"On ne peut plus manger comme au siècle précédent" : la résilience alimentaire, nouveau défi des producteurs aux consommateurs

Comment continuer à manger sainement face aux changements climatiques ? C'est la question posée par la résilience alimentaire. À Bordeaux, le festival lancé par la mairie en a fait sa thématique. Dans la région, la résilience alimentaire est cependant au cœur de nombreux projets autour des agriculteurs et les consommateurs.

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D’ici 100 ans, nos assiettes risquent bien de ne pas ressembler à celles servies aujourd’hui. Grêles, sécheresse, maladies, les changements climatiques transforment déjà les agricultures de la région.
Des épisodes auxquels s'ajoutent des crises, géopolitiques ou encore sanitaires, qui modifient l'alimentation, entre raréfaction de certains aliments ou dimension polluante de certains modes de consommation. “La résilience alimentaire vise à anticiper les changements à venir, notamment climatiques, pour permettre de se nourrir sur les prochaines décennies”, indique la mairie de Bordeaux. 

Nouvelle gastronomie

Du 7 au 13 octobre, le festival BON ! organise sa deuxième édition à Bordeaux. Organisé par la mairie de Bordeaux et parrainé par le chef étoilé Thierry Marx, il propose au public de “goûter et apprécier de nouvelles saveurs”.
“Nous sommes en train de faire de Bordeaux le lieu d’une nouvelle gastronomie, qui dit qu’on ne peut plus manger comme au siècle précédent, le changement climatique s'impose. Et que cela soit accessible au plus grand nombre : le bon peut aussi être abordable”
, explique le maire de Bordeaux. 

Parrain du festival, Thierry Marx a fait de la résilience alimentaire son combat depuis 20 ans. S’il milite pour une meilleure alimentation plus locale, plus saine, il demande encore aux élus un engagement politique. “On est aujourd’hui face à une alimentation à deux vitesses entre ceux qui sont aisés et ceux qui sont en situation de précarité pour qui il est peu audible de consommer local ou biologique. Il faut travailler sur des circuits courts accessibles, et aussi éduquer la population au bien manger”, martèle le chef étoilé. 

Il faut arrêter de faire des consommateurs et refaire des mangeurs.

Thierry Marx,

Chef étoilé, parrain du festival BON !

Parmi ses engagements, il demande un encadrement du label “fait maison” dans les restaurants. “Cela permettrait aux 175 000 restaurants du territoire d’obtenir une reconnaissance d’un travail d’artisan accessible en termes de prix. Sans ça, on se prive de toute une partie de la gastronomie française”, rappelle Thierry Marx.

Cantines et jardins partagés

À Bordeaux, la mairie a d’ailleurs fait de la résilience alimentaire un sujet fondamental. Avec le programme “Bordeaux recettes d’avenir”, la ville veut que “tous les Bordelais puissent, au plus vite, manger local, sain et bon”.

Maraîcher bio au Haillan, fermes urbaines à la Benauge, jardins partagés, au-delà de proposer de nouvelles habitudes alimentaires, la Ville mise également sur le développement de productions agricoles locales, consommées notamment par les cantines des écoles de Bordeaux. “C’est un de nos leviers les plus forts. Nous distribuons chaque jour 24 000 repas aux écoles et seniors. On travaille à augmenter les parts de produits biologiques et locaux”, détaille Eve Demange, conseillère municipale en charge de la résilience alimentaire.

Aujourd'hui, la mairie affirme proposer 63% de produits bios, produits, pour les trois quarts, en Nouvelle-Aquitaine. “Cela permet de créer et structurer des filières locales pour l'avenir", ajoute Eve Demange.

À l’instar de la ville, la Métropole vise aussi à “produire plus, transformer localement, et mieux acheminer”. Elle a ainsi lancé le projet Recol’Terra avec 40 acteurs locaux. “Aujourd’hui, les communes de la métropole importent 96% des produits agricoles, et 70% des produits transformés. C’est énorme," indiquait-elle.

L’autonomie de la Métropole n’est d’ailleurs que de sept jours

Métropole de Bordeaux

Nouvelles agricultures

En première ligne de ces changements, le monde agricole, qui subit les aléas climatiques, réfléchit lui aussi à adapter ses pratiques aux besoins futurs. Parmi les nombreux programmes existants, la MSA, mutuelle sociale agricole, en a fait le thème de sa seconde saison d’accompagnement de structures d’insertion dans le monde rural. “Nos pratiques alimentaires font l’objet aujourd’hui de questionnements forts, d’ordre à la fois environnemental, politique, social, économique et sanitaire, et la MSA a à cœur d’œuvrer à une alimentation territorialisée et durable”, indique-t-elle.

En Gironde, deux structures vont être suivies pendant trois ans : l’association la Ferme des Deux Bouts et l’entreprise Castilab. Si l’une propose d’insérer les ménages précaires autour d’une ferme de maraîchage où sont enseignées des méthodes de cultures plus respectueuses de l’environnement, la seconde offre des emplois aux personnes éloignées du monde du travail, notamment dans des magasins de vente de produits biologiques et locaux.

Principalement écologiques, les enjeux de la résilience alimentaire questionnent également l’indépendance. Dans la région, une quarantaine de chercheurs travaillent sur cette question depuis la crise de la Covid-19 au sein d’un programme nommée Serealina. “Cette période a fortement modifié nos modes de vie et notre consommation alimentaire. En tant que première région agricole française, la Nouvelle-Aquitaine a une production très diversifiée. Pourtant, à échelle plus locale, les territoires sont très spécialisés et orientés majoritairement à l’export. La région exporte autant qu’elle importe de produits agricoles et alimentaires ”, avancent les chercheurs de l’université Bordeaux Sciences Agro, qui pointent également une baisse du nombre d’exploitations en Nouvelle-Aquitaine.

Omniprésente dans le monde politique, la résilience alimentaire est également au cœur des demandes des agriculteurs qui dénoncent, depuis des mois, des importations grandissantes et une concurrence déloyale qui offre aux consommateurs la possibilité de manger moins cher, sans alerter sur une qualité inférieure tant sur le plan environnemental que sanitaire.

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