Les forces de l'ordre sont intervenues tôt ce mardi matin pour évacuer des bâtiments de l'université de Bordeaux situés à Talence. Depuis le mois de novembre entre 120 et 150 personnes, principalement des exilés, occupaient les lieux dont des familles avec enfants et des mineurs isolés.
Serait-ce la fin de l'Ascenseur ? Ce squat, créé en novembre 2018 rassemble entre 120 et 150 personnes, dont une trentaine d'enfants, principalement des exilés dans des bâtiments inutilisés de l'université de Bordeaux et situés rue Lamartine à Talence.
Contrôles d'identité et évacuation
Ce mardi matin, les forces de police sont intervenues sur les lieux pour ordonner l'évacuation des bâtiments. L'évacuation fait suite à une décision du tribunal administratif, intentée par l'université.
"Le squat était organisé en trois bâtiments, explique *Camille, qui se définit comme une simple citoyenne, mobilisée en soutien aux exilés. Un était pour les hommes seuls, un pour les femmes seules et un pour les familles".
"Quand les policiers sont arrivés ce matin, ils ont cantonné les gens dans leurs bâtiments, contrôlés les identités, et ils sont actuellement en train de faire sortir tout le monde progressivement. "
Une femme qui travaillait de nuit est arrivée ce matin, elle ne peut même pas rentrer et récupérer ses affaires !
Réfugiés syriens
Camille s'inquiète notamment pour l'avenir de ces personnes, en grande situation de détresse, dont certains ont besoin d'un suivi médical conséquent."On a par exemple une famille de réfugiés syriens, qui est arrivée depuis juillet. Elle est passée par Montauban, puis a dormi dans des tentes autour du lac… La maman a subi deux interventions chirurgicales, le père doit être opéré en juin…"
Ils sont demandeurs d'asile, ils arrivent de Syrie et n'ont même pas de toit !
Trois nuits d'hôtel
Le député France insoumise Loïc Prud'homme s'est rendu sur place "après avoir été alerté au saut du lit". Venu s'assurer que les opérations se déroulaient "dans des conditions humaines acceptables", il se dit rassuré de voir que les femmes enceintes et les enfants sont relogées pour quelques nuits par les services de l'Etat.Ces personnes se sont vu distribuer des feuilles de papiers avec l'adresse de l'hôtel et le nombre de nuits :
"Il y a quand même des personnes qui dès ce soir dormiront dehors", déplore le député, avant de rappeler qu'il existe "22 000 logements libres dans la métropole".
Pas de "vision globale"
"La métropole ne veut pas gérer. Les maires poussent les migrants hors de leur commune en espérant que le voisin s'en occupe, accuse l'élu. Et plus largement, ce qu'on voit aujourd'hui sur Bègles, ou sur Talence, n'est que le reflet de l'absence de vision globale européenne sur ce sujet."On ne peut pas poursuivre ainsi pendant des années et remplir la Méditérannée de cadavres. Je ne peux pas m'y résoudre
Une posture que rejoint Emanuelle Ajon, vice presidente PS du departement de la Gironde en charge de la protection de l'Enfance. "Il faut que toutes les collectivités locales et l'Etat se mettent au tour de la table",explique-t-elle. Questionnée sur la présence de mineurs non accompagnés, dont attestent plusieurs memnbres des collectifs de soutien, elle assure que le département sera saisi le cas échéant. "Si ces jeunes sont en grande vulnérabilité et s’ils souhaitent avoir affaire à nous, nous jouerons notre role", assure-t-elle.
La Gironde, où sont recensés 137 squats par la Dihal, la délégation interministérielle à l'Hébergement et à l'Accès au Logement est le quatrième département français qui accueille le plus grand nombre de squats.
Au moins 1 100 personnes y vivent, pratiquement toutes de nationalités étrangères. Parmi elles, 26% sont des enfants.
Délinquance
Dans le voisinage du squat, plusieurs riverains se sont plaints de cambriolages récurrents. Une délinquance que ne dément pas Camille. "Il y a des mineurs isolés, qui n'avaient d'autre choix que de voler pour survivre.Et comme le lieu est ouvert, il y a aussi une délinquance qui venait ponctuellement pour une ou deux nuits, et qui a fait énormément de mal au squat".
De son côté la préfecture assure dans un communiqué que l'opération 'est déroulée "dans le calme", et qu'une "solution d h'ébergement en Nouvelle-Aquitaine a été proposée aux personnes relevant de l’asile ou en situation d’urgence sociale".
Des mineurs non accompagnés ont été conduits au service d’accueil et d’évaluation des mineurs non accompagnés (SAEMNA), relevant du conseil départemental de la Gironde, qui assurera leur prise en charge.
"L’État et l’université de Bordeaux travaillent sur un projet d’hébergement temporaire pour demandeurs d’asile sur ce site de Lamartine. Ces hébergements temporaires seront installés dans les toutes prochaines semaines", poursuit la préfecture.
* Le prénom a été modifié