Loin de la capitale, le microparti de Raphaël Glucksmann, Place Publique a choisi de faire sa rentrée politique à La Réole, dans le sud Gironde. Un choix qui témoigne de la volonté de l’élu européen de recréer un lien entre la gauche et les territoires ruraux.
La Réole, en Gironde, compte un peu plus de 4000 habitants. Cette ville moyenne a pourtant accueilli, loin des grands meetings parisiens, la rentrée politique de Place Publique, le microparti de Raphaël Glucksmann.Le député européen y a organisé un forum ouvert, dans toutes les places de la ville. Une manière pour celui qui vise “le pouvoir”, aux législatives et probablement aux présidentielles, de renouer avec les campagnes, “délaissées” par les partis de gauche nationaux.
Se rapprocher des campagnes
Ils étaient quelques centaines ce dimanche. Sur les places de la Réole, les citoyens aquitains et au-delà ont participé à ce week-end de débats et de conférence, organisé par Place publique. À l’origine de cet événement, le maire (Place Publique) de la Réole, Bruno Marty, voulait ancrer le projet politique de Raphaël Glucksmann au-delà des villes. “Le parti a la volonté de se rapprocher du monde rural qui a autant de chose à dire que la métropole”, explique l’édile girondin.
Maire de sa commune depuis quatre ans, l’édile se bat pour faire vivre politiquement ces villes moyennes. “La Réole, c’est le symbole de ce qu’il se passe dans les villes rurales, avec une ville centre et autour des communes rurales qui souffrent, qui ont des choses à dire et attendent d’être écoutées”, explique-t-il.
Je veux être le porte-voix de ces “invisibles” qu’on n’entend pas.
Bruno MartyMaire (Place Publique) de La Réole
Pendant deux jours, des figures de la gauche se sont succédé : Aurélien Rousseau, Carole Delga, Sacha Houlié, Yannick Jadot, Clément Beaune ou Anne Hidalgo. À leurs côtés, des figures locales ont également tenu à exprimer leur voix comme Alain Rousset, Jean-Luc Gleyze, Pascale Got ou encore le député socialiste landais Boris Vallaud.
Boris Vallaud n’a d’ailleurs pas caché sa volonté de changer le discours politique qu’il juge déconnecté et “moralisateur”. “On doit apprendre à écouter sans juger. On passe notre temps à faire la morale aux gens, leur dire ce qu’il faut bouffer, comment ils doivent vivre. Si on veut marquer une rupture avec l’image de l’ordre politique établi, il faut arrêter et aller à la rencontre des plus modestes”, assure le député de la Chalosse.
Dans son discours de clôture, Raphaël Glucksmann a lui choisi de relier l’histoire de France, et ses Girondins à son programme politique. “Nous sommes un parti viscéralement girondin. Le girondisme, c’est un rapport au monde, à la liberté à la fois humble et décentralisé. C’est l’humanisme de Montaigne, le libéralisme philosophique de Montesquieu”, précise-t-il, se plaçant dans l’opposition “à l'arrogance de ceux qui pensent tout savoir et finissent par brutaliser la société”.
Mea culpa
Démissionnaire du parti socialiste, l’édile réolais Bruno Marty reconnaît aussi un éloignement de la gauche de ces territoires ruraux. “Ce sont des territoires souvent oubliés par la gauche, voire stigmatisés. Nous sommes sur les terres des anciens bastions de la gauche qui sont devenus bruns sous la vague du Rassemblement National”, alerte Bruno Marty.
Un constat que partage le député landais, Boris Vallaud. Lors des dernières élections législatives, il a pris conscience de la défiance qui émergeait. “Des gens que je croise tous les jours, que j’estime et qui m’estiment, ont jugé plus utile de glisser un bulletin Bardella que le mien. Évidemment, ça oblige à une forme d’examen de conscience", assure le député de la troisième circonscription des Landes.
Derrière ce rendez-vous démocratique, Raphaël Glucksman, ses 11 000 adhérents et 300 élus, ne cachent pas leur volonté d’étendre leur programme et leur parti. “Il faut que nous soyons cinq à dix fois plus nombreux”, lance-t-il en fin de discours de clôture.
Conscient des freins qui bloquent le parti dans ces territoires, le député européen promet “un programme sans tabou”. Écologie, sécurité, immigration, pouvoir d’achat, Raphaël Glucksmann veut proposer un programme global, et “affronter sur tous les terrains” le Rassemblement national. L’essayiste vise d’ailleurs une nouvelle dissolution pour laquelle il se prépare. Selon Franceinfo, il entamerait par la suite un Tour de France “pas forcément dans les villes”.
Pour accroître “la représentativité” et sortir d’une notion de "pouvoir sans compromis”, le député européen a d’ailleurs annoncé vouloir mettre en place le vote proportionnel à la place de celui, actuel, à la majorité.