Les Cafés Joyeux offrent un avenir professionnel aux personnes atteintes de troubles cognitifs ou de handicap mental. Dix établissements ont été créés en France depuis cinq ans. Le tout dernier sera inauguré cette semaine sur les quais de Bordeaux.
Il a ouvert il y a quelques jours, en "soft opening" précise Anne, l'une des managers des lieux. "Il sera inauguré le 16 novembre. Pour l'instant, on commence doucement, on forme chaque équipier à tous les postes de service".
Ils sont neuf à avoir décroché un poste dans ce café restaurant pas comme les autres. Cinq sont novices, quatre travaillaient déjà rue Ste Colombe, la première enseigne bordelaise du groupe.
C'est le cas de Tristan, au service en terrasse ce matin. "Passez un joyeux moment !", lance-t-il à deux clients qu'il vient de servir.
Recruté il y a trois ans, ce jeune Bordelais en situation de handicap mental aide ici à former les nouveaux. "Je leur montre la plonge, où sont les affaires". Lui, a appris la polyvalence. "La caisse, la cuisine, l'accueil, j'aime tout faire" confie-t-il. "Avant, je restais à la maison, je jouais aux jeux vidéo. Je ne savais pas ce que c'était de travailler".
Ca a tout changé dans ma vie. Je suis fier de moi
Tristan - employé polyvalent Café Joyeux Bordeauxà France 3 Aquitaine
En cuisine, on croise Nicolas qui vient d'être embauché.
"J'ai envoyé mon CV, j'ai fait une journée d'immersion et j'ai été pris". C'est la première fois qu'il se retrouve salarié. "Il était temps. J'ai quand même 27 ans. Ça fait trois ans que je cherche un boulot, mais avec mon épilepsie, c'est compliqué. Je passais mon temps à mes entraînements de basket et de tennis en sport adapté et c'est tout".
Ca va me permettre de pouvoir vivre seul parce que pour l'instant je vis chez mes parents. C'est surtout pour ça que je voulais travailler
Nicolas - employé Café Joyeux Bordeauxà France 3 Aquitaine
Lancés en 2017, ces Cafés Joyeux font aujourd'hui travailler 118 équipiers en situation de handicap mental et cognitif. "Ce sont principalement des personnes atteintes de Trisomie 21 ou de troubles comme l'autisme" indique la direction du groupe. "Notre ambition est de rendre le handicap visible et de favoriser la rencontre, en proposant du travail, en milieu ordinaire, à des personnes éloignées de l’emploi".
L'objectif est d'être une entreprise la plus ordinaire possible et rentable. Les équipiers sont épaulés par des encadrants professionnels appelés "skippers". Ils seront quatre en permanence au sein de la nouvelle adresse bordelaise.
"On s'adapte en permanence selon les profils, selon leurs capacités, leurs difficultés, leurs fragilités. C'est ce qui rend notre quotidien tellement riche. On va chercher en nous des ressources incroyables, la patience. Ils sont tous très, très volontaires, ils sont surprenants" témoigne Maëlle, la responsable de la cuisine.
Même enthousiasme pour Anne qui a rejoint le groupe l'an dernier et dit ne plus vouloir le quitter. "Je suis ravie de travailler à leurs côtés. Ici, on les regarde, on leur sourit, on les reconnaît professionnellement. Ca leur donne confiance en eux et ça leur permet de créer des amitiés. Quand ils rentrent, ils ont des choses à raconter à leur famille.
En fait ils vivent normalement. C'est chouette
Anne - Manager Café Joyeux- Bordeauxà France 3 Aquitaine
700 000 personnes souffrent de troubles autistiques en France et 65 000 sont atteintes de Trisomie 21. Moins d'1% d'entre elles ont un emploi dans un milieu ordinaire.