Depuis cinq jours, Sultan, jument de 27 ans, est isolée, prisonnière sur un cratère de 60 mètres de diamètre. A Naujan-et-Postiac dans le Libournais, le terrain s'est soudainement affaissé de sept mètres. Il va falloir remblayer pour sortir le cheval en toute sécurité.
La jument broute paisiblement dans son pré. Elle est pourtant entourée d'un mur de terre haut de sept mètres, prisonnière sur un cratère de soixante mètres de diamètre. La pente est trop abrupte pour qu'elle puisse la grimper. Sa propriétaire, Stéphanie Julliard peut l'approcher pour lui donner sa ration de foin et la rassurer. Mais elle doit utiliser une échelle :
"Elle est sereine même si elle a très envie de sortir. Elle m'a donné des petits coups pour me demander de la sortir. Mais je suis pas magicienne, c'est trop dangereux."
Samedi dernier, le 13 mars, le terrain s'est brusquement affaissé. Les intempéries à répétitions, après des périodes de sécheresse fragilisent la stabilité du sol. Le Libournais est truffé de carrières souterraines, l'héritage d'anciens travaux d’extraction de pierre de construction qui peuvent représenter de sérieuses menaces pour les personnes et les biens.
Stéphanie était absente mais son père, Christian a assisté à la scène vers 14h.
Je suis sorti, j'ai vu les arbres s'effondrer. Il y a eu un grand souffle. Ca a duré une poignée de secondes.
Il a aussitôt contacté la mairie et les pompiers mais ces derniers n'ont pas pu intervenir, les bordures du cratère n'étaient pas stabilisés et la jument n'était pas en danger. Il a fallu trouver une autre solution : une entreprise privée va remblayer le terrain avec une pelle mécanique pour adoucir la pente. Stéphanie pourra alors aider Sultan à sortir en toute sécurité
Elle est intelligente. Elle sait qu'on va venir la chercher.
Un moment que Stéphanie attend autant que sa jument. Depuis vingt-six ans, elle a noué des liens particulières avec son animal de compagnie.
"Je lui ai tout appris. C'est mon bébé. Ca me fait mal au coeur, je n'aime pas voir mon cheval comme ça", confie-t-elle la voix étranglée par l'émotion.
Sultan, mélange de Pottok et de Merens est un peu "fainéante", s'amuse -t-elle, douce et curieuse. "Elle vient brouter autour de ma terrasse. Si elle pouvait elle rentrerait dans la maison". "Sa seule passion, c'est de manger" ajoute Stéphanie.
Une vie paisible que Sultan devrait retrouver ce week-end.
"J'ai hâte que ça se termine." soupire sa propriétaire.