Fuel, gaz, électricité et granulés de bois : la crise énergétique enflamme le marché du bois-bûche

Après le fuel, le gaz, l'électricité et le granulé, la course à l'énergie moins chère fait flamber le bois- bûches. Une filière traditionnelle en Dordogne, troisième massif forestier de France, mais en perte de vitesse et qu'il va falloir remettre en route

J'ai des clients qui démontent des poêles à granulés pour monter des poêles à bois ! Ça c'est une nouveauté de cette année, on n'avait pas ça jusqu'à présent !

Lionel Geisler

Un marché au poêle

Ce revendeur de poêles de Fouleix, entre Périgueux et Bergerac, n'en revient pas. Il a du mal à renouveler son stock de poêles à bois, et le peu qu'il obtient, il le vend aussitôt. Quant aux commandes de poêles neufs sur catalogue, les délais s'allongent. Un poêle commandé aujourd'hui n'arrivera pas avant le mois de février ou mars prochain.

Mais pas n'importe quels poêles, car sa vente de poêles à granulés à chuté dans le même temps de 70%. Le marché s'est totalement inversé à l'approche de l'hiver. Explication logique, le prix du granulé, lorsqu'on arrive encore à en trouver, a explosé. Lionel Geisler est lui-même en rupture de stock, et quand il sera livré, il ignore le prix que le granulé coûtera.

Ailleurs, certains détaillants de granulés ont carrément cessé de répondre aux demandes téléphoniques, ils proposent aux clients de déposer leur demande par écrit pour pouvoir organiser les livraisons au compte-goutte et en quantités limitées. Mais le prix du granulé n'est pas la seule raison de l'engouement soudain pour le bois-bûche.

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Les vendeurs d'énergie constatent la ruée vers le bois-bûche liée à l'augmentation des autres énergies et à la crainte de manquer ©France 3 Périgords - Hermine Costa & Pascal Tinon

On annonce pas mal de pénuries d'électricité. Un poêle à granulés fonctionne à l'électricité et les gens ne prennent pas le risque de ne pas pouvoir se chauffer. Donc tout le monde installe des poêles à bois pour être sûr de passer l'hiver.

Lionel Geisler

Les économes savent de quel bois se chauffer

Avant que la crise ne fasse valser les tarifs, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) indiquait qu'un foyer qui se chauffe au bois dépensait entre 48 et 78 €/MWh*  pour s’équiper, utiliser et entretenir un poêle, insert, ou chaudière à bûches et entre 73 et 103 €/MWh pour un système à granulés. Alors que le coût pour un chauffage au gaz ou électrique se situait entre 84 et 154 €/MWh. La solution miraculeusement économique n'existant pas, depuis le mois de juin, les prix du bois en France ont été dopés par la demande. Ils ont bondi de 20%, mais le bois d'arbre reste malgré tout la ressource la moins onéreuse

1/4 des foyers français se chauffent déjà au bois

En 2021, près de 7 millions de foyers, soit un quart des foyers français se chauffaient déjà au bois. Logiquement, seuls 10% des urbains utilisent ce mode de chauffage, alors qu'il peut concerner jusqu'à la moitié des péri-urbains et des ruraux. La crise actuelle va largement aider le gouvernement qui s'est fixé comme objectif d'atteindre les 9,5 Millions de foyers équipés de chauffage au bois d'ici 2023 et 11,3 Millions en 2028. 

Les réserves de bois à sec ?

Aucun soucis de ce côté-là, la France ne manque pas de bois, et n'en manquera pas avant longtemps. Chaque année, les surfaces boisées gagnent du terrain et la totalité du bois prélevé, toutes activités confondues, ne représente que la moitié du développement des forêts. De plus, les déchets de bois autrefois délaissés, alimentent désormais la production de pellets.

Le bois de chauffage n'est issu qu'à 64 % des forêts, 23 % viennent de l’entretien des vergers ou de haies, et 13 % de la récupération. Si la crise fait penser aujourd'hui à la possibilité d'une pénurie, ça n'est qu'à cause de la demande soudaine et massive des foyers, liée aux nouveaux utilisateurs et à la crainte de manquer. Le bois nécessitant au moins un an entre la coupe et la combustion, il faudra du temps avant que la filière s'adapte à la demande, et la crise devrait s'éteindre d'elle-même quand le marché se calmera. Probablement l'hiver prochain.

Ce fournisseur de bois n'arrive pas à satisfaire les demandes, cette année la demande a été précoce, pressante et nombreuse, alimentée par la peur de manquer ©France télévisions

Le bois plus accessible dans les régions boisées (lapalissade)

Reste que tout le monde n'est pas égal devant son tas de bois. La solution dans les régions rurales naturellement boisées comme la Dordogne passe souvent par le simple achat d'une tronçonneuse, l'entretien de son terrain et beaucoup d'huile de coude. Il se trouve toujours des particuliers ou des professionnels qui mettent à disposition des réserves de bois sec, facilement livrables à des prix restant raisonnables. Le prix d'une stère ici peut varier selon l'essence (châtaignier, chêne, hêtre, frêne, charme), la longueur, la refente, la sécheresse et la livraison de 40 à 65 euros. Dans les grandes agglomérations ou dans les secteurs peu pourvus en forêts, on démarre souvent à 60 euros la stère, pour un bois parfois d'essence incertaine (résineux) et pas toujours très sec.

Enfin les prix des professionnels et des grandes enseignes livrant un bois irréprochablement conditionné, propre et sec peuvent dépasser quant à eux les 125 Euros la stère... à réserver à ceux qui aiment flamber.

* Le Mégawatt-heure est l’une des unités destinées à mesurer une énergie, quelle qu’elle soit (gaz naturel, électricité…). Un mégawatt-heure équivaut au gaz naturel consommé par un appareil d’une puissance de 1 Mégawatt pendant une heure.

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