin au classement de St-Emilion ni participé au vote.  Je vais continuer à me battre."

Un classement qui joue sur la valeur économique du vin

Les deux hommes sont "soupçonnés d'avoir été juge et partie intéressée à la décision, ce qui a des conséquences économiques considérables" dans la valeur des vins, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
 
M. Casteja s'est déclaré "serein dans ce dossier". "Je ne me suis jamais occupé de classement de Saint-Emilion", a-t-il encore dit. En 2016, Hubert de Boüard était débouté après avoir porté plainte pour diffamation contre une journaliste qui le mettait en cause dans une enquête sur les nouvelles règles du classement des Saint-Emilion.
 

Bataille devant les tribunaux


Une bataille judiciaire loin d'être terminée car si ces mises en examen peuvent déboucher sur un procès en correctionnelle, la validité même du classement en question est en attente d'une décision de la Cour administrative d'Appel .
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