Le tribunal judiciaire de Bordeaux a débouté lundi 12 décembre le CSE de l'usine de boîtes de vitesse de Blanquefort dans sa demande de report de la vente du site. Une décision qui va précipiter la fermeture du site selon la CGT Magna qui espère le soutien des politiques.
"C'est un nouveau coup de massue !" déplore la CGT Magna Bordeaux. Fin d'année morose pour les salariés. Le comité social et économique (CSE) a été débouté par la tribunal judiciaire de Bordeaux dans une ordonnance rendue hier lundi 12 décembre, qui demandait le report de la vente du site.
Besoin d'un nouveau projet industriel
Au 1er janvier 2023, l'ex-usine Getrag de Blanquefort va à nouveau changer de mains et devenir la propriété du fonds d'investissement allemand Mutares, dix-huit mois après son rachat par le Canadien Magna. Les syndicats auraient souhaité un report. Le tribunal de bordeaux a refusé leur requête. Pas une bonne nouvelle pour Vincent Teyssoneau, élu syndical CGT Magna qui avait demandé un report en espérant encore un "vrai" nouveau projet industriel pour sauver le site girondin.
On connaît les pratiques de Mutares. Les collègues sont conscients que c'est une alliance Ford-Magna-Mutares pour liquider notre entreprise et de permettre à Mutares qui est le grand gagnant de cette opération, de ponctionner légalement les caisses de notre petite pme.
Vincent Teyssoneau, délégué syndicale CGT MagnaFrance 3 Aquitaine
Le syndicaliste ne se fait plus trop d'illusion concernant l'avenir de l'usine de fabrication de boîtes de vitesse automatique pour le constructeur automobile américain Ford, qui est toujours le propriétaire du site, des murs de l'usine et le principal client.
"Ford a toujours une responsabilité avec Magna Powertrain Bordeaux qui nous abandonne à la société allemande Mutares. Ce sera la liquidation et la faillite dans les 18 mois. Seuls Ford et Magna qui sont des industriels, peuvent faire quelque chose", selon le syndicaliste.
"Le constructeur automobile américain Ford et l'équipementier international Magna condamnent volontairement notre usine à la liquidation".
Le tribunal judiciaire de Bordeaux a rejeté la demande du CSE d'avoir accès à des documents, notamment au business plan 2023/2027 du fonds d'investissement Mutares. Et a condamné aux dépens le comité soit à payer les frais de justice qui sont de 1000 euros.
"C'est toujours le petit CSE qui paye face à la grosse multinationale !", se désespère Vincent Teyssoneau.
Le CSE a jusqu'au 16 décembre pour rendre son avis sur le projet de vente de l'usine.
Fin 2024, ce sera fini pour nous si rien n'est fait. On a besoin que les politiques se bougent, le président de la région Nouvelle-Aquitaine et le ministre de l'économie.
Vincent Teyssoneau, délégué CGT MagnaFrance 3 Aquitaine web
Soutien politique
Les élus syndicaux de la petite usine de Blanquefort sont en contact avec le député communiste Fabien Roussel qui "doit relayer la situation des girondins lors d'une entrevue avec Bruno Lemaire, ministre de l'Économie, ce mardi 13 décembre".
"Nous avons aussi besoin qu'Alain Rousset se bouge car il a les moyens de faire pression sur Ford Europe", explique Vincent Teyssoneau. "Nous espérons toujours un nouveau projet mené par Ford et Magna"
L'usine Magna fabrique 1700 transmissions par jour. La production va passer à 1000 transmissions à partir du mois d'avril 2023, "il y a un risque de chômage technique" car "l'équipe de nuit va disparaître et les salariés concernés perdre la prime de 400 euros", selon la CGT Magna.
"Cela fera 300 salariés en sureffectif". Le syndicaliste s'inquiète aussi de la fin annoncée de la production des 600 boîtes de vitesse pour le modèle Fiesta dès l'été prochain. Idem pour la Focus. "Ford va électrifier tous ses véhicules, c'est pas bon pour nous !".
Cette usine emploie plus de 700 salariés. "64 salariés ont donné leur démission depuis le début de l'année".
"Ford se désengage de sa propre usine, la pénalisant de plusieurs dizaines de millions d'euros. Les frais centraux versés à Magna sont maintenus alors que jamais Magna n'a recherché de nouveaux projets pour notre usine.
Par ailleurs, de nouveaux frais centraux seront versés à Mutares, ainsi qu'un loyer de plusieurs millions d'euros au titre de la location de bâtiments appartenant pourtant à notre usine. Artifice légal permettant de remonter du cash, hors fiscalité" se lamente la CGT.