Vidéosurveillance, citoyens référents... Ces petites communes rurales qui prennent en main leur sécurité

Face aux actes d'incivilité ou aux cambriolages, les municipalités rurales se trouvent isolées. En attendant les nouvelles brigades promises par le gouvernement, elles se dotent de moyens humains et techniques à leur mesure.

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"Ce quartier-là, ça fait 40 ans que je suis là, ça n'a jamais été comme ça !" À Saint-Paul les Dax dans le quartier de la Pince ce 17 novembre, les habitants n'en peuvent plus. Quelques jours plus tôt, un résident du quartier a perdu son sang-froid et sorti le fusil de chasse.

Depuis quelques semaines, les incidents se multiplient dans le quartier de cette commune de 13 000 habitants. Une dizaine de jeunes, mineurs pour la plupart, sèment le trouble dans le voisinage, à coups d’incendies volontaires, ou de jets de pierres. Beaucoup, et notamment des personnes âgées, font un détour, à pied ou en voiture, pour ne plus traverser le quartier. Les chauffeurs de bus sont régulièrement pris pour cible. Ils ont même suspendu sa desserte pendant plusieurs jours...

Du côté de la municipalité, le problème est connu depuis plusieurs années. Le maire, Julien Bazus,  assure faire le nécessaire pour endiguer ce sentiment d’insécurité. "Depuis 2020, nous faisons des expulsions avec le bailleur social pour des gens, une poignée d'individus, qui polluent la vie du quartier". La semaine dernière, trois jeunes ont été placés en garde à vue et devraient bientôt comparaître devant un tribunal.

Pour cette commune de la banlieue de Dax, il s'agit de trouver des solutions rapidement pour rassurer ses administrés et prévenir d'autres incivilités : des caméras de vidéosurveillance pourraient être déployées dans le quartier début 2024.

Le choix des caméras

À Sarbazan dans les Landes, c'est décidé. Après une série de vols et autres incivilités, la commune va s'équiper d'un système de 14 caméras de vidéo surveillance qui permettra dans le même temps de sécuriser ses administrés. 

Pour le maire Philippe Lamarque, conseiller municipal depuis 1995 et maire depuis 2014, ce phénomène ne fait que s'amplifier, notamment à l'encontre des services municipaux : des cambriolages au service technique, des véhicules volés deux années de suite. Et puis le week-end, de la casse dans les rues, sur les voitures, le mobilier urbain ou routier. Il a fait le compte : un préjudice de 90 000 euros.

Il craint également "la violence gratuite", exercée contre des biens, mais aussi potentiellement sur les personnes. C'est pourquoi ces caméras, douze nouvelles venant s'ajouter à deux préexistantes, seront implantées de façon à couvrir plusieurs secteurs publics : la mairie, les locaux techniques, le groupe scolaire, les aires de jeux ou encore la salle des fêtes.

Un dispositif à 30 000 euros

L'investissement est conséquent pour une commune de 1 185 habitants. "C'est dommage d'en arriver là", déplore le maire. Mais pour lui, c'est la seule solution: "on n'a pas de police municipale,  qui nous coûterait plus cher". D'après une étude, le dispositif reviendrait à 30 000 euros. Grâce à des subventions de l'Etat et la communauté de communes, le reste à charge s'élèverait à 7 000 euros pour la commune. 

Outre la position et direction des caméras, la ville a des obligations en matière de vidéoprotection. L'autorisation préfectorale est accordée pour cinq ans renouvelables, le maire doit se porter garant des personnes susceptibles de consulter les vidéos. Ici, c'est la gendarmerie de Roquefort qui est compétente. Les enregistrements doivent être détruits dans un délai de 30 jours.

Le cadre légal

D'après le site de la CNIL, des caméras peuvent être installées sur la voie publique "pour prévenir des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agression, de vol ou de trafic de stupéfiants, des actes de terrorisme". Seules les autorités publiques, les mairies notamment, peuvent filmer la voie publique. Les particuliers ne peuvent filmer que l’intérieur de leur propriété. 

Des "référents citoyens"

À Martignas-sur-Jalles, en Gironde, qui compte un peu plus de 7 700 habitants, on a opté pour le facteur humain. Après avoir renforcé les effectifs de la police municipale, après avoir installé neuf caméras de télésurveillance, on va désormais s'associer l'aide des habitants patentés.

Il s'agit de lutter contre les cambriolages en augmentation, une quarantaine l'an dernier, notamment grâce à la vigilance de "référents citoyens", à savoir des volontaires à qui on a fait appel parmi les habitants de la commune. 

Pour cela, Martignas-sur-Jalle a signé un partenariat avec la préfecture de la Gironde et la gendarmerie nationale. Des personnes sont choisies parmi des habitants volontaires pour intégrer cette équipe de référents formés par les militaires. Après une formation dispensée par la gendarmerie, ils deviennent  des sentinelles, assurant une surveillance de leur quartier afin de prévenir les forces de l'ordre en cas de besoin. Mais, en aucun cas, ils ne pourront intervenir directement et ne seront pas non plus détenteurs d'armes quelles qu'elles soient. La mission est bénévole.
"Ces référents ont la tâche cruciale de relayer les alertes à la gendarmerie, favorisant ainsi une
communication fluide et efficace entre les citoyens et les autorités compétentes", détaille la municipalité dans son bulletin. 

Pour le Commandant Renoult c'est un véritable partenariat qui s'inscrit dans une démarche nationale appelée "participation citoyenne", un lien entre "les élus, la population, la police municipale et les force de l'ordre". Mais il précise qu'il ne s'agit pas seulement de prévenir des cambriolages, de signaler des comportements, des mouvements inhabituels. Le Commandant Renoult insiste, "au-delà de l'aspect sécuritaire", il 'sagit également de créer "du lien social " dans les quartiers pour plus de civisme et de solidarité, "permettrent de remonter des informations", de l'entraide pour des personnes dans le besoin également.

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