Témoignage. "Ma facture va presque doubler", des clients de Gaz de Bordeaux dénoncent des tarifs abusifs et l'absence d'alternative pour se fournir

Des milliers de clients s'estiment "pris en otage" par le fournisseur de gaz naturel. Ils subissent le monopole de Gaz de Bordeaux, que vient de sanctionner l'Autorité de la Concurrence, sur le secteur de la Métropole. Par crainte d'une coupure de gaz, ils sont nombreux à accepter les fortes augmentations du prix de cette énergie.

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Pierre est client Gaz de Bordeaux depuis son installation dans sa maison en 2019. Le girondin a alors souscrit un contrat sur trois ans, à un prix bloqué de 0,04 euros du kilowattheure (kWh).

"Dès que je me suis installé dans ma maison, je suis allé voir le seul fournisseur de gaz. Ils m'ont fait une unique offre que j'ai accepté", raconte Pierre.

Mais en juin dernier, à quelques mois de la fin de son contrat, on lui propose une offre unique pour son nouveau bail avec Gaz de Bordeaux.

"On m’a indiqué le nouveau prix du kWh (0,12€ du kWh) et que si je n’étais pas d’accord de rompre le contrat ce qui engendrerait une coupure du gaz".

Un prix multiplié par trois, sa facture devrait elle passer de 1271€ (soit 123€ par mois sur dix mois) à une facture prévisionnelle de 2190€ (soit 219€ par mois sur dix mois).

Des prix différents selon les contractants 

Comme lui, ils sont des milliers de clients mécontents face aux pratiques de Gaz de Bordeaux. Certains payent aujourd'hui autour de 0,08 euros du kWh, d'autres 0,12 euros, et pour des clients, le prix pourrait grimper en octobre à 0,20206 euros.

"Mon contrat prend fin le 14 octobre, je devais répondre avant le 30 septembre pour éventuellement refuser ce nouveau contrat, mais comment dire, ils ont le monopole". Cette cliente se questionne aujourd'hui alors qu'elle voit le prix du gaz sur son prochain contrat multiplié par 5.

Une autre habitante de Bègles a, elle, reçu un courrier concernant son prochain contrat en novembre prochain. Le prix passe de 8 centimes à 29 centimes d'euros. Encore un montant différent, de quoi dépend-il ? Pourquoi varie-t-il aussi régulièrement ? 

Beaucoup de questions se posent aujourd'hui. Ils sont nombreux à être dans l'incompréhension. Ces clients pointent notamment le manque de clairvoyance du fournisseur de gaz.

"On achète le gaz sur le marché puis on le revend. Aujourd'hui notre marge est faible, on a les mains liés", nous indiquait Cyril Vincent, le directeur général de Gaz de Bordeaux dans un reportage du 27 septembre sur l'augmentation du prix du gaz.

Une remise avec le bouclier tarifaire ?

Aujourd'hui, les clients ayant souscrit à un contrat à offre fixe de marché doivent se contenter d'un unique prix. C'est le cas de Pierre et son gaz naturel à 0,12 euros du kWh.

"J'avais le choix de changer de contrat qui inclut le bouclier tarifaire, et ramenant le prix du kWh a un peu moins de 0,04€ du kWh. Mais sans garanti de ce qu’il va se passer une fois que l’état va supprimer ou diminuer le bouclier tarifaire. Car c’est bien écrit sur ce nouveau contrat qu’on s’engage à un prix de 0,30€-0,35€ du kWh. Ce n’est que la remise du bouclier tarifaire qui fait croire qu’on est revenu à 0,04€ du kWh".

Avec le bouclier tarifaire, la hausse des tarifs de gaz est normalement limitée à 15 % par le gouvernement. Ce dernier a été prolongé jusqu'en 2023, mais est-ce que tous les clients de Gaz de Bordeaux en bénéficient ?

"Ce qui auront choisi les tarifs règlementés de vente de gaz (TRV), ils seront soumis au bouclier tarifaire. Quand il disparaîtra, il leur faudra revenir peut-être changé de contrat et aller sur l'offre de marché car aujourd'hui le prix du gaz est très important", déclare Cyril Vincent, le directeur général de Gaz de Bordeaux. 

Une pétition en ligne "Stop aux tarifs abusifs"

Depuis une semaine, une pétition "Gaz Naturel à Bordeaux : stop au monopole et aux tarifs abusifs !" est en ligne. Elle a déjà recueilli 1150 signatures.

"Les clients résidant à Bordeaux Métropole n’ont pas d’autre choix que ce seul opérateur et sont contraints et forcés de subir ses augmentations sans pouvoir faire valoir leur droit d’accès à la concurrence", dénonce l'auteur de la pétition. 

"À partir du mois d’août, la régie du Gaz de Bordeaux a appliqué à l’ensemble de ses contrats venant à échéance une série d’augmentations tarifaires particulièrement sévères qui ont pu atteindre pour certaines 450% sur le kWh, en particulier sur ses offres de marché à prix fixe". 

Un changement de fournisseur impossible ?

Le marché du gaz naturel est ouvert à la concurrence sur la Métropole depuis juillet 2007 d'après le site de Gaz de Bordeaux. Mais dans les faits, les clients ont-ils réellement le choix ? La question se pose encore plus avec la sanction d'un million d'euros à Gaz de Bordeaux par l'Autorité de la Concurrence. La société a interjeté appel de la décision.

Beaucoup pointe l'absence de réelle alternative face à l'ogre Gaz de Bordeaux, qui a détenu près de 98% du marché entre 2016 et 2019 selon l'Autorité de la Concurrence.

Aujourd'hui, Gaz de Bordeaux est l’opérateur historique de fourniture au détail de gaz naturel pour la ville de Bordeaux et 45 communes environnantes du département de la Gironde. La société dispose de 220.000 clients sur la Métropole Bordelaise.

Les clients eux réfléchissent désormais à se former en collectif pour faire entendre leur voix et faire valoir leur droit. Il demande notamment "l’application immédiate par Gaz de Bordeaux d’une tarification claire et équitable pour tous ses clients". 

Laurent Lamara, conseiller régional du Rassemblement National, s'est positionné sur ce dossier. Sur les réseaux sociaux, il indique "Cette combine malhonnête a conduit des milliers d’usagers à payer plein pot leur gaz, il faut qu’ils soient indemnisés, surtout en cette période de flambée".

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