Atteint depuis 2022 de deux cancers, le maire de Mérignac Alain Anziani a fait son retour ce lundi 7 octobre au conseil municipal, après neuf mois d'absence. Cette figure du Parti socialiste en Gironde entend honorer la fin de son mandat, par envie de se battre pour sa ville et ses concitoyens, en dépit de la maladie.
C'est un retour salué unanimement, parmi les bancs de l'opposition, de la majorité et même du public, venu nombreux pour assister à ce conseil municipal de Mérignac. Car ce lundi 7 octobre marquait un petit événement pour cette ville de la métropole bordelaise : le retour d'Alain Anziani, maire depuis 2014 et atteint depuis 2022 de deux cancers, qui l'avaient privé de conseil municipal depuis neuf mois.
À 73 ans, il avait déjà dû abandonner en mars dernier la présidence de Bordeaux métropole, préférant consacrer ses forces à sa commune. Passant six mois sur les neuf derniers à l'hôpital, sous de lourds traitements, Alain Anziani n'a pourtant pas abandonné sa mairie pour autant. "Tous les jours j'y ai pensé, et j'ai travaillé pour", révélait l'édile avant le conseil, confiant son impatience de retrouver les élus et remerciant au passage les "moyens de communication modernes qui aujourd'hui permettent de travailler à distance".
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La joie de retrouver la vie politique
L'ancien sénateur de Gironde (2008-2017), qui avait démissionné pour se consacrer à son mandat local, a ouvert le conseil municipal par quelques mots pour confier sa joie d'être de retour, et aussi remercier tous ceux s'étant souciés de sa santé - employés municipaux, habitants, élus de la majorité comme de l'opposition.
On attendait son arrivée, on est sincèrement contents de le retrouver, sans arrières pensées politiques. Je lui dis plutôt chapeau qu'autre chose, car il faut pouvoir affronter ce qu'il affronte.
Thierry MilletChef de file de l'opposition au conseil municipal de Mérignac
Un retour attendu depuis longtemps aussi par les Mérignacais, dont certains étaient présents lundi soir pour assister au conseil, comme Colette Barbeau. "C'était important pour moi d'être là, il manque à la ville, il manque dans ses décisions. Je suis contente de le revoir, je le trouve intègre, courageux, volontaire", salue cette Mérignacaise.
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Volontaire, Alain Anziani l'est sûrement. Plutôt que de choisir de se reposer pour faire face à la maladie, celui qui est une vraie figure du Parti socialiste en Gironde depuis des décennies préfère continuer de se battre pour les autres, à l'échelle de sa ville. "Faire quelque chose pour les autres, c'est faire quelque chose pour soi, appuie l'édile. Quand on est malade, je pense qu'on est beaucoup plus sensible aux autres, on n'est pas égoïste comme on pourrait le penser."
Aujourd'hui, je crois que j'ai encore plus de bienveillance, et l'intérêt des autres m'importe beaucoup. Moi, finalement, j'ai terminé. Qu'est-ce que j'ai encore à faire, sinon à bien faire ?
Alain AnzianiMaire (PS) de Mérignac
Et celui qui se définit comme un "bagarreur" est prêt à repartir au combat, malgré un traitement encore lourd - ses chimiothérapies ne sont pas encore terminées. "C'est aussi une question de principe, explique le socialiste. Pourquoi ceux comme moi, qui sont atteints de maladies incurables, n'auraient pas le droit de travailler ? On n'est pas contagieux, on n'est pas des pestiférés !"
Continuer jusqu'aux prochaines élections ?
Alain Anziani veut continuer le travail qui a été mené avec son équipe depuis le début de son deuxième mandat, en 2020, et entend occuper ses fonctions jusqu'à la fin de celui-ci, en 2026, si son état de santé le lui permet. "Je vais me battre pour bien faire mon boulot. Si je viens ici, ce n'est pas pour mal travailler : si je vois que je n'y arrive pas, j'arrêterai", assume l'ancien vice-président de Région (1998-2008).
Moi, si je ne travaille pas, je suis mort.
Alain AnzianiMaire (PS) de Mérignac
Interrogés, si la plupart des Mérignacais sont ravis de retrouver leur maire à la tête de leur ville et saluent son courage, beaucoup s'interrogent sur ses capacités de tenir jusqu'en 2026. "Je ne suis pas contre du tout, après, est-ce qu'il pourra... je ne sais pas. S'il a la volonté de le faire, c'est déjà pas mal, il a tout de même bien travaillé pour la ville", salue un habitant.
Entré en politique à 17 ans, Alain Anziani ne s'imagine pas lui faire ses adieux de sitôt. "Elle fait partie de ma vie depuis des années et des années, j'ai mené beaucoup de combats. Quand j'étais jeune, je voulais changer le monde, j'étais assez utopiste. Maintenant, au fond, je retrouve les mêmes inclinations de jeunesse, je veux aussi que tout le monde arrive à être dans la paix", s'amuse le maire de Mérignac, qui voit dans son retour au conseil municipal une étape "constitutive, régénérative" dans sa lutte contre la maladie. Tout en montrant qu'il est encore capable de mener des combats politiques.