C'est un immeuble neuf livré au printemps 2022 dans le nouveau quartier Euratlantique, près de la gare de Bordeaux. De nombreux occupants se plaignent de défauts de construction. Certains viennent de subir une fuite d'eau importante.
"Au départ, on nous a vendu du rêve et c'est devenu un cauchemar." Natacha Joly est fatiguée. Depuis une semaine, elle doit dormir dans son canapé, car une importante fuite d'eau, venue du plafond, est intervenue dans sa chambre qu'elle a dû quitter. Deux sceaux se remplissent petit à petit d'eau.
Le "cauchemar" a commencé en février dernier.
En revenant d'un week-end à l'extérieur, j'ai senti une forte odeur. J'ai alors découvert une grande trace de moisissure sur le mur derrière le meuble TV. Les traces se sont agrandies.
Natacha Joly, locataire
La locataire montre également une légère fissure au plafond dans la salle de bains et au-dessus d'un placard. Elle a dû à la hâte remettre plein d'affaires et de vêtements dans des cartons qui s'amoncellent dans son trois-pièces de 70 m².
Problème, l'immeuble Tribequa de neuf étages est tout neuf et a été livré au printemps 2022, sur la place d'Armagnac, au cœur du quartier Euratlantique, en pleine construction.
Natacha Joly s'est alors tournée vers son bailleur, le groupe Aquitanis qui a contacté le promoteur, le groupe BNP Paribas immobilier promotion. Contacté, le bailleur social indique que "huit logements ont des problématiques d'infiltrations d'eau depuis février." Après une première inspection le 14 avril, le promoteur a assuré le 25 avril à France 3 que "l'origine de la fuite a été détectée et sera traitée dans les meilleurs délais".
Dans un communiqué, Aquitanis précise : "Un nettoyage des murs présentant des moisissures va être proposé dans les huit appartements touchés par ce sinistre. L’Office public de l’habitat de Bordeaux Métropole va proposer un relogement à trois familles dont les logements ont été particulièrement impactés."
Sur son balcon, face au grand chantier d'un futur hôtel, Natacha Joly espère quitter au plus vite les lieux. Sur une autre partie de l'immeuble, d'autres occupants sont aussi dans les cartons. Ils n'ont pas subi de fuite d'eau, mais déplorent de nombreux soucis, d'eau, de chauffage cet hiver ou d'ascenseur en panne.
Eau coupée
C'est le cas de Nicolas Herbaut, installé là avec sa femme et ses deux enfants dans un duplex au dernier étage. "Nous avons acheté l'appartement et nous nous sommes engagés à rester dix ans", dit-il. Le président du conseil syndical déplore par exemple des coupures d'eau. "Il y en a eu à deux reprises la semaine dernière qui ont touché le quartier de Belcier. Une famille n'a pas eu d'eau chaude pendant une semaine, indique-t-il. Depuis un an, on a une répétition de dysfonctionnements qui deviennent usants à force. Pris indépendamment, ce sont des problèmes qui ont lieu dans toutes les copropriétés. Mais là, cela se répète".
À côté de ces problèmes, Nicolas Herbaut témoigne de très nombreux défauts après la livraison de l'appartement. "Il y a une liste de 70 soucis. Un tiers a déjà été réparé, mais ça dure. Cette semaine, on refait du carrelage, des plinthes non conformes à ce qui avait été prévu." Le propriétaire a décidé de prendre un avocat et d'aller en justice pour prolonger le délai de garantie de la construction.
Démarré en 2010, le projet d'aménagement Euratlantique est l'un des plus gros chantiers de la métropole, voire de France. 20 000 nouveaux logements doivent être construits jusqu'en 2030 et du retard a été pris logiquement avec la crise sanitaire.
"Il ne faut pas oublier que la construction de l'immeuble a eu lieu pendant le Covid. Au final, il y a eu des raccourcis. Le hall d'entrée a été terminé deux mois après notre installation par exemple. Je pense que certains sous-traitants n'ont pas été trop regardants sur la qualité du chantier", explique Nicolas Herbaut.
Si des habitants parlent de trop nombreuses "malfaçons", le promoteur immobilier récuse ce terme.
Il n'y a pas de malfaçons dans cet immeuble. Ce sont des désordres. 90 % des problèmes, des levées de réserve ont été réglés.
Direction BNP Paribas immobilier Bordeaux
Jeudi 27 avril, les propriétaires de 78 appartements sont conviés à une assemblée générale. Ils vont discuter de la possibilité d'assigner le promoteur en justice pour prolonger là aussi les garanties de construction.