Dix-sept ans après le placement de Romain Dupuy en Unité pour malades difficiles, la Cour d'Appel de Bordeaux annule la décision du juge des libertés et de la détention de le placer dans un hôpital psychiatrique classique. Romain Dupuy avait été reconnu irresponsable pénalement du meurtre de deux soignantes à Pau.
Romain Dupuy, diagnostiqué schizophrène et pénalement irresponsable du meurtre de deux soignantes à l'hôpital de Pau en 2004, ne sortira pas de l'Unité pour malades difficiles de Cadillac, en Gironde.
Ainsi en décide, ce vendredi 17 juin, la Cour d'Appel de Bordeaux alors que la juge des libertés et de la détention avait autorisé, le 9 juin dernier, son transfert vers un hôpital psychiatrique classique. Le parquet de Bordeaux avait alors immédiatement fait appel de cette décision.
Lors de l'audience du mercredi 15 juin, les avocats de Romain Dupuy avaient plaidé pour dénoncer l'atteinte à la dignité de leur client en le maintenant dans cette UMD au régime quasi carcéral.
« Ce que je réclame, c’est d’avoir les mêmes droits que n’importe quel patient », avait déclaré Romain Dupuy lors d'une interview à France 3 Nouvelle Aquitaine avant l'audience.
Pourvoi en cassation
Dans son ordonnance, la juge des libertés et de la détention (JLD), qui vérifie tous les six mois que le régime d'internement des hospitalisés psychiatriques sans consentement est en adéquation avec leur état mental, avait considéré que le placement de Romain Dupuy en Unité pour malades difficiles était "devenu irrégulier" et avait ordonné sa levée
Mais dans son arrêt, la Cour d'Appel de Bordeaux considère que la juge des libertés et de la détention n'est pas compétent pour statuer sur les modalités de prises en charges thérapeutiques d'un patient.
Les avocats de Romain Dupuy annonce vouloir saisir désormais le juge administratif et la cour de cassation. Me Hélène Lecat annonce de pas vouloir baisser les bras pour son client.
Rappel des faits
Romain Dupuy, aujourd’hui âgé de 39 ans, avait été reconnu irresponsable pénalement du meurtre de deux soignantes à l'hôpital de Pau en 2004.
Il n'a donc jamais été jugé pour ce drame qui avait ému toute la France à l'époque des faits.
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, le jeune homme alors âgé de 21 ans, s’était rendu à l'hôpital de Pau où il avait déjà été soigné à trois reprises pour schizophrénie, armé d'un couteau de cuisine et de tournevis cruciformes.
Il avait tué sauvagement une aide-soignante et une infirmière : Lucette, 40 ans et Chantal, 48 ans. L’une étant poignardée, l’autre décapitée. Sa tête déposée sur un poste de télévision.