Crise des urgences : la colère des maires du Sud-Gironde après l'annonce d'un accueil dégradé durant l'été

Les maires de Langon, La Réole et Toulenne se sentent dépourvus et abandonnés. Ils dénoncent "le mépris" de l'agence régionale de santé qui n'a pas cru bon de consulter, ni d'associer les élus locaux pour l'accueil dégradé aux urgences cet été à l'Hôpital du Sud-Gironde.

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Trois élus ont réagit dans le sud-Gironde, mais ils pourraient être plus nombreux à contester la façon de faire de l'agence régionale de santé ( ARS).

Le maire de Langon, Bruno Marty explique le contexte. "Nous faisons partie du conseil de surveillance", un rôle qui n'est pas que consultatif. Et c'est à cette occasion, ce 29 juin, que l'Agence régionale de Santé leur apprend la réorganisation des services d'urgences pour l'été avec une priorisation des services d'urgence vitale.

"Ce qu'on dénonce, c'est la façon de faire: un communiqué avait été envoyé la veille à la presse sans concertation avec les élus locaux (...) La première chose qu'on dénonce, c'est de ne pas avoir été associés à cette réflexion".
Car les urgentistes, eux-mêmes étaient, selon lui, tenus à cette retenue d'informations, alors que ces mêmes professionnels de l'urgence auraient manifesté leur volonté de collaborer avec les élus. C'est pourquoi, dans un premier temps, les trois élus ont souhaité marquer le coup en quittant la réunion jeudi.

Dans un communiqué, Jérôme Guillem, Bruno Marty et Christian Daire, maires de Langon, La Réole et Toulenne, ont fait connaître leur mécontentement.

"Cette attitude de l’Agence Régionale de Santé est purement inacceptable. Elle témoigne d’un mépris profond des élus locaux, réduits à entériner les décisions de représentants de l’Etat qui, pourtant, nous ont appelés à leur secours tout au long de la pandémie".
Ils refusent cette démarche de "faire porter aux élus locaux la responsabilité d’annoncer aux populations des mesures à la définition desquelles ils n’ont pas été associés".

Même si par ailleurs ils ont tous trois conscience que "la baisse des effectifs, l’hémorragie des départs par découragement, la perspective des congés, nécessitent sans aucun doute que des solutions soient mises en œuvre". Mais dans un même élan entre les soignants, les élus et les services de l'Etat. 

"On est dans le flou le plus complet !"

Un mépris qui a du mal à passer pour ces élus locaux qui, Bruno Marty le rappelle, "ont montré leurs capacités à réagir notamment pendant la crise du Covid (...), la mise en place des centres de vaccination. On a toujours travaillé en partenariat avec les acteurs de la santé. Force est de constater que l'ARS et l'Etat se détournent des élus locaux".

"On aurait pu travailler avec les médecins urgentistes pour demander des choses différentes, travailler aussi avec nos médecins locaux, qu'on connaît, avec qui on a l'habitude de travailler notamment depuis le Covid".

Au-delà de la posture, ces élus reprochent à l'institution sanitaire de ne pas avoir de plan B. Cette réorganisation permet d'interdire ou limiter l'accès aux services d'urgence, sans pour autant donner de solutions alternatives. "Aujourd'hui, ce qu'on sait, c'est la mise en place à tout moment, à partir du 30 juin, on sait pas quand ni comment, d'un service dégradé à partir de minuit."

"Quand on est maire, on est souvent sollicité notamment la nuit par les services du SDIS, les pompiers et les urgences. Aujourd'hui, nous élus locaux, on ne sait pas quoi répondre à notre population. Comment seront pris en charge des patients? Quels rôles vont jouer les médecins généralistes ? On est dans le flou le plus complet !"

On se sent dépourvus, complètement abandonnés !

Bruno, Marty, maire de La Réole

France 3 Aquitaine

"L'ARS dit "Appelez le 15. Il y a un service de régulation". Mais il explique qu'il y a "déjà beaucoup d'attente et que même le service du 15 risque d'être débordé !" Il a aussi "beaucoup d'interventions à caractère social."  Selon lui, c'est comme si on disait aux élus "essayez de dissuader votre population de venir aux urgences. On compte sur vous!"

Des urgentistes sonnent l'alarme. On ne sait pas si on n'aura pas des morts parce qu'on n'aura pas su prendre en charge des patients.

Bruno Marty, Maire de la Réole

France 3 Aquitaine

Pour Bruno Marty, c'est un mépris des territoires ruraux : "autant sur la métropole bordelaise, on a des services tels que SOS médecins. Mais sur nos communes rurales, on a du mal à avoir des médecins, malgré une maison de santé aujourd'hui aussi en souffrance car elle du mal à répondre à tous ces patients. On se sent dépourvus, complètement abandonnés !"

Les urgences dans le rouge

Il faut dire que cette crise concerne tous les services d'urgences en France. Elle était même préexistante à la crise sanitaire mais le manque d'effectifs, le besoin de repos et le départ de certains personnels a participé à cet état de fait qui risque d'atteindre son paroxysme durant l'été. En espérant que de nouveaux variants covid ne viennent pas s'ajouter à ce sombre tableau.

Ce 30 juin, le rapport de la "mission flash", dirigée par le Dr François Braun sur les soins non programmés, a été remis à la Première Ministre Elisabeth Borne. 41 propositions pour surmonter un été "à haut risque" dans les services d'urgences, selon le projet de rapport que l'AFP s'est procuré.

Pour sauver ce qui peut l'être, la "mission flash" préconise de "réguler les admissions", soit avec un "triage paramédical à l'entrée" des urgences, soit par une "régulation médicale préalable systématique" par le standard téléphonique du Samu. Le rapport suggère même de limiter par endroits l'accès aux seules "urgence vitales", en particulier la nuit, cette "suspension d'activité partielle" devant permettre de "mutualiser les moyens de plusieurs services sur un seul site".

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