Rugby : Blair Connor (fin de carrière), Jefferson Poirot (équipe de France), des jeunes retraités qui interpellent

Blair Connor, qui arrête sa carrière à 31 ans, Jefferson Poirot, qui se met en retrait de l'équipe de France à seulement 27 ans, le rugby de haut niveau est de plus en plus impitoyable avec les corps et les âmes. Et il n'y aura pas de réforme du calendrier avant au moins trois ans. 

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Il a dit stop. On le croyait invincible, inoxydable, presque éternel. Mais la réalité était bien différente. Blair Connor a donc annoncé ce mercredi 10 juin sur son compte Instagram qu'il mettait un terme à sa carrière. A seulement 31 ans et à un an de la fin de son contrat. Un choix mûrement réfléchi depuis longtemps:

" C'est une décision que j'ai prise avant le début de la saison 2019-20. Je l'avais annoncé à mon président Laurent Marti. Je n'ai plus rien à donner, j'ai donné tout ce que j'ai pu cette saison et je n'ai plus rien pour la prochaine"

Connor avait mal tous les jours

L'Australien, qui était le dernier joueur de l'Union Bordeaux-Bègles passé de la Pro D2 au Top 14, l'âme du club depuis dix ans, est usé, meutri par le rythme infernal du rugby professionnel :

" Depuis la fin de la saison 2018-19, je commençais à sentir une douleur chaque jour, notamment quand je sprinte ou je change de direction". Blair Connor a donc joué sa dernière saison avec un corps meutri. Si c'est un secret de polichinelle dans le sport de haut niveau, rares sont ceux qui confient ainsi leurs douleurs quotidiennes. Car dans son cas, il ne s'agit pas des conséquences d'un choc ou d'une commotion cérébrale, juste de la pratique quotidienne. 

Et encore, le chouchou du stade Chaban-Delmas n'était pas international, où le rythme et la pression font encore plus de dégâts, physique et mental.

L'UBB lui rend hommage ici >

Poirot à bout de souffle Bleu

Le futur ex-coéquipier à l'UBB de Blair Connor, Jefferson Poirot a lui-aussi annoncé une décision majeure pour sa carrière. A vingt-sept ans, il ne range certes pas les crampons aux vestiaires mais il a décidé de se mettre à la retraite internationale. 

Là encore, le choix du capitaine de Bordeaux-Bègles, 36 sélections en équipe de France, est mûrement réfléchi :

" Cette équipe de France est si dure à atteindre et parfois si éprouvante...Cette décision me permettra de ne plus avoir la sensation d'être à 50 % sur tous les fronts".

Usé par la pression du très haut niveau, par l'investisssement nécessaire, Jefferson a sifflé la fin de la partie. Et sa décision fait parler.

Des joueurs usés selon Bernard Laporte

Le président de la fédération française n'a pas été le dernier à réagir

Bernard Laporte : "il (NDLR : Jefferson Poirot) a besoin de se recentrer sur son club, sa famille. Je constate surtout que les joueurs sont usés, ce qui confirme ce que je pense aujourd'hui. Un joueur de haut niveau ne peut plus être concerné pendant dix ou onze mois par an". 

Le sujet n'est pas nouveau mais il devient urgent. Il en va de la santé des joueurs et de leur "survie" à haut niveau. En France notamment où ils jouent beaucoup trop. L'ex demi d'ouverture de la Section Paloise, Colin Slade a vu la différence. Dans une interview récente à Rugby Pass, l'ex All Blacks n'a pas caché sa surprise :

"C'est un marathon. Tu peux jouer trente-deux matchs par an. C'est complètement fou. On ne fait pas ça en Nouvelle-Zélande. Pour être honnête, c'est probablement la raison pour laquelle je suis parti...  Certes j'étais bien payé mais j'ai probablement perdu des années pour la fin de ma carrière".

La réforme du calendrier... pas avant 2023

Joueurs, dirigeants, le constat est unanime. Il faut ralentir le rythme.

C'est le cheval de bataille de Bernard Laporte, qu'il soit en campagne pour sa réélection à la présidence de la fédération ou non. L'ancien coach de l'équipe de France, également aujourd'hui vice-président de la fédération mondiale la World Rugby, prône l'harmonisation du calendrier des deux hémisphères, nord et sud. 

Parmi les divers de cas de figure, l'un tient la corde:

Il s'agit de commencer la saison en... décembre par deux mois de compétition nationale avec les championnats nationaux et les coupes d'Europe pour le nord, et le Super Rugby pour le sud.
En février-mars, l'hémisphère nord jouent le Tournoi des Six Nations et le sud, le Rugby Championship. Ensuite, de mars à juillet, reprise des compétitions de clubs. Puis en août, les joueurs sont en vacances avant de reprendre l'entraînement en septembre. En octobre, novembre, les internationaux joueront une potentielle nouvelle compétition, la Coupe des Nations.

Seule certitude, ce nouveau calendrier international harmonisé, quel qu'il soit, n'entrera pas en vigueur avant l'après coupe du monde 2023. Il y a encore le temps d'avoir la casse. 

Il faudra convaincre les clubs

Un groupe de travail a été constitué, avec notamment le président du S.U Agen Jean-Pierre Fonteneau, pour plancher sur ce sujet. Le plus dur sera d'ailleurs de convaincre les présidents des clubs, français et anglais. Car ils n'auront plus leurs joueurs à disposition que sept à huit mois par an. Pour les convaincre, les fédérations pourraient prendre les internationaux sous contrat et les payer une partie de l'année. C'est déjà le cas en Irlande, Ecosse ou au Pays de Galles. Il reste à savoir ce qu'en penseront les sponsors et les diffuseurs du Top 14 avec une compétition qui pourrait être privée parfois de ses stars. 

La durée de la carrière des joueurs et leur santé sont pourtant en jeu.

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