Une résidence universitaire infestée de cafards à Bordeaux, les étudiants en colère

Les étudiants logés au "Village 6", une résidence universitaire du CROUS à Gradignan près de Bordeaux, dénoncent l'insalubrité des lieux. Où cafards et punaises de lit prolifèrent. Des travaux de réhabilitation sont prévus fin 2022 dans ces bâtiments constuits il y a 50 ans. 

C'est une résidence plutôt bien située.

Près de la fac de Lettres, des IUT et du resto universitaire. Bien desservie par les transports en commun. Et à quelques mètres du bois de Cotor, un coin de nature idéal pour prendre l'air.

 

 

Le loyer est raisonnable : 149 euros toutes charges comprises avec eau et éléctricité auquel il est possible de soustraire les aides APL. Pour une chambre de 10 mètres carrés plutôt bien agencée avec douches, toilettes et cuisine communes. 

Oui mais voilà. Il ne fait pas bon y vivre.

Le Village 6, c'est un peu comme Fort Boyard, mais sans France 2, sans Olivier Minne, sans Passe-Partout et le père Fouras et sans les boyards. Juste tes amis qui te crient "SORS ! SORS ! SORS !" en attendant que tes demandes soient acceptées.

Les messages laissés sur les réseaux sociaux par d'anciens locataires sont loin d'être élogieux. Tous décrivent la même chose : "miteux", "pièces infestées de cafards, très désagréable de se lever la nuit et d'en croiser 5 avant d'atteindre les toilettes", "est-ce humain de vivre dans ces conditions ?", "cette résidence mérite -2 étoiles", "premier jour je trouve un cafard mort, deux vivants sous mon lit"...

Plus possible de vivre dans ces conditions

Le Crous, gestionnaire des lieux, se dit bien conscient du problème. "Il y a des cafards comme partout, tous les bailleurs sociaux connaissent ça. Ici, c'est peut-être plus présent qu'ailleurs parce que c'est un vieux bâtiment, il date des années 70, la structure est un peu plus poreuse" justifie un responsable du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires.

Il ajoute que des traitements préventifs et curatifs à la demande sont réalisés plusieurs fois par an. "Quand un étudiant nous fait part de la présence de nuisibles, il a une réponse dans les 48 heures. Et dans la semaine au plus tard, notre prestataire passe dans son logement".

Les trois bâtiments du village 6 sont les plus anciens du CROUS. Ils doivent être entièrement rénovés fin 2022.

Les résidents vont donc devoir encore vivre près de deux années dans des lieux qu'ils jugent insalubres. Car malgré les multiples interventions des équipes de désinfection, les insectes et autres nuisibles ne disparaissent pas.

"Les traitements sont inefficaces et coûteux en temps et énergie. Le logement est trop vétuste et donc offre de multiples refuges aux insectes. Une voisine, elle a fait 8 passages pour enlever les punaises de lit, elles sont toujours là, elle doit dormir sur le bureau et le Crous a refusé de nombreuses fois de la reloger" écrit une étudiante dégoûtée.

Les équipements communs sont également pointés du doigt. "Tout est crade", "les douches, toilettes et cuisines sont tout le temps sales malgré le passage de la femme de ménage chaque matin" décrit l'amie d'un locataire. "Un lavabo et 1 plaque de cuisson pour 1 étage (60 personnes environ) sali très vite. WC communs : salis très rapidement aussi par manque de civisme, parfois condamnés ou inutilisables. Douches communes qui se rapprochent du purgatoire: punaises, humidité et moisissures à foison, douches qui ne fonctionnent pas, portes qui ne ferment pas" dénonce une autre utilisatrice excédée.

Les dernières chambres U sans sanitaires privés

Ce sont les derniers logements proposés sans sanitaires, ni coin cuisine privés sur les 7500 dont dispose le CROUS dans l'agglomération de Bordeaux.

Sur les 294 chambres de ce village 6, une quarantaine restent disponibles en ce moment. Depuis deux semaines, les résidents tentent de faire bouger les choses espérant accélérer le début des travaux ou bénéficier d'un autre studio, dans une résidence rénovée.

"On dit souvent que le logement fait partie du bien être de l'étudiant. Cela n'a jamais été aussi vrai au Village 6. Mais pas dans le bon sens" ironise l'un d'entre eux.

"C'est une expérience de vie pénible et pleine de mauvaises surprises. Je suis resté peu de temps, mais je n'ose imaginer une expérience à l'année. Je souhaite bon courage à mes camardes du V6" témoigne une ancienne locataire qui donne quelques conseils à ceux qui n'auront d'autre choix que d'y rester si jamais les travaux ne sont pas avancés :

Bocaux et autres contenants pour la nourriture seront vos meilleurs amis. En cas de coupure de courant, le couloir a des prises qui peuvent marcher. Tout les jours, consultez les logements qui se libèrent dans les autres résidences rénovées et faites des demandes. Il vaut mieux pour votre santé mentale et physique".

VIDEO : le reportage de Marie-Pierre d'Abrigeon et Marc Lasbarrères :

 

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