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Rugby Magazine. Florian Grill : "Le rugby français vit au-dessus de ses moyens"

Chaque fin de semaine, Florian Grill, le nouveau président de la Fédération Française de Rugby, prend son bâton de maréchal et part sillonner la France de l’Ovalie. Il vient de passer trois jours en Nouvelle-Aquitaine. Avec 400 clubs et plus de 60 000 licenciés, c’est l’une des plus grosses Ligue du pays. Un territoire passionné de rugby, mais parfois en manque de moyens. Florian Grill répond à nos questions sans langue de bois.

Rugby Magazine : Après cette Coupe du Monde organisée en France, le rugby a gagné en visibilité et pourtant vous n’êtes pas complètement satisfait ?

Florian Grill : On est le deuxième sport le plus populaire médiatiquement aujourd’hui en France et pourtant la majorité de nos clubs amateurs se plaignent d’un manque de licenciés. Nous n’arrivons qu’en dixième position, loin derrière le foot ou encore le basket. Nous avons aussi un besoin important de rénover ou créer de nouvelles installations pour accueillir tous les publics, les filles notamment qui n’ont parfois pas de vestiaire adapté quand elles arrivent au stade.

Rugby Magazine : La Coupe du Monde a été un véritable accélérateur en termes de licenciés, pourtant ?

Florian Grill : Oui, nous sommes arrivés grâce à l’image positive renvoyée par la Coupe du Monde à 13% de croissance, dont 19% rien que chez les filles. Il faut que les collectivités comprennent bien qu’au rugby l’enjeu n’est pas que sportif, c’est aussi un enjeu de société, plus on aura de jeunes qui pratiquent notre sport, plus ils développeront des valeurs de travail et de partage. Il faut que les collectivités investissent davantage dans nos clubs.

Rugby Magazine : Vous de votre côté à la Fédération, comment aider ce rugby amateur ?

Florian Grill : Suite à la Coupe du Monde, nous allons reverser cinq millions d’euros au rugby amateur, l’État abondera également de cinq millions d’euros. Nous espérons aider entre deux cents et trois cents clubs. Nous étudierons les dossiers, l’aide pourra atteindre cinquante mille euros et ne pas dépasser 50% du budget de l’investissement. C’est un effort puisque, comme vous le savez, la Fédération est déficitaire dans son budget de fonctionnement, les économies seront faites ailleurs.

Rugby Magazine : Beaucoup de clubs, comme Bergerac en Nouvelle-Aquitaine, doivent résorber des déficits conséquents, le rugby vit-il au-dessus de ses moyens en France ?

Florian Grill : Il faut surtout arrêter la course à l’échalote. Il faut arrêter de proposer des salaires importants à des piliers ou à des deuxièmes lignes en Fédérale ou dans les plus petits niveaux encore. Il vaut mieux que ces clubs-là investissent dans leur école de rugby par exemple pour former l’avenir de leur équipe première. J’en ai assez des clubs « champignons », du tout pour l’équipe sénior et rien pour les jeunes. Je suis aussi pour une baisse du « salary cap » pour les clubs du Top14, tout ruisselle jusqu’aux niveaux inférieurs, il faut raison garder.

Rugby Magazine : Sans bénévole, pas de rugby amateur, la Fédération va les récompenser à l’avenir ?

Florian Grill : Oui, une sorte de cadeau. Les clubs auront la possibilité de mettre en valeur deux bénévoles de leur choix. Les heureux élus pourront passer un week-end à Marcoussis, découvrir l’univers de l’Équipe de France, dormir dans les chambres de leurs joueurs préférés. J’aime à dire qu’au rugby, on ne transforme pas que les essais, on transforme les hommes aussi, c’est là, la vraie mission de nos bénévoles.

Rugby Magazine : Vous parler de Marcoussis, après la déception en Coupe du Monde, les rugbymen français doivent se rattraper avec le Tournoi des VI Nations qui arrive ?

Florian Grill : Les joueurs, Fabien Galthié et son staff savent exactement ce qu’ils ont à faire. Quand on voit évoluer l’UBB en ce moment, on voit que nos Français sont en forme. On va retrouver l’Irlande, elle aussi déçue de son mondial, mais en France, il y a une telle envie de rugby que bien évidemment, nous espérons tous une victoire.

Rugby Magazine : Une équipe de France sans Antoine Dupont. Est-ce que vous trouvez ça normal ?

Florian Grill : Antoine Dupont a souhaité participer aux Jeux Olympiques en France. Je tiens à dire qu’il a une attitude exemplaire. Il est arrivé dans cette équipe de France à sept très discrètement. Pas de passe-droit, il a annoncé vouloir gagner sa place comme les autres. Il rentre avec beaucoup d’humilité, chapeau, moi, j'ai besoin de gens comme Antoine qui démontrent à quel point le rugby fabrique de belles personnes.

Rugby Magazine tous les samedis 12 h 30 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et sur la plateforme France.tv

 

 

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