150 ans après la chute du Second Empire, nous vous emmenons sur les traces de Napoléon III. Un empereur qui a marqué notre région et façonné beaucoup de nos paysages. Premier épisode : Bordeaux.
Le saviez-vous ? C’est à Bordeaux que le futur Napoléon III a annoncé l’établissement du Second Empire. Pendant quelques jours, en octobre 1852, les Bordelais vont lui réserver un accueil triomphal, orchestré par Eugène Haussmann, alors préfet de la Gironde. Cette visite est décisive, car Louis-Napoléon Bonaparte hésite encore.
Premier président de la République élu au suffrage universel (masculin) en 1848, auteur d’un coup d’Etat l’année suivante, le neveu de Napoléon 1er s’interroge sur le bien-fondé du retour de l’Empire.
À Bordeaux, tout est fait pour le convaincre. Sur la place des Quinconces, joliment pavoisée, dix mille personnes sont invitées pour l’acclamer.
Toutes les vedettes politiques et religieuses si l’on peut dire, tous les ministres et tous élus sont là, disposés en carré sur la place. Et à l’extérieur, la foule exprime son enthousiasme… En tout cas, on le lui conseille fortement…
Le discours de Bordeaux
Une grande réception est organisée à la Chambre de Commerce. Dans ce décor imposant, le futur Napoléon III va prononcer une allocution fondatrice : on l’appelle le discours de Bordeaux. Il y présente sa vision politique, mais aussi ses projets d’aménagement du territoire. Il veut profondément transformer la France en lançant des travaux d’envergure.
Il termine son discours en disant à tous ces notables, ces industriels, ces hommes de la vie active ici présents, vous êtes mes soldats, au sens de : vous êtes mes soldats pour construire cette France nouvelle.
Parmi ces soldats, par coïncidence, on compte plusieurs Aquitains. Eugène Haussmann qui le suivra plus tard à Paris, le Périgourdin Pierre Magne, le Girondin Théodore Ducos, le Pyrénéen Achille Fould et surtout le Bordelais Jean-François Mocquard, le chef de cabinet, l’éminence grise qui a sûrement pesé dans le choix de Bordeaux pour annoncer le retour de l’empire.
Un empereur social
Aux yeux des historiens, Bordeaux devient le « berceau impérial ». Après le discours, un bal se tient au Grand-Théâtre. Le futur empereur fait danser Madame Haussmann, mais aussi une jeune femme du peuple, la fille d’un contremaître. Ce n’est pas un hasard. Le symbole est important, comme l’explique Joëlle Dusseau :
C’est une manière de montrer à quel point Louis-Napoléon Bonaparte pense que ce développement économique sera un bon moyen de réduire la pauvreté et de répandre plus justement une certaine aisance dans le pays.
Deux mois plus tard, le Second Empire est proclamé à Paris. Louis-Napoléon Bonaparte est sacré empereur le 2 décembre 1852. Son règne sera marqué, entres autres, par le développement du chemin de fer, du télégraphe, des jardins publics, mais aussi par la transformation de Paris, le droit de grève ou l’accès des filles aux études supérieures.
Tout s’effondre en 1870 avec la défaite de Sedan. L’armée française, mal préparée, ne résiste pas à l’armée prussienne. La France perd l’Alsace et la Moselle. La IIIe République ne veut plus entendre parler de Napoléon III qui est exilé et meurt trois ans plus tard en Angleterre.
À Bordeaux, dans la ville où il fut tant sollicité, sa statue de bronze est déboulonnée sur les allées Tourny et jetée dans la Garonne. C’est aussi dans cette ville que l'Assemblée nationale, exceptionnellement réunie le 1er mars 1871, vote sa déchéance et celle de sa dynastie.
Un empereur progressivement réhabilité
Depuis une trentaine d’années, les Historiens s’attachent à redécouvrir l’œuvre de cet empereur controversé qui a engagé la France sur la voie de la modernité.
En Nouvelle-Aquitaine, Napoléon III s’est beaucoup intéressé à la région, qu’il parcourait chaque fois qu’il venait dans sa villa au Pays Basque. Aujourd’hui, bien des paysages portent l’empreinte de son passage. C’est cette histoire méconnue que nous allons vous raconter.