Décédée le 20 septembre, Chantal avait pour ultime volonté d'être enterrée avec ses chiens dans le cimetière pour animaux de Cadaujac, en Gironde. La société gérante du cimetière refuse. Deux autres propriétaires de concession se mobilisent pour lever l'interdiction.
Propriétaire de deux concessions à perpétuité dans le cimetière pour animaux de Cadaujac en Gironde, Chantal a souhaité reposer en compagnie de ses chiens qu’elle chérissait plus que tout au monde. « Chaque fois que j’en perds un, je suis inconsolable. Ils ne sont pas oubliés, ce sont des membres de la famille. Je veux me faire enterrer avec eux » avait-elle confié devant la tombe de ses compagnons en 2018.
Elle avait donc pris toutes les dispositions nécessaires afin de réaliser sa dernière volonté. Lundi 20 septembre, elle décède, mais sa volonté risque de ne pas être respectée. il y a un an, la société parisienne Seleste, spécialisée dans le funéraire, a racheté le cimetière animalier de Cadaujac. Elle nous assure par la voix de sa directrice de communication Isabelle Dubois Costes que la préfecture refuse de délivrer des dérogations d'inhumation, en vertu de la loi concernant les cendres humaines. " On ne s'affranchit pas de la loi" précise Isabelle Dubois Costes. "La précédente propriétaire a fait croire aux personnes qu'elles pouvaient se faire inhumer" regrette-elle. D'après la directrice de communication de Seleste, "quelques inhumations ont eu lieu à l'époque de la précédente propriétaire... Il a fallu enlever les urnes, une poignée" déplore-t-elle.
Le Pôle Funéraire de la préfecture de la Gironde, questionné par l'entreprise, est clair : "un cimetière animalier ne constituant pas un cimetière au sens de l'article L.2223-1 du Code général des collectivités territoriales, une urne contenant les cendres d'une personne décédée ne peut pas être inhumée aux côtés de son animal de compagnie dans un tel cimetière. L'inhumation d'une urne ou d'un corps dans un cimetière animalier est donc bien strictement interdite."
Deux autres usagers du cimetière, ont bien l’intention de mener le combat jusqu’au bout pour voir Chantal reposer avec ses animaux. « Que va-t-on faire de ses cendres ? Les gens pensent ceux qu’ils veulent pour les animaux, mais pour un humain, on ne peut pas avoir la paix même après la mort ? » s’attriste Maryse Boudy, elle aussi propriétaire d’une concession dans le cimetière.
On ne peut pas avoir la paix, même après la mort !
De son côté, Sophie Llado s’indigne « elle a payé, elle a tout financé et s’est privée toute sa vie, ce n’est pas normal qu’on ait toutes ces procédures à faire ». Elle ne voit pas quel problème se pose « ce ne sont que des cendres que l’on veut déposer dans la tombe de l’animal. »
Sophie Llado et Maryse Boudy ont déjà assigné en justice la société propriétaire du cimetière en raison de travaux de grande ampleur entrepris dans le petit cimetière en dépit parfois du respect des tombes.
Les pompes funèbres en charge de l’exécution des volontés de la défunte sont en pourparlers avec les autorités. Le dossier a été confié au mandataire de service. En attendant son incinération lundi, le corps de Chantal repose à l’hôpital Sud Gironde de Langon.