Une 3eme dose de vaccin pour les plus de 65 ans : attente et interrogations en Aquitaine

Lundi 23 août Olivier Véran, ministre de la santé, a évoqué une 3eme injection, pas obligatoire mais conseillée. Médecins généralistes et pharmaciens sont dans l’attente de précisions.

La question avait déjà été évoquée au début du mois. L’injection d’une troisième dose de vaccin pour les plus de 65 ans et personnes à risque a été de nouveau envisagée lundi 23 août par Olivier Véran.
Et ce mardi matin, il a été conforté par la Haute autorité de santé (HAS) qui a elle aussi préconisé un rappel de vaccin contre le covid 19 pour les plus de 65 ans et les personnes fragiles. 

"Manque de concertation"

Alors que la rentrée scolaire approche et que tous les regards sont tournés vers les enfants, la question d’une troisième dose de vaccin pour les plus âgés et les plus fragiles a été évoquée par le ministre de la santé ce lundi. « Des annonces concrètes », concède Arnaud Gaunelle président MG France pour la Nouvelle-Aquitaine, « mais réalisées sans concertation, sans information ».

Ce médecin généraliste de la rive droite de Bordeaux a le sentiment de « subir l’organisation telle qu’elle est imposée ». « En début d’année, on avait un planning clair, une feuille de route, même si on a manqué de vaccins après. Mais là, ils se sont rendu compte cet été qu’on avait un peu oublié les plus de 12 ans. Nous avons un peu du mal à suivre. Et là de nouveau, on parle d’injection d’une troisième dose".

J’aurais préféré que le processus se fasse dans l’autre sens. A savoir se demander comment on peut faire, et agir après.

Arnaud Gaunelle

« On nous parle de troisième dose alors que la première phase de vaccination n’est pas terminée »

Le généraliste girondin met en avant un processus qui doit se faire par étape. « On nous parle de troisième dose alors que la première phase de vaccination n’est pas terminée », dit-il.
« Là, on a encore des personnes de plus de 80 ans qui ne sont pas vaccinées. Il y en a très peu, mais il y en a. Nous, aujourd’hui, nous n’avons pas le meilleur taux possible sur 70-80 ans. Et là, on parle de troisième dose pour les plus de 65 ans alors que cette tranche d’âge arrive à prendre rendez-vous facilement notamment sur internet. J’ai donc peur qu’on n’arrive pas à finir le travail sur les plus de 80 ans. Les plus 65 ans représentent une grosse proportion de la population. Cela me fait dire qu’aujourd’hui, il faut plus insister sur les réfractaires aux deux doses et les plus de 80 ans ».

Encore beaucoup d’interrogations

Depuis les annonces d’Olivier Véran ce lundi, certains Français s’interrogent. « Cela a commencé ce matin avec deux demandes », explique Raphael Chanseau responsable d’une pharmacie à Bègles près de Bordeaux.
 « Les patients voulaient en savoir davantage, savoir si on avait notre avis à donner. Nous avons répondu que nous étions nous aussi dépendants des choix du gouvernement et que nous n’avions pas plus d’information pour l’instant ». Pour autant le pharmacien est confiant. « Je suis optimiste, on va y arriver ».
 


Pareil dans cette pharmacie de Talence dans l'agglomération bordelaise. « On attend encore, on n’a pas eu d‘information venant de l’Ordre national des pharmaciens. Mais cela parait faisable vu que ce sont des patients, les plus de 65 ans, qui viennent souvent chez nous. Nous n’avons pas de problème d’approvisionnement pour l’instant ».
« Les questions arrivent mais très peu », nous confie un pharmacien de Gradignan près de Bordeaux, « je leur dis que je reviendrai vers eux quand j’en saurai plus ».

Y aura-t-il suffisamment de doses ?

Quels seront les professionnels sollicités pour cette troisième injection ? Quelles structures seront associées au dispositif ? « D’un point de vue organisationnel, comment on fait car pour l’instant, on a encore des vaccinodromes », s’interroge Arnaud Gaunelle.
« Mais on ne sait pas si cela va durer. On avait eu quelques retours, il y a quinze jours, comme quoi les vaccinodromes fermeraient après la vaccination des adolescents. On ne sait pas si cela va repartir. On a accès aux doses mais c'est encore très fluctuant car je pense que les stocks ne sont pas énormes. La semaine dernière par exemple, on nous a dit qu’on ne pouvait pas commander de doses car ils favorisaient la médecine du travail. A notre niveau, on ne peut donc pas se projeter. S’ils veulent passer par nous pour la troisième injection, on n’aura pas assez de doses".
 

A Bègles, Raphaël Chanseau avoue que les dix salariés de sa pharmacie « entre les tests et les vaccins, ne font que ça ».  "En termes d’approvisionnement, c’est au compte goutte mais on y arrive. Cela va quand même de mieux en mieux. Nous, en officine, nous avons le Moderna. Le Pfizer est réservé pour les centres de vaccination du fait de son mode de conservation. Nous recevons deux ou trois flacons par semaine, ce qui équivaut à 20 à 30 doses (10 doses par flacon)".

S’il y a une troisième injection je pense qu’on ne sera pas en manque. On y arrivera.

Raphaël Chanseau, pharmacien à Bègles (33)

Pour quel plébiscite ?

Alors que le mouvement de mobilisation contre l’extension du pass sanitaire se poursuit, cette troisième injection sera-t-elle plébiscitée par les Français ?
D’un point de vue purement médical, le docteur généraliste Arnaud Gaunelle concède que « lorsqu’on regarde la quantité d’anticorps, on voit que dans le temps cela baisse »« Mais ce qui compte, c’est la qualité de la réponse immunitaire plus que le nombre d’anticorps », avance-t-il. Le médecin généraliste « reste persuadé que les gens dans la grande majorité iront se faire vacciner avec une troisième dose ». « Si l’information donnée c’est trois doses, ils iront à trois doses », dit-il.  

Pour le pharmacien Raphaël Chanseau « ce n’est pas illogique ». « Dans la mesure où le virus continue à sévir, il faudra faire un rappel. J’imagine qu’il faudra renouveler le capital des anticorps de temps en temps. Donc, ceux de plus de 65 ans se retrouveront à faire un vaccin régulièrement ».

Selon le ministre de la santé, un délai d’au moins six mois devra être observé entre la deuxième et la troisième dose de vaccin. Olivier Véran a par ailleurs invité les Français « à ne pas se précipiter » pour le moment. En Israël, 1,2 millions de personnes ont déjà reçu une troisième dose. Ce 19 août, le pays a même abaissé à 40 ans l’âge moyen pour recevoir cette troisième injection. 

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