Romain Dupuy, schizophrène qui avait tué deux soignantes, défend son transfert dans une unité psychiatrique classique

Romain Dupuy a passé 17 ans à l’Unité des Malades Difficiles de Cadillac en Gironde. Il avait été jugé irresponsable de ses actes lors de son procès pour le meurtre de deux infirmières à Pau en 2004. La cour d’appel rendra son arrêt vendredi 17 juin à 14h.

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Elle a entendu toutes les parties ce mercredi afin d’examiner le sort de Romain Dupuy. Toutes les parties y compris Romain Dupuy. « Ce que je réclame, c’est d’avoir les mêmes droits que n’importe quel patient », a-t-il affirmé. « Je cherche à me réadapter", poursuit-il, "j’ai un très bon comportement depuis le début, et on n’a rien à me reprocher. J’ai beaucoup travaillé avec les médecins, les infirmiers et le personnel soignant (…). J’aimerais que la justice et les autorités reconnaissent mes efforts "

Le 9 juin dernier, la Juge des Libertés et de la Détention a rendu une ordonnance dans laquelle il était demandée la levée du placement en UMD de Romain Dupuy tout en le maintenant en hospitalisation complète. C’est-à-dire qu’elle autorisait sa sortie de l’UMD hôpital de Cadillac pour un hôpital psychiatrique classique jugeant qu’il ne représentait plus de danger. Décision, dont le parquet a immédiatement fait appel.

Rappel des faits

En 2007, soit trois ans après les faits, Romain Dupuy a été jugé irresponsable pénalement du meurtre de deux soignantes au centre hospitalier de Pau. La France entière avait été marquée par la violence de ce fait divers. L’une des deux femmes avait été décapitée, et sa tête retrouvée sur une télévision.

Le jeune homme schizophrène avait 21 ans à l’époque. Il avait été placé à l’Unité pour malades difficiles de Cadillac. Dix structures de ce type existent en France. Elles sont réservées aux patients dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. Situées dans des hôpitaux psychiatriques, il s’agit de lieux fermés où les mesures de sécurité sont très strictes. Aujourd’hui Romain Dupuy a 38 ans. Il a donc été soigné durant 17 ans dans cette UMD de Gironde.  

Déjà plusieurs demandes de transfert

Romain Dupuy réclame depuis plusieurs années son transfert dans un hôpital psychiatrique classique. Ses demandes sont soutenues par la commission de suivi médical de l’hôpital de Cadillac. Pour autant, la situation est bloquée.

Je n’ai eu aucun signe d’agressivité durant 17 ans.

Romain Dupuy

La préfecture s’est toujours opposée au transfert de Romain Dupuy. Quant à la juge des Libertés et de la Détention (JLD) qui a ordonné sa sortie d’UMD il y a quelques jours, elle avait déjà été sollicitée par les avocats de Romain Dupuy en 2021. Et à l’époque elle s’était déclarée incompétente, renvoyant vers la préfecture.

Un changement de ton de la part de la JLD qui aurait pu laisser penser que justice et médecine s’accordaient à dire que transférer Romain Dupuy était justifié. Or, cette décision a été immédiatement suivie d’un appel du parquet et de la préfecture.  

« On ne sait pas qui est le juge » dans cette affaire (avocat de R. Dupuy)  

« Est-ce que c’est le juge civil qui a statué la semaine dernière qui s’appelle le juge des libertés et de la détention (JLD) ? », interroge maître Serge Portelli, l’un des avocats de Romain Dupuy. « Ou est-ce que le juge est incompétent et c’est le tribunal administratif qui l’est ? Le parquet et le préfet ont fait appel (…) et ont dit que ce juge qui a statué n’était pas compétent pour le faire. Mais simplement, ils ont oublié de dire qui était compétent ! »

L’avocat considère donc que les demandes du parquet et de la préfecture ne sont pas recevables, tant qu’il n’est pas établi qui a la compétence en la matière. « Et le plus important c’est que Romain Dupuy, au bout de 17 ans et après des soins qui ont été très efficaces, rejoigne une unité psychiatrique ordinaire où il a tout à fait sa place et non plus dans une Unité pour malade Difficiles alors que tout le monde dit qu’il n’est pas difficile », affirme son conseil.

De son côté, le réprésentant de la préfecture entendu ce mercredi par la cour d'appel de Bordeaux juge que le temps n'était pas venu pour Romain Dupuy d'être transféré.  Il estime que celui-ci présente toujours un risque grave et fait preuve d'une attitude manipulatrice. Selon lui, sa violence pourrait refaire surface avec la consommation de stupéfiants. Face à un risque de rechute, il préconise donc son maintien en UMD.  

Condamné à rester en UMD à perpétuité ?

Un homme jugé irresponsable de ses actes par la justice peut-il rester en UMD à perpétuité ? A quel moment peut-on considérer qu’il n’est plus dangereux pour la société ? Et qui peut être le garant de cette décision ?

Le cas de Romain Dupuy soulève des questions primordiales sur le traitement des personnes que la justice ne peut pas juger et qui sont placées entre les mains de la médecine. Les enjeux sont bien évidemment politiques.

Rappelons qu’en 2007, quelques jours avant que le juge d’instruction ne prononce un non-lieu « psychiatrique » pour Romain Dupuy, le président de la République Nicolas Sarkozy avait demandé à Rachida Dati sa ministre de la Justice de « réfléchir» à la possibilité de traduire un criminel devant un tribunal, même s'il est déclaré irresponsable pénalement.

Pour l’instant Emmanuel Macron ne s’est jamais prononcé sur le cas Dupuy. Seule la préfecture, qui représente l’Etat, l’a fait. Sa position n’a jamais changé. C’est non. 

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