Une route faite à 97% de matériaux recyclés, c'est la première portion d'autoroute "économie circulaire" a été présentée mardi en Gironde, où le fort trafic du nord de Bordeaux emprunte désormais un petit bout d'A10 qui préfigure peut-être les "Routes du futur".
C'est un tronçon d'un kilomètre, à hauteur de Saint-Aubin-de-Blaye en Gironde, qui a été achevé lors du chantier de réfection de 40 km de l'axe par Eurovia, filiale de Vinci en partenariat avec Fayat.
Visuellement, le revêtement ressemble à n'importe quel autre et rouler dessus n'engendre aucune sensation particulière.
Plus de 97% de matériau recyclé
L'innovation vient de "l'enrobé bitumineux" (le mélange de gravier, de sable et de liant) qui revêt les chaussées, composé à plus de 97% à 98% d'agrégats provenant de la déconstruction de routes, contre 18% en moyenne pour les routes réalisées ou rénovées en France, jusqu'à 50% sur certains chantiers.
La "100% recyclée" (ou quasi, car quelques pourcentages d'additifs sont encore incontournables), présente des avantages "durables" multiples, a expliqué le directeur général d'Eurovia France, Jean-Pierre Paseri.
Des économies de transports et d'énergies
Cela permet d'éviter l'utilisation de granulats vierges (extraits de carrières), et fait réaliser de considérables économies de transports.
Les 3.000 tonnes de matériaux recyclé utilisées sur ce km ont permis d'éviter 20 allers-retours de 300 km à des camions, selon Eurovia.
Une usine mobile "nouvelle génération"
La clef est la réalisation d'une usine mobile -donc transportable tout près de l'axe routier à rénover- capable de réaliser des enrobés jusqu'à 100% de recyclés, là où ce pourcentage ne pouvait être atteint que par de grosses unités fixes, donc distantes.
Cette usine mobile "nouvelle génération" permet en outre de réduire de 20 à 50% les consommations d'énergie, émission de gaz à effet de serre et composés organiques volatiles.
Plus d'un quart du projet financé par l'Ademe
"Nos matières premières de demain sont dans nos produits d'aujourd'hui", a indiqué Lionel Poitevin, directeur Nouvelle-Aquitaine de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), l'opérateur public qui accompagne le projet.
Le coût global du projet est de cinq millions d'euros, dont 1,4 M venant de l'Ademe sous forme de subventions ou avances remboursables.