Malade du Covid dès le mois de mars 2020, Daniel Birfet a dû, après de longs mois de réanimation, réapprendre à parler, manger, et marcher. Aujourd'hui remis, il revient sur cette période douloureuse pour lui et ses proches, et entend bien profiter des "choses simples" de la vie.
Dans sa buanderie, un fauteuil roulant et des stabilisateurs. Des vestiges, encore visibles, de sa vie de malade côtoient un VTT. "Mon ambition, c'est de retrouver mon vélo. J'ai essayé, je l'ai déjà enfourché, mais je n'ai pas encore mis les pieds sur les pédales, je ne tiendrai pas", assure-t-il.
Six semaines de coma
Il faut dire que Daniel Birfet revient de loin. A 76 ans, l'athlétique libournais, ingénieur électricien à la retraite, est un survivant du Covid-19. C'est au début de l'épidémie, le 24 mars 2020, qu'il est admis à l'hôpital de Libourne. Suivront six semaines de coma, la réanimation dont il ne sortira que quatre mois plus tard, et une très longue rééducation.
En août 2020, alors qu'il était toujours hospitalisé pour sa rééducation, une équipe de France 3 Aquitaine l'avait rencontré. Il se battait pour réapprendre à marcher et espérait rentrer à son domicile en octobre.
"Intellectuellement, le Covid m'a laissé indemne"
Un an après avoir déclaré la maladie, c'est chez lui, aux côtés de sa compagne, que Daniel Birfet a retrouvé les journalistes de France 3. L'homme alerte qui évolue dans son salon est loin de celui qui, il y a quelques mois encore, ne se déplaçait qu'en fauteuil roulant.
"Finalement, je m'en sors très très bien. (…) Intellectuellement, le Covid m'a laissé indemne", se réjouit-il dans un grand sourire. Les légères séquelles laissées par la maladie, et notamment la perte de muscles liée à son long alitement, ne semblent pas mettre à mal son éternel optimisme.
" Je n'ai pas encore récupéré la force de mes mains, ce qui pour jouer de la guitare est assez gênant. Je marche encore avec un peu de difficultés, mais de moins en moins", assure le septuagénaire qui explique "avoir toujours pensé qu'il se remettrait intégralement"
Maintenant, je sais que je ne retrouverai pas l'état initial : j'ai un an de plus, j'ai des petits problèmes de muscles releveurs qui ne veulent pas se régler, je suis plus fatigable que je ne l'étais… je n'entreprendrai pas toutes les choses que je faisais avant. Mais ça ne me gêne pas du tout.
Daniel, grand amateur de musique manouche, se réjouit à chacun de ses progrès, qu'il énumère. "Maintenant, je peux monter sur la pointe des pieds. Et quand je marche, je ne mets plus mes chaussures orthopédiques, je peux donc marcher en silence. Quand je joue de la musique avec mon copain accordéoniste de 92 ans, ça commence à revenir !"
Une renaissance
Sa compagne, Monique Nanot, l'a accompagné pendant toute la maladie. Elle ne cache pas son soulagement en le regardant évoluer. " Il a du tout réapprendre. A parler, à boire, à manger, à marcher… c'est une renaissance".
"Vivre ça au quotidien, c'était très lourd à porter, se souvient-elle. La période de réanimation était insupportable. On attend toujours qu'on vous dise que ça va aller mieux. Mais un jour, on nous donnait de l'espoir, et le lendemain, ça n'allait plus".
Elle aussi veut désormais se tourner vers l'avenir. "Toute cette mauvaise période, je veux la mettre derrière moi. Je ne vois pas l'intérêt de ressasser ce que j'ai ressenti : je n'avais jamais vécu une douleur aussi intense, sans en connaître l'issue. Maintenant, on va de l'avant et la vie est belle".
Une vision partagée par son compagnon, qui entend bien profiter des années à venir. Avec deux objectifs : se rapprocher de ses enfants et petits-enfants et poursuivre la guitare. "Sport, musique et bonne bouffe, je suis dans les choses simples !", conclut-il dans un éclat de rire.
Voir le reportage de France 3 Aquitaine