L'Université de Bordeaux réclame un retour rapide en amphi : "n'ajoutons pas une crise étudiante à une crise sanitaire"

Dix universités, dont Bordeaux, réclament une reprise des cours en présentiel à mi-jauge début janvier et non début février. Elles redoutent une nouvelle crise humaine aux conséquences imprévisibles. Le Premier minitre confirme ce jeudi la fermeture et promet des aides supplémentaires aux étudiants.

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Ils redoutent qu' une crise étudiante s'ajoute à la crise sanitaire.

Dix présidents et présidentes d'universités françaises réunies dans l'association UDICE réclament une reprise des cours en amphithéâtre début janvier, avec une capacité maximale de 50 % d'étudiants.
Parmi les signataires, Manuel Tunon de Lara, le président de l'Université de Bordeaux.

Les autres signataires sont Aix Marseille université, Sorbonne université, l’université de Paris sciences et lettres, l’université de Paris, l’université Paris-Saclay, l’université Lyon 1, l’université de Grenoble Alpes, l’université Côte d’Azur et l’université de Strasbourg. Toutes sont réunies dans l'Udice, une association d'universités de recherche françaises formée le 1ᵉʳ octobre 2020.
 


 
 
Les cours en distanciel dans les universités et grandes écoles sont la règle depuis fin octobre avec le reconfinement.
Seuls les travaux pratiques et l'enseignement professionnel peuvent se faire en présentiel.

"Il faut cesser de stigmatiser nos étudiants"


Malgré cet appel lancé par l'Udice, le Premier ministre Jean Castex confirme ce jeudi 26 novembre lors de sa conférence de presse qu'il n'y aura pas de réouverture anticipée avant début février. Le Chef de l'Etat avait annoncé ce mardi que la reprise des cours aurait précisément lieu deux semaines après celle de tous les lycéens le 20 janvier, si l'évolution épidémique le permet.
 

D'un point de vue sanitaire, rien ne justifie cette différence de traitement. Si les lycées accueillent un nombre important de jeunes (...) chacune de nos universités qui, rappelons-le, sont multi-sites disposent de mètres carrés sans aucune mesure avec les lycées, y compris par étudiant. Il faut cesser de stigmatiser nos étudiants et nos établissements.

Udice



"Depuis des mois, des centaines de milliers d'étudiants (notamment celles et ceux arrivant du lycée), n'ont eu essentiellement que des contacts à distance avec leurs enseignants",  expliquent les présidents d'universités signataires. Et d'ajouter : 
 

Qui se rend compte que cette situation est une véritable bombe à retardement sociale et humaine ?


Ces universités s'inquiètent d'un risque de décrochage alors qu'un tiers des étudiants français se déclarent en détresse psychologique.
Christophe Tzourio, professeur d'épidémiologie et de neurologie à l'Université de Bordeaux, explique qu'actuellement  20 à 30 % des jeunes souffrent de symptômes dépressifs et que 15 % ont des pensées suicidaires fréquentes.
 

La raison de ces problèmes est socio-économique. La distanciation physique est un énorme problème chez les jeunes car cela fait partie de la construction de leur personnalité.

Christophe Tzourio

L'espace santé étudiant de l'université de Bordeaux propose d'ailleurs un accompagnement renforcé pour les jeunes qui se sentent en difficulté.
Les rendez-vous peuvent être pris à distance pour une consultation ou pour des ateliers sur la gestion du stress  par exemple, alors que la période des examens partiels approche.


A 22 ans, Bertille Brisset, est étudiante à Bordeaux. Elle vit mal cette situation de cours à distance depuis fin octobre ainsi que l'isolement social dû au reconfinement :
 

On est la première génération d'étudiants à vivre cloisonnés. Les cours sont en distanciel, les lieux où on se retrouvait sont fermés, on n'a plus aucun lien social

Bertille, 22 ans




 

 

Jean Castex annonce des aides supplémentaires pour les étudiants


L'exécutif se dit conscient de la réalité de la situation des jeunes et des étudiants, alors que les cours en présentiel ne reprendront que début fevrier.
Une situation qui pousse le Premier ministre à annoncer, lors de sa conférence de presse ce jeudi 26 novembre, une série de mesures pour accompagner cette génération.

Il annonce un doublement de la garantie jeune pour au moins 200 000 jeuenes.  
Cette garantie propose une allocation mensuelle d'un montant maximal de 484 euros et un accompagnement renforcé en mission locale pendant un an pour les 16-25ans qui n'ont ni emploi, ni étude, ni formation.

De son côté, la ministre du Travail Elisabeth Borne promet 500 euros pour les jeunes qui ne peuvent pas financer leurs études avec des petits boulots. Et 500 euros pour les jeunes loin de l'emploi qui rencontrent des difficultés sociales et personnelles.
 
L'université en quelques chiffres
L'université de Bordeaux c'est : 
  • 57 400 étudiants dont 50% en 2e et 3e cycles universitaires
  • 6 200 étudiants internationaux
  • 3 146 enseignants et chercheurs (université de Bordeaux et organismes de recherche)
  • 800 chercheurs internationaux
  • 135 associations étudiantes
  • 5 850 personnels, dont 3 146 enseignants-chercheurs et chercheurs et 2 704 personnels techniques et administratifs (BIATSS)
  • 624 M€ de budget patrimonial en 2020
  • 4 campus et 14 sites en Nouvelle-Aquitaine
A ces chiffres s'ajoutent les 18300 étudiants de l'université Michel de Montaigne.
 
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